Propulsé au top des ventes grâce à un Medecine Cake qui avait su s'imposer au grand public, Pleymo se sera quand même accordé trois ans pour mûrir son quatrième album, livrant entre-temps un tout premier live afin de faire patienter les masses. Attendu au tournant par ses fans tout comme par ses détracteurs, le groupe Parisien se devait de redresser le tir après une dernière livraison certes plus rock mais malheureusement moyennent intéressante.
Nettement plus porté sur le côté mélodique, Rock avait à l'époque creusé en fossé musical si important avec son prédécesseur qu'il déstabilisa une grande partie du public de Pleymo. C'est dans cette véritable tranchée que viendra se placer Alphabet Prison, qui aurait sûrement permit une transition moins déroutante entre les deux derniers opus du groupe. Un retour aux sources était annoncé par les quelques privilégiés ayant eu l'occasion de poser une oreille sur des brides de morceaux, et pourtant à l'écoute de ces treize nouvelles compositions dans leurs versions définitives, le quintet donnera plutôt l'impression d'une évolution intégrant à sa recette quelques anciens éléments écartés de leur dernière production. Les influences sont cette fois bien mieux assemblées et l'album y gagne grandement en cohérence, évitant les cassures d'ambiances et de rythmiques présentées par Rock et ne donnant donc pas la désagréable impression d'avoir à faire à une compilation de chansons composées indépendamment. L'ambition n'est clairement pas de faire d' Alphabet Prison le disque le plus novateur de l'année, et si les structures restent inchangées et somme toutes relativement basiques (hormis « Un Parfum Nommé 16 Ans » qui ne présentera absolument aucun refrain), chaque membre du groupe viendra y retrouver sa place, les instruments ayant été relativement effacés par rapport à la voix par le passé. La section rythmique marque son grand retour , en particulier la basse de Benoît, nettement plus à l'aise sur des terrains saturés d'électricité à rapprocher de l'énergie des deux premiers opus (« Vanité », « Sept », « Phantom », « Galaxie Autarcique » et son introduction percutante animées des scratchs de Franck Bailleul). Ce quatrième opus vient prouver que Pleymo a fort heureusement retrouvé le goût du riff efficace et sautillant, le quintet couchant sur bandes une série de compositions efficaces tout en ne reniant pas son penchant mélodique (à l'image du premier single « Adrenaline », qui mixe les deux ingrédients pour un résultat entraînant et réussi).
Les titres plus mid-tempos et mélancoliques viennent donc de nouveau s'intégrer à la track-list, mais paraissent nettement moins téléphonés que sur le précédent opus. Propices aux dédoublements des parties de guitares et aux ambiances samplées, ces quelques plages n'ont absolument plus rien de répétitives ou d'ennuyeuses et mettent de plus en avant les progrès opérés au niveau du chant de Marc Maggiori. Enfermé dans un registre trop chanté sur Rock , le frontman présente dorénavant un spectre bien plus large que sur n'importe quelle production du groupe. Les hurlements et le phrasé rappé (« Le Nouveau Monde », « Sept » ou encore un surexcité et hargneux « Zephir » qui ne laisse à aucun moment le chant clair s'immiscer) retrouvent une place qui, bien que moins conséquente que par le passé, permet au disque une plus grande variété. Le chant clair ne vient plus envahir la totalité du morceau, chaque plage d' Alphabet Prison présentant les différentes variations du timbre vocal, ce choix se répercutant bien évidement sur le relief des compositions, aucunement lassantes exception faite d'un ou deux essais plutôt bancals (en particulier « 4 A.M. Roppongi », qui malgré une instrumentation intéressante peine à convaincre). Comme d'habitude, Marc développe l'artwork autour d'une histoire, qui se répercute sur le morceau « Adrenaline », poussant pour ce quatrième album le concept en livrant avec l'édition limitée une courte nouvelle retraçant en détail le parcours de son personnage, Helmet Boy.
Si Alphabet Prison ne témoigne pas d'une originalité débordante, il permet à Pleymo de reconquérir les quelques gallons perdus avec la sortie de Rock. Le succès devrait une nouvelle fois être au rendez-vous, et les détracteurs s'en donneront sûrement à cœur joie, il n'empêche que ce quatrième opus présente un groupe légèrement moins calibré radio qu'il y a quelques années, et ce malgré une grande facilité d'accès.
.: Tracklist :.
01. Vanité
02. Adrenaline
03. Galaxie Autarcique
04. Sept
05. 4 A.M. Roppongi
06. Blockout
07. Phantom
08. Un Parfum Nommé 16 Ans
09. Zephyr
10. Je Regrette
11. L’instinct et L’envie
12. Le Nouveau Monde
13. Qu’est-ce Qu’il Nous Restera