Truckfighters n’est pas le groupe le plus productif, tant soit-il que nous devions juger la qualité d’une formation musicale à la fréquence de livraison de ses compositions, néanmoins chaque sortie du trio suédois est remarquable. Depuis le début des années 2000, Truckfighters nous offre des albums exceptionnels avec une exemplaire régularité : Gravity X (2005), Phi (2007) et Mania (2009) furent précédés de quelques EPs qui cultivaient cette même recette d’efficacité en s’appuyant sur la lourdeur d’un fuzz outrancier. Depuis cinq ans, silence-radio, ou presque puisque le groupe aura passé la majeure partie de son temps sur la route, laissant percer en fin d’année quelques infos et un clip, annonçant la sortie imminente d’un quatrième album, Universe. Voici sept morceaux qui rivalisent d’ingéniosité pour nous donner une bonne leçon de rock’n’roll.
La touche « Truckfighters » est reconnaissable parmi tant d’autres par la mise en avant d’un son sur-saturé et d’une rythmique métronomique. Techniquement peu démonstratif, c’est surtout la capacité du groupe à créer des ambiances toniques qui impressionne. La redondance excessive d’un riff crée une tension immédiate qui vient tour à tour être cassée par l’adjonction du chant ou d’un changement de couplet imprévu. « Mindcontrol » qui entame Universe est une version condensée de cette recette que le groupe applique quasiment à chaque composition. En un peu moins de quatre minutes, Truckfighters livre un titre d’une rare efficacité au croisement du stoner rock et d’influences psychédéliques. Le trio suédois a pourtant l’habitude de s’étendre sur de longues plages, prenant son temps pour installer le « it », ce moment qui sublime toute la construction, faisant passer l’auditeur du stade de l’intérêt à celui de la passion.
C’est chose faite avec « The Chairman », morceau de huit minutes, qui alterne tension et relâchement, dont on retiendra essentiellement le refrain où l’usage démesuré de la saturation crée une sorte de torpeur atténuant l’agressivité d’une batterie malmenée. Autre single de ce quatrième album, « Prophet » est une lente montée en puissance où la voix d’Ozo devient enivrante, instillant une mélodie envoutante dans nos esprits, jusqu’à l’explosion d’un refrain enragé.
Pourtant, le titre qui nous fera écouter encore et encore cet album se trouve ensuite. « Get lifted » nous amène à la transe après huit minutes d’ambiance avec un solo qui expurge toute l’énergie contenue dans la construction rythmique qui précédait. Plutôt lent à se mettre en place, fort d’un couplet psyché et d’un refrain frustrant de concision, c’est seulement dans la durée que la mélodie se sublime en un sifflement de guitare, une nouvelle fois sur-saturée. Truckfighters sait aussi être concis, comme en témoigne l’énergique « Convention » qui, en une simple structure couplet/refrain, nous envoie une décharge d’électricité qui devrait faire mouche en live pour réveiller et stimuler son public. Ce morceau semble faire écho à « Mastodont », une composition qui lui est diamétralement opposée puisqu’elle s’étend, de digressions en digressions, pour s’approcher du quart d’heure. « Mastodont » vient boucler magistralement l’album dans une déferlante de fuzz, comme pour nous montrer tous les talents de ses auteurs.
En un mot, Universe aurait pu aisément rejoindre notre top des meilleurs albums de l’année 2013 ! Retrouvez cet album d’exception dans les bacs dès le 14 janvier.
.: tracklist :.
1. Mindcontrol
2. The chairman
3. Prophet
4. Get Lifted
5. Convention
6. Dream sale
7. Mastodont