Les anglais d’Amplifier abandonnent les mers et son Octopus pour revenir à un album pas très pied à terre Echo Street . Beaucoup plus « pop » & Blur que le rock psyché que le groupe avait l’habitude de nous offrir, cet album aurait pu être un nouveau délire de Damon Albarn ou de Deftones, mais les petits gars de Manchester ont décidé sur ce coup là de leur voler la vedette. Malgré des sons plus mainstream, Amplifier garde sa recette : plongé son auditeur dans un rêve décadent sur fond d’une musique psychédélique totalement barrée.
Echo Street concentre en huit titres l’atmosphère si mystérieuse et pesante d’une ville ouvrière qui a connu la gloire puis la déchéance. Nous pourrions être sous la pluie grise de Manchester à fouler le bitume de nos pieds fatigués, les mains calleuses tenant tout ce qui nous reste entre les mains, une photo, un souvenir, une pièce de monnaie… Une ambiance lourde et pesante enrobe des riffs piqués. Amplifier nous fait tenir cette longue marche à travers des rues délabrées, gorgées de d’affiches dévorées par la pluie et souillées par les graffitis, sur le son de « Matmos », « The Wheel » et « Extra Vehicular ».
Pendant de longues minutes, nous traversons les rues d’une Angleterre abandonnée pour nous retrouver soudainement sur le large des côtes de la Manche. Et voyager avec Amplifier pour rejoindre l’autre côté de la mer, c’est bien plus plaisant que les sièges de l’Eurostar. Le titre « Where the River Goes » nous envoient flotter dans les airs par les envolées lyriques des chœurs, une guitare légère et une batterie subtile. Nous retrouvons « Paris in the Spring », qui comme la météo de la capitale à cette saison n’est pas au top malgré quelques éclaircies. Nous tombons ensuite littéralement dans un délire hippie avec « Between Today and Yesterday » largement inspiré par la discographie de John Lennon (d’ailleurs qu’est ce qu’il fout dans mon rêve lui avec sa toge blanche et ses fleurs dans les cheveux ?).
Soudain, Amplifier aspire le dernier riff et nous renvoient dans une spirale mystique avec « Echo Street », un tournoiement infini de guitares et de voix en canon à nous étourdir. Le trip s’arrête sur « Mary Rose ». Les cris des goélands en intro ne nous rassure pas sur ce qu’est advenu notre santé mentale, ni la voix si dérangeante de Sel, ni les tams tams. Il faut encore se lever, rester concentré et écouté. Amplifier achève son album par une ballade californienne type Incubus avec toute la retenue du charme anglais (le surf à Cardiff ça fait quand même beaucoup plus classe qu’à L.A). A la toute dernière note, les jambes se dérobent et nous tombons à genoux, éprouvés par le réveil d’un délire mystique.
Echo Street , le quatrième album d’Amplifier est une aliénation floydienne sous les divagations d’un baudelairien dans l’âme. Si en une seule lecture, vous venez de comprendre ce que je viens de vous dire, cet album est fait pour vous.
. :Tracklist :.
1. Matmos
2. The Wheel
3. Extra Vehicular
4. Where The River Goes
5. Paris In The Spring
6. Between Today and Yesterday
7. Echo Street
8. Mary Rose