L'hiver inspire Octavia Sperati. Pour la seconde fois, le groupe compose pendant la froide saison, pour nous livrer un tableau glacé alors que les températures commencent à monter en flèche. La neige de la Norvège et l'obscurité de la nuit tombante s'en feraient presque ressentir sur le résultat final. Une ambiance générale ténébreuse et atmosphérique superposée à la voix raffinée de Silje Wergeland qui avait permise lors de la sortie de Winter Enclosure de conquérir une partie du public de The Gathering.
Mais il y a du changement chez Octavia Sperati : un homme. Pour le reste, ce girl band (si l'ont fait aujourd'hui donc exception de ce pauvre bougre de Ivar Alver, batteur de son état) ne change aucunement une formule qui a très largement fait ses preuves et trace directement dans la voie sur laquelle il s'était si remarquablement engagé. Car Grace Submerged se hissera plus qu'aisément au niveau des derniers efforts de The Gathering, un bon coup de punch en plus, en grande partie grâce à l'organe vocale sur-développé du petit bout de femme qui se trouve être à la tête d'Octavia Sperati. Son timbre vocal s'adapte en effet à toutes les situations, les musiciennes prenant un malin plaisir à embrayer d'un titre puissant et à haute teneur en électricité (« le tempo relevé du superbe « … And Then The World Froze », le morceau d'ouverture « Guilty Am I ») à des excursions popisantes mais nullement soporifiques (« Don't Believe A Word »). Une véritable perle rare qui teint les instrumentations d'interventions aussi justes que délicates, nimbant chaque accord de guitare d'un chant cristallin et accédant aux hauteurs les plus stupéfiantes sans se fourvoyer dans le chant d'opéra fatiguant (« Going North »).
Inutile de tourner autour du pot cent sept ans, Octavia Sperati a indéniablement trouvé la formule qui fera de lui l'un des groupes de métal atmosphérique à retenir, livrant sur ce second essai dix compositions parfaitement équilibrées, homogènes et absolument magnifiques. Le clavier, instrument hautement pompeux lorsqu'il se voit trop mis en avant, trouve parfaitement sa place dans l'ensemble instrumental, les musiciennes se servant de cette composante comme un accompagnement et misant d'avantage sur un binôme de guitares percutant et souvent écrasant. Les tirades symphoniques viennent discrètement habiller des étendues musicales froides et prenantes (« Provenance Of Hate »), pour lesquelles les Norvégiennes n'hésitent pas à intégrer des incursions de cordes qui ne feront pas pour autant taire les déflagrations de six-cordes. Le clavier ne se voit véritablement libéré de son carcan que lorsque le choix est fait de s'orienter vers une ballade émouvante et langoureuse, exercice répété à plusieurs reprises (« Don't Believe A Word », « Dead End Poem ») et judicieusement parsemé au sein de ces dix composantes afin de laisser l'oreille marquer un temps de repos, plus particulièrement en fin de course puisque le piano et les cordes s'accordent un instrumental glacé de toute beauté.
Sans être un groupe profondément original, Octavia Sperati signe avec Grace Submerged une véritable réussite. Il faudra désormais compter sur elles (et lui, n'oublions pas ce brave Ivar). Nul doute que certaines formations gothiquo-atmo devraient en prendre de la graine, au lieu de s'engouffrer dans la brèche du rock FM.
.: Tracklist :.
01. Guilty Am I
02. Moonlit
03. Going North
04. Don’t Believe A Word
05. … And Then The World Froze
06. The Final Rest
07. Deprivation
08. Provenance Of Hate
09. Dead End Poem
10. Submerged