Formé au cours de l’hiver 2007, il n’aura fallu que quelques semaines aux new-yorkais de Tombs pour proposer un EP via le label underground Level Plane. Un premier essai discographique qui permet au groupe de rapidement gravir les échelons, malgré quelques dommages collatéraux essuyés sur l’année 2008 au niveau de son line-up. Remarqué par les meilleurs fouineurs musicaux de la scène Américaine, Relapse Records, le trio se permet un véritable album après seulement quatorze mois d’existence. Un tour de force à la hauteur de ce Winter Hours, ambitieux et passionnant.
Lourd. Puissamment et intensément pesant. Winter Hours se fait le garant d’un noise-rock aux encornures résolument désespérées, le trio témoignant sur ce premier essai d’une véritable virtuosité à tisser les canevas les plus visqueux et appuyés. En dix compositions, le trio érige un inébranlable mur sonore, une muraille bruitiste masquant l’horizon d’un impénétrable voile teinté de noirceur (« Story Of A Room », un « Gossamer » d’ouverture définissant d’entrée de jeu les frontières de l’univers de Tombs). La guitare de Mike Hill hante les instrumentations d’une présence ténébreuse, qu’il s’agisse des exposions soniques supportées par une section rythmique toute en puissance et en retenue ou d’évasives envolées stratosphériques. Car si Tombs use de textures sonores rappelant de prime abord fortement Unsane, les musiciens s’épanchent encore d’avantage dans les extrêmes, qu’il s’agisse d’une violence écrasante ou de variations d’ambiances très nettement marquées. La saturation reste cependant le maître étalon de Winter Hours, le trio multipliant les couches sonores afin de donner naissance à un sentiment d’oppression continu, presque dérangeant, porté par une batterie privilégiant un matraquage aliénant à une démonstration technique inutile (« Golden Eyes »). Le trio emplit rapidement tout l’espace, Andrew Hernandez usant d’une double assommante sans ménagement ni volonté de finesse particulière.
Malgré cette dimension noise burinée à l’extrême, Tombs n’hésite pas à ponctuer ses terreaux instrumentaux d’incartades moins surchargées, le groupe parvenant néanmoins à conserver l’incroyable intensité de ses compositions. Le trio s’évade occasionnellement vers des horizons plus épurés, empruntant ainsi des schémas propres au postcore bien que ces passades atmosphériques demeurent moins primordiales au sein des morceaux du combo. Tombs use cependant de ces changements d’ambiances afin d’inculquer à des ossatures très compactes et chargées des respirations salvatrices permettant à la musique de gagner en diversité (« The Divide », « Beneath The Toxic Jungle »). Des cassures quasiment indispensables au vu de la déferlante d’électricité continuellement déployée par les musiciens, le timbre dont témoigne Mike Hill ne permettant de plus à aucun moment l’évasion des sous-terrains sans lumière. Le frontman illustre les instrumentaux d’un chant écorché vif, grave et authentique, bien que ce dernier ne calcule ses interventions avec une relative parcimonie. Les tirades vocales ne se greffent en effet pas dans les moindres recoins, les instruments se voyant, à l’instar d’un Neurosis, libres d’évoluer sur de longues plages hypnotisantes. Appréciable.
Maîtrisé et addictif de bout en bout, Winter Hours est une véritable réussite. Pour un premier album, Tombs s’impose avec fracas, scellant son histoire d’une pierre discographique à la qualité indiscutable. A découvrir de toute urgence.
.: Tracklist :.
01. Gossamer
02. Golden Eyes
03. Beneath The Toxic Jungle
04. The Great Silence
05. Story Of A Room
06. The Divide
07. Merrimack
08. Filled With Secrets
09. Seven Stars
10. Old Dominion