Travelling Without Moving, premier album d’Uzul Prod, est un disque qui se visite, un véritable carnet de voyage sonore. C’est aussi une rencontre entre plusieurs styles, une confrontation entre le dub et le trip-hop, les machines et les musiques dites « traditionnelles ». A l’origine du projet, Stéphane (alias Uzul), homme-machine de Kaly Live Dub et du collectif Hybrid Sound System, qui décide de laisser libre court à ses inspirations évasives et à ses expérimentations nouvelles. Pour y parvenir, il s’accompagne de Tit’o (Picore) à la guitare et à la voix et de NicoTico (XLR Project, Hybrid Sound System) à la création vidéo. A ce trio charismatique viennent également s’ajouter d’autres contributions : la chanteuse russe Dasha, MC Razamike, la formation dub Sopot, MC Carbon Copies et le violoniste Vinchenzo. Travelling Without Moving est donc une aventure à la fois artistique et humaine, une collaboration entre plusieurs musiciens de talent.
Neuf titres, neuf villes et plusieurs façons de voir le monde : le concept de l’album est définitivement régi sous les thèmes du voyage et de l’évasion. La découverte commence avec « Mostar » et son atmosphère dense et mystérieuse, ses rythmes lourds et lancinants mêlés à des arrangements sonores d’une grande beauté. Cette première escale se fait hypnotique et maintient notre écoute captive pour le reste du voyage. L’envol se poursuit avec le dub sombre et grave de « Bucarest » et sa voix possédée, avant de passer par le calme et la plénitude d’un « Belfast » très organique. On se laisse ensuite porter vers le sublime « Benares », dont les sonorités indiennes et le chant rêveur sont contrebalancées par des rythmiques drum’n’bass prenantes et percutantes.
Une rupture se marque après les quatre premiers titres du disque, comme un atterrissage forcé. L’écoute quitte désormais les paysages enchanteurs des premières villes pour rejoindre des horizons où la désolation semble régner. L’expédition débute dans un « Saïgon » dévasté et inquiétant, où l’hostilité est de mise, avant de continuer vers un « Ketama » aux guitares indus et à l’atmosphère tourmentée. Le ton est donné. On ne s’étonne donc pas de parcourir un « London » gris et oppressant qui ne nous inspire qu’une chose : s’enfuir. Ce n’est pourtant pas à « Moscou » qu’on trouvera refuge, ni même à « Bagdad ». En effet, la tension dans les deux capitales est omniprésente, les beats se font rêches et les chants deviennent de véritables plaintes. Fin du voyage.
Mélange des genres, maîtrise de la production et inspirations abouties sont les éléments qui font qu’à travers Travelling Without Moving, Uzul Prod réussit à peindre un tableau du monde aux couleurs polychromes et aux reflets réalistes. Plus besoin de se déplacer : le voyage peut se faire du fond du canapé.
.: Tracklist :.
1. Mostar
2. Bucarest
3. Belfast
4. Benares
5. Saigon
6. Ketama
7. London
8. Moscou
9. Bagdad