Contrairement à une idée très répandue, il n'y a pas qu'à Nantes qu'on trouve de bons groupes punks. Presque, peut-être.. Mais on peut aussi en repérer un peu dans les environs de Nancy par exemple, ou plus étonnant à Beaucouzé. (Paris est un cas à part, bien évidemment.) Quelques amateurs de football ont peut-être reconnu la ville du club de coeur de Steve Savidan, malheureux nouveau-retraité, soit la banlieue angevine. Wank For Peace entame de son côté l'année 2010 en jeune promu et avec un nouvel EP à défendre : Making Onanism The Key….
La première bonne nouvelle est le son. Celui qui sort est clair, précis. Cela fuse dans les oreilles, ce qui n'est pas toujours gagné sur un EP du genre. La seconde, c'est dans la structure des morceaux où les beaucouzéens utilisent une formule simple mais qui fait mouche. Ils montrent en particulier leur maîtrise du pont. Loin de ce qui arrive parfois, à savoir un pont « pour faire joli » ou pour rallonger artificiellement un morceau, il s'agit bien ici de moments qui permettent de faire mieux repartir le morceau. L'exemple le plus cinglant en est la répétition impeccable du riff, plusieurs fois d'affilée, sur « Chinchilla Tweak Killah ».
Quant aux paroles, elles jonglent entre entre les degrés avec une malice certaine et rarement dissimulé : « The more you drink, the better we sound ». Le troisième titre annonce de cette façon la couleur : les clichés sont réutilisés pour mieux les modifier. Leur son est en quelque sorte une chimère où l'on démêle mal le vrai du faux, à savoir le « jemenfoutisme » (apparent) et le sérieux. Dans ce sillage, Wank For Peace peut se féliciter d'avoir pratiquement trouver leur son propre. Si les influences sont ainsi évidentes au départ, elles ne sont plus là qu'en filigrane au final. Ils arrivent à se détacher notamment d'un trop plein de punk à l'américaine.
Par contre, le choix de l'interlude choque un peu dans un premier temps. D'autant plus qu'il fait suite au titre le plus impeccable de Making Onanism The Key… et décidemment son centre de gravité, le troisième : 36 secondes de haut vol, aucune fioriture, aucun élément disgracieux. Tout n'a le droit qu'à une apparition unique : un riff de départ, un couplet, un refrain-slogan, une fin. Et c'est là que Wank For Peace donne sa claque. Tout paraît alors un peu cassé par l'ovni -en comparaison- de l'interlude. On respire au moment où on était prêt à se laisser étouffer. Forcément, ça étonne, ça interroge : ce qui était probablement le but de la manoeuvre.
Toutefois et heureusement, cela redémarre à nouveau plutôt bien par la suite. On revient aux même fondamentaux. Le tempo donné jusqu'ici est de retour. Mieux encore, une nouvelle facette du jeu du groupe apparaît -enfin ! : les échanges, façon question-réponse, entre chant « normal » et chant rappé. Si le morceau n'est pas incroyable pour autant, même un peu moins enthousiasmant que les autres, cette « surprise » tombe à point nommé pour, à l'instar des prestations scéniques, donner l'impression d'une constante montée en puissance sur les six titres.
Sauf qu'à l'inverse d'une set-list qui permet de faire monter la sauce avec une parfaite efficacité dans la durée , l'EP se révèle quand même trop court pour fournir ce plaisir. On est sous les neufs minutes mine de rien. Alors un album de 15 titres, pour atteindre les vingts minutes, serait le bienvenu. Ne serait-ce que par gourmandise. C'est plutôt histoire de dire que ces wankers devraient travailler plus pour en faire écouter plus. Toujours et encore plus.
.: Tracklist :.
01. Supermarket Trafic Jam
02. Chinchilla Tweak Killah
03. The More You Drink, The Better We Sound
04. Interlude (by PieR)
05. Erection By Definition
06. Go Get A Face You Puked All Night Long