Au vu de son artwork et de son patronyme, ce second opus de Sara Lee aurait très bien pu laisser se profiler une énième vocaliste pseudo-gothique et discrètement soutenue par une saturation toute en retenue. A l’écoute se dévoile pourtant un groupe qui, bien que peu éloigné de ce genre d’inspirations, n’hésite néanmoins pas à adjoindre à sa musique une certaine puissance. Formation finlandaise faisant office de newcomers sur la scène européenne, le quintet avance avec un nouvel opus parfaitement calibré sur les cadors d’un mouvement rock gothique surpeuplé de copies inutiles et clichées au possible. Sara Lee parvient cependant à tirer une petite épingle parmi les centaines de prétendants à la couronne du genre.
Difficile de trouver chez les groupes estampillés gothic-rock émergeant d’une scène nordique en pleine effervescence une originalité particulièrement marquée. Sara Lee ne déroge pas véritablement à la règle, mais parvient au moins à éviter une majorité des aspects pompeux du genre, bien que Damnation To Salvation ne s’en dédouane pas totalement. Le groupe construit ses étendues instrumentales selon un schéma simple et accrocheur, ne déviant que rarement des structures couplet / refrain / couplet de vigueur (« Last Day Alive » et sa formule outrepassant les six minutes fera office d’exception) et cultivant un esprit très pop dans la composition. Mais malgré ses ambitions rock grand public, le quintet n’a heureusement pas sacrifié ses guitares au profit d’un son lisse et aseptisé, et pose sur bandes quelques riffs gonflés à bloc, d’autant plus efficaces lorsqu’ils se voient portés par une section rythmique soutenue (« Scars », « Catch The Moon », « Forsaken »). La puissance délivrée par le binôme de guitaristes apporte un certain contraste à Damnation To Salvation, bien que les épanchements saturés se voient souvent tempérés par des passades mélodiques plus qu’omniprésentes. Dans la plus pure tradition gothic-rock, Sara Lee jongle constamment entre les ambiances, laissant libre cours à des orientations plus mélancoliques que véritablement dépressives. Damnation To Salvation peine en effet à retranscrire un véritable potentiel émotionnel au niveau de ses compositions les plus éthérées, qui en opposition aux morceaux les plus catchy demeurent moins inspirés, voire parfois à l’extrême limite de l’insipide (« Rescue Me », auquel se greffe une conclusion vocale ridicule).
Si les mélodies restent globalement soignées et que les incursions de guitares acoustiques ou de piano se montrent réussies (la ballade « Nights », très convenable), la sur-exploitation des composantes électroniques afin de compenser le vide laissé par une saturation absente n’évite que rarement l’écueil de la faute de goût (« Rescue Me », « Sleeping In The Fire »). Parfois superflu et pompeux, l’accompagnement des claviers ne revêt pas de véritable intérêt, mais n'habille heureusement cependant pas l’intégralité des ossatures instrumentales, qui restent dominées par les guitares. Le chant posé sur bandes par Joonas se montre de plus très bien maitrisé, le frontman faisant évoluant dans un registre clair à la fois puissant et mélodique, parfois soutenu par des backing vocals death aussi rarissimes que discrets, mais néanmoins appréciables (« Catch The Moon », « Turning Point »). Le chant s’adapte aux merveille à la dimension entrainante des paysages instrumentaux, et si les émotions ne transpirent pas véritablement de l’accompagnement vocal, celui-ci s’avère pleinement efficace et évite soigneusement la mièvrerie souvent témoignée par la concurrence sur les titres mid-tempos.
Damnation To Salvation n’est pas un album parfait, mais il pourra représenter une alternative bien plus heureuse aux nombreux clones d’un mouvement musical pas toujours très intéressant. Les adeptes du style pourraient même trouver en Sara Lee l’une des références du genre. Efficace et rapidement assimilable, ce second opus remplit son cahier des charges de façon satisfaisante.
.: Tracklist :.
01. Scars
02. Forsaken
03. Sleeping In The Fire
04. Rescue Me
05. Crimson Sky
06. Catch The Moon
07. Nights (We're Living For)
08. Turning Point
09. Remains Of Carmen
10. Last Day Alive