En vingt ans de carrière, les norvégiens de Red Harvest auront explorés les genres musicaux les plus ténébreux à travers huit albums. Une discographie de taille qui n’aura certes pas imposé le quintet auprès du grand public, mais lui aura accordé les galons de formation quasi-culte auprès d’une audience avertie. Red Harvest rampe depuis toujours dans l’ombre, et si les évolutions demeurent en toute logique bien décelables au sein de leurs différentes productions, cette compilation ne laisse pourtant transparaître aucun sentiment de cassure d’ambiance. Loin de se limiter à un vulgaire best-of, The Red Line Archives a en effet été pensé comme un véritable album.
Afin de construire la tracklist de ce nouveau projet, Red Harvest a en effet pioché dans ses cartons, mais n’en a retenu que les compositions orientées du côté industriel. Une sélection de morceaux composés sur les dix dernières années, auxquels les norvégiens auront accordés de nouveaux mixs, uniformisant chaque composante à ce que le groupe aime à décrire comme « la bande-originale d’un film à tourner ». Ou plutôt comme un long-métrage à imaginer, tant ces onze titres parviennent à instaurer des horizons malsains et ténébreux, la cohérence dont fait preuve The Red Line Archives s’avérant totale et redoutable. Le groupe déroule des instrumentations puissantes et ténébreuses, saturées d’une électricité acérée et envahissante (« Technocrate », « Abstract Moral », le virulent et arraché « Bleed »). Appuyées par une batterie martiale et mécanique, les guitares laissent échapper une énergie violente et salvatrice qui vient occuper tout l’espace, renforçant encore d’avantage l’ambiance sale et poisseuse instaurée par Red Harvest. L’élément est cependant bien gardé en cage, employé avec l’unique objectif de subitement dynamiter un univers dans lequel l’auditeur se laisse la plupart du temps planer, à mi-chemin entre la vie et la mort. Un monde ou les samples hypnotiques règnent en maître, imposant de leur présence des paysages sales et froids (« Dead », redoutable).
Avec The Red Line Archives, Red Harvest impose une vision du futur sous l’emprise tenace et perpétuelle de substances hallucinatoires. Les décharges de violence assénées par l’incursion des guitares se vit comme une libération, tant les instrumentations se montrent oppressantes et grinçantes (« Last Call » et ses relances électroniques glaciales, « Synthesize My DNA »). Au dessus de cette agglomération au brouillard toxique s’élève un cri de damné. Tourmenté, le vocaliste Jim Bergsten laisse échapper des tirades vocales douloureuses jusque dans des chuchotements teintées de noirceur (« Desolation »). L’impact se montre particulièrement redoutable lorsque l’intéressé laisse enfin entrevoir des hurlements rageurs, furieuses incantations répondant pleinement au fleuve électrisant déversé par la section instrumentale (« Move Or Be Moved », introduction sans préavis dans les limbes de Red Harvest).
Loin de se limiter à un simple objet de fan, The Red Line Archives s’apparentera d’avantage à un trip musical de haute volée. Une belle manière de redécouvrir le répertoire de Red Harvest, ou plus simplement d’y poser une oreille pour la première fois.
.: Tracklist :.
01. Move Or Be Moved (Full Version Mix 2008)
02. Dead (Sick Transit Gloria Mundi – 2002 :: ReFactor 2008)
03. Last Call (Cold Dark Matter – 2000)
04. Abstract Moral – Junction Mix (Internal Punishment Programs – 2004, Remix 2008)
05. Synthesize My DNA (Internal Punishment Programs – 2004)
06. Bleed (1996/2008)
07. 4418 (Internal Punishment Programs – 2004)
08. Desolation (Sick Transit Gloria Mundi – 2002)
09. Technocrate (Dunkelheit Version 2008 Mix)
10. Cyborg Era / Dead End (Remix 2008)
11. The Central Sun – Part 1 (1996)