SNA-FU est probablement l’un des meilleurs groupes de scène qui nous aura été donné de voir. Pourtant, la formation parisienne connue pour ses méfaits sur scène, péchait jusqu’à présent par sa capacité à livrer des efforts studio peu abordables. Trop bruts, trop denses, trop au taquet tout le temps, les deux précédents albums étaient en quelque sorte victimes de leurs supports : passé l’étonnement d’une gifle bien placée, l’énergie des concerts peinaient à être pleinement retranscrite sur CD. C’est sans compter cette troisième passe. Knives & Bells est un album qui, sans renouveler le style bien marqué de la formation parisienne, marque l’aboutissement d’un travail entamé depuis bientôt 10 ans et concrétise les sous-entendus « pop » des deux précédents opus.
Jeunes trentenaires, les membres de SNA-FU ont été bercé dans l’électricité de Refused et la désillusion des 90’s, époque musicale bâtarde qui vit l’étincelle du grunge s’éteindre dans un star system noyant la créativité dans un trop plein de soupe calibrée pour l’efficacité. SNA-FU se joue du rendement et de cette productivité attendue en délivrant une musique imprévisible qui multiplie les pieds de nez à l’easy listening. On pourrait penser trivialement que l’enchainement de ces riffs endiablés ne serviraient qu’une simple explosion d’énergie ou la vulgaire volonté de développer une musique toute en puissance. Il n’en est rien car SNA-FU nous livre ici une œuvre rococo, faite de fioritures et de digressions bruitistes qui déséquilibrent de manière systématique la cohérence d’un couplet / refrain bien calibré. SNA-FU multiplie les références, à ses premiers albums comme aux œuvres qui l’ont marqué. A ce titre, la guitare qui introduit « Furious & Fast », avec ses accents nasillards de vieille console de jeu vidéo, nous rappelle que les parisiens sont des adeptes de la culture geek.
Le reste du temps, Knives & Bells, est un éloge au mouvement, un album de rock qui s’amuse à prendre l’auditeur à contre-pied en multipliant les feintes de corps dans l’ultime objectif de construire une œuvre baroque. SNA-FU veut nous faire bouger, pas comme une masse uniforme, mais comme des électrons libres qui s’entrechoquent. Et, ce n’est ni de manière protocolaire, ni en utilisant des formes convenues que les parisiens arrivent à ce résultat. « I Hate Berlin » est une lente montée en puissance, « Deadosaurs » alterne entre tension et relâchement, « That’s all I Got » et « Rising » multiplient les break et « I’ll give you money » est une vaste dé(con)struction.
En un mot, on adore cet album ! En quelques jours, on a dû écouter plusieurs centaines de fois « You don’t like this song », suivi de « Clairvoyant » et entrecoupé de « That’s all I got ». Et puis, on s’est promis d’arrêter, mais on a recommencé !
.: tracklist :.
1. Furious & Fast
2. You don’t like this song3. That’s all I got
4. I’ll give you money
5. I hate Berlin
6. Gangs
7. Serial Deaths Lane
8. Catrina
9. Clairvoyant
10. Deadosaurs
11. All in
12. Rising
1 commentaire
Hello
Merci pour cette chronique Erwan !
Pour les petits curieux voici le deuxième extrait disponible « You Don’t Like This Song » estrait de notre nouvel album KNIVES & BELLS
https://soundcloud.com/sna-fu/youdontlikethissong
Lachez vos comz les kidz !
Et pour précommander le bordel c’est par là
https://snafugdo.bigcartel.com
See you in the pit !
SNA-FU GDO