Le quintet mené par Brian Fair, l'homme aux dreadlocks les plus longues du monde, n'a jamais vraiment eu de chance. Car bien que figurant aux côtés des précurseurs du mouvement metalcore, Shadows Fall n'a jamais titillé le succès d'un Killswitch Engage. Qu'importe, les cinq musiciens continuent leur chemin sans ambitions démesurées, et signent à force de persévérance avec Roadrunner pour la sortie d'un huitième album, en profitant pour effectuer un léger changement de direction.
Car avec Threads Of Life, les cinq américains ont été malins, présentant l'essoufflement qui semble frapper de plein fouet la scène metalcore ces derniers temps. Certes, ce nouvel opus n'a rien de révolutionnaire, ni même d'un véritable retournement de veste, Shadows Fall s'orientant désormais d'avantage vers un metal aux accents plus thrashy et surtout à forte dominante mélodique, à la manière du changement de cap récemment opéré par Trivium. Les sonorités typiques au metalcore sont bien sûr toujours présentes aux encornures, mais Threads Of Life s'avère grâce à cette habile manœuvre nettement plus varié que ses prédécesseurs. La nouveauté la plus radicale est décelable dans les tirades vocales du sieur Brian Fair, qui ne s'époumone désormais qu'avec parcimonie. La formule visant à appliquer le chant clair lorsque le refrain pointe à l'horizon est donc heureusement oubliée, le frontman préférant très largement tapisser la grande majorité des instrumentations avec une voix aussi puissante que mélodique (« Venomous », « Burning The Lives »). Les hurlements ne sont toutefois pas totalement radiés du vocabulaire du bonhomme, ceux-ci venant illustrant une bonne demi-douzaine de breaks bien rageurs (le pont du premier single « Redemption »).
Pareil choix aurait pu s'avérer particulièrement casse-gueule pour Shadows Fall, qui évite néanmoins le piège de la facilité souvent amené par une surenchère de mélodies. Les musiciens témoignent en effet toujours de très nettes préférences pour les tempos relevés, casant du riff survolté à 200 à l'heure sur des breaks de batterie appuyés (« Failure Of The Devout »). Les compositions échappent de plus bien souvent au traditionnel format radiophonique de trois minutes trente, tout en évitant par ailleurs de se perdre dans des longueurs rapidement lassantes. Shadows Fall fait avant tout dans l'efficace, mais n'hésite pas pour mener à bien sa mission à casser le tempo le temps d'insérer un break martial et appuyé, ou à placer en milieu de cavalcade une ballade (« Another Hero Lost ») qui à défaut de s'avérer indispensable ne sonne pas de façon trop mielleuse. Le niveau technique dont témoigne la paire de guitaristes permet également à la musique du quintet de se démarquer de la masse, ceux-ci n'hésitant pas à placer des solos old-schools relativement bien exécutés et tombant à point nommés (« Final Call ») ou encore des ponts acoustiques afin d'aérer ses compositions (« Forevermore »).
Avec Threads Of Life, Shadows Fall se démarque donc avec brio du carcan metalcore. Un renouvellement réussi, d'autant plus que malgré des choix plus mélodiques, la formation ne donne à aucun moment l'impression de sombrer dans le néo bas de gamme.
.: Tracklist :.
01. Redemption
02. Burning The Lives
03. Storm Winds
04. Failure Of The Devout
05. Venomous
06. Another Hero Lost
07. Final Call
08. Dread Uprising
09. The Great Collapse
10. Just Another Nightmare
11. Forevermore