Un disque de Tracy Gang Pussy est toujours un disque attendu. En effet, la formation parisienne demeure aujourd'hui solidement fixée sur le devant de la scène rock hexagonale sans avoir eu à amorcer d'irraisonnables stratégies marketing. Pour ce quatrième opus astucieusement intitulé NUMBER4, les parisiens se sont entourés de François Caste (Aqme, The Arrs…) à la production et nous livrent une galette chargée en Punk Rock mélodique, un genre qui les caractérise depuis leurs débuts en 2002 et les singularise quelque peu puisque ce concept n'est pas toujours très bien exploité à l'intérieur de nos frontières.
Le disque débute tambour battant et sans prélude sur l'incisif « I Got to Move on to be free » qui reprend viruleusement tous les ingrédients du genre : chant quelque peu nasillard, slogans fédérateurs et cette sensation d'urgence dans l'expédition du morceau qui caractérise la musique des quatre parisiens et plus généralement ce style musical. Un bon morceau certes mais qui pêche quelque peu par manque d'intensité et de profondeur. On lui préférera le bouillonnant «Teenage Years», tout aussi vite expédié et furieux mais véritable supplice pour la nuque tant il vous donne envie de bouger la tête !
Une des principales reflexions avant la sortie de ce quatrième disque consistait à s'interroger sur la capacité du combo à réïtérer son savoir faire en matière de mélodies addictives ! La troisième piste du disque n'allait pas tarder à nous proposer un début de réponse avec le tubesque et excellent « Miss Negativity », ses couplets presque délicats et son plaisant refrain. Coup de coeur pour les morceaux « I Have a Wish », dont on louera, cette fois, l'intensité mélodique du refrain et la puissance développée lors des passages au scream, et « No Escape » au ton soucieux, presque angoissé, mais aux guitares chantantes et profondes, évoquant irrémédiablement les californiens de Tiger Army. La dernière piste du disque « I Don't Believe in Happiness Anymore » séduit par son entrée en matière très douce et achève de donner à cet opus une couleur plus sombre, presque désabusée.
Cette galette se veut incontestablement cohérente grâce à son assemblage très astucieux entre morceaux véloces et fédérateurs et chansons plus intenses. Cela dit, cette cohérence peut très vite devenir un inconvénient tant elle tend presque à l'uniformité. Autrement dit : NUMBER4 manque un peu de relief, de surprise, de rebondissement, si bien que certains bons morceaux, « Wide open to the world » ou « Let's burn the city down in Flames », peinent à être dissociés ou mis en valeur, devenant de prime abord lassants puis indigestes après un certain nombre d'écoutes. Et c'est ici la principale faiblesse de ce disque, faiblesse qui n'enlève en rien les qualités de celui-ci mais qui malheureusement atténue un peu le plaisir général d'écoute.
Bien entendu, il n'est absolument pas question de mettre en doute le potentiel des quatre musiciens de Tracy Gang Pussy : après quatre albums, sept ans de carrière et une flopée de dates auprès d'artistes de tous horizons et de renommée internationale, de Afi à New Found Glory en passant par Millencolin, The Exploited et Funeral For A Friend, le combo demeure aussi vivant et actif qu'à l'accoutumée. Mais ce quatrième opus, aussi cohérent et homogène soit-il, tantôt mélodique, furieux, peine à nous rassasier complètement, nous abandonnant à ce petit goût d'inachevé et à une certaine impatience précoce, mais avérée d'un retour aux armes de la formation (qui se fera vraisemblablement sans Regan, son frontman, qui quitte le groupe pour des raisons qui lui sont personnelles et remplacé par Lucky). Après tout, c'est aussi ca l'inconvénient des plus grands, ils sont, à l'inverse des plus humbles, condamnés à ne jamais descendre sous la barre qu'ils ont eux même fixée bien haute.
.: Tracklist :.
01. I Got to move on to be free
02. No Escape
03. Miss Negativity
04. I Have a wish
05. Dreaming
06. Wide open to the world
07. Let's brun this city down in Flames
08. You Dragged me Down
09. Teenage Years
10. Remain
11. We're Drowning in Pavements
12. I Don't Believe in Happiness Anymore