Il y a maintenant un peu plus de quatre ans, le monde découvrait le second visage de Corey Taylor, hurleur en chef de Slipknot, grâce à la présence d'un titre des plus surprenants sur la bande-originale du film Spiderman 2. Quelques mois plus tard et après avoir mis en ébullition la grande majorité des journalistes musicaux, Stone Sour, désormais complété par James Root, publiait enfin son premier effort éponyme. Un album qui marquera indéniablement un cap dans les choix ainsi que les performances vocales du numéro 8…
A l'heure ou sort enfin ce second opus, la réaction publique semble presque évidente : les détracteurs de Slipknot, rassurés dans leur démarche par la direction mélodique engagée avec Vol 3 : The Subliminal Verses, devraient taxer Stone Sour d'opportuniste et de commercial, tandis que les adorateurs adhéreront avant même d'avoir posé une oreille sur ces douze nouveaux titres. Il convient pourtant désormais d'oublier l'hydre avant de se plonger dans Come What(ever) May, tant la formation mérite une étiquette autre que celle du vulgaire side-project décernée avec le précédent essai. Si quelques morceaux se calquent certes sur le modèle auquel Stone Sour nous avait habitué, alignant sur une série de compositions néanmoins soignée riffs incisifs et efficaces sur un chant variant avec une grande aisance du posé durant les couplets aux hurlements rauques sur les refrains (« 30/30-150 », « Reborn »), la majeure partie de ce nouvel album se place sous le signe de l'évolution. L'ouverture d'esprit se veut nettement plus large, délaissant à de plus nombreuses reprises les codes propres au metal pour explorer avec succès les chemins plus variés du rock'n'roll au sens large du terme. Le penchant mélodique occupe une position encore plus importante que par le passé, notamment à travers les ballades prenantes et habitées par les intonations de voix touchantes adoptées par Corey Taylor (« Sillyworld » et ses accents bluesy, « Through Glass », « Zzyzx Rd. » dominé par le piano de Rami Jaffee). Judicieusement disposées entre les morceaux les plus énergiques et saturés, ces plages à dominante acoustique permettent au mot lassitude de disparaître des sentiments ressentis à l'écoute de Come What(ever) May.
Les progrès sont quant à eux manifestes, chaque musicien de Stone Sour semblant désormais oublier la pression indirectement amenée par le succès du gang masqué dans lequel officient deux de ses membres pour enfin mettre en avant toutes ses influences et envies. Un niveau technique nettement supérieur est désormais atteint, le duo de guitariste donnant naissance à une bonne série d'instrumentations ultra-efficace et catchy (l'excellent « Socio » et ses accords rebondissants, « Made Of Scars ») ponctuées de solos réussis directement inspirés par les formations les plus marquantes des années 80 (« Hell & Consequences », l'entêtant « Your God ») et du jeu de batterie du vétéran Roy Mayorga qui vient assurer une rythmique impeccable tout en évitant d'en faire trop. Alors que Corey Taylor semblait à la limite de ses possibilités, le chant s'avère également plus prenant et profond, le frontman délaissant presque totalement les registres les plus agressifs de son panel vocal, à tel point que l'on n'en vient à se demander si celui-ci n'est pas aujourd'hui plus adapté à son projet d'origine qu'à Slipknot.
Si Stone Sour ne se positionne pas comme le groupe le plus révolutionnaire de ses dernière années, il n'en reste pas moins un quintet diablement bien inspiré. Taylor a déclaré que si tout s'arrêtait demain, il serait content de la musique qu'il aurait fait… Et il peut en effet l'être.
.: Tracklist :.
01. 30/30-150
02. Come What(ever) May
03. Hell & Consequences
04. Sillyworld
05. Made Of Scars
06. Reborn
07. Your God
08. Through Glass
09. Socio
10. First Person
11. Cardiff
12. Zzyxz Rd.