Malgré quelques rares erreurs, Candlelight reste un label synonyme d'un certain gage de qualité. Suite à l'engouement de la presse pour l'album Worlds Beyond The Veil en 2003, il n'est dont pas étonnant de trouver un projet aussi atypique que Mithras signé sur une structure accueillant les étrangetés européennes les plus intéressantes du moment. Car si ce duo (Rayner Coss au chant et à la basse, Leon Macey assurant de son côté la guitare et la batterie) pourrait se voir classer sous une étiquette death metal, se musique se montre bien plus complexe qu'une quelconque formation lambda.
Car Mithras signe avec Behind The Shadows Lie Madness un second opus très éloigné de ce que le public pourrait être en mesure d'attendre, intégrant et mariant à merveille dans ses morceaux des éléments extrêmes aux côtés de sonorités plus intrigantes et expérimentales. Les structures de ces douze véritables pépites n'ont par conséquent absolument rien de conventionnelles, le groupe prenant un malin plaisir à emprunter des chemins de traverse et à s'éloigner subitement vers des horizons nouveaux. Néanmoins, l'ambiance reste noire et oppressante, constamment ponctuée de riffs pesants et écrasants qui viennent enfermer l'auditeur dans un étau sonore chaotique (« To Fall From The Heavens », qui vient brutalement briser une introduction déviant de l'enchanteresse au mysticisme le plus sombre). La voix de Raynor Coss se pose sur les instrumentations afin d'habiller celles-ci dans un même esprit. Le timbre employé est grave, fortement appuyé, souvent arraché. Mais celui-ci ne vient se greffer aux instrumentations que comme un simple accompagnement, l'intérêt résidant sans conteste avant tout dans une série de tissus instrumentaux savamment orchestrés. Il convient d'ailleurs de préciser que le chant demeure l'une des composantes la moins variées, malgré un jeu de question / réponse intéressant entre le registre grave et le chant clair sur le premier couplet du titre d'ouverture de l'album.
Les instrumentations font preuve d'un savoir-faire évident, véritable travail d'orfèvre parfaitement retranscrit pas une production travaillée qui accorde une place équivalente à chaque composante. Les effets de résonance utilisés sur « Under The Three Spheres » et « The Beacon Beckons » ainsi que la superpositions des instruments sont à ce niveau saisissants. Si les deux multi-intrumentistes semblent se complaire totalement en construisant de longues étendues sombres et ténébreuses rythmées par un jeu de batterie bloqué en mode épileptique avec utilisation insistante de double-pédale, ceux-ci n'en oublient pas pour autant la variété. Le duo aime s'aventurer sur de nouveaux terrains de jeux, ambiancant sa musique de nombreuses incartades atmosphériques et mystiques entre deux déferlantes d'électricité (la plage quasi-symphonique et planante « When The Lights Fade Away » placée à mi-parcours et embrumée dans des nappes de claviers inquiétants, l'introduction de « To Where The Sun Never Leaves ») ou plaçant avec brio quantité de solos aussi ébouriffants qu'imparables. Leon Macey témoigne dans ses plans de guitare d'une technicité à toute épreuve, glissant ses exploits de part et d'autre en s'envolant littéralement dans les aigus toutes les trente secondes (« Behind The Shadows », « Thrown Upon The Waves ») sans apporter une quelconque dimension trop pompeuse à la musique du groupe.
Behind The Shadows Lie Madness est un album à la fois beau, violent, ténébreux et surprenant. Mithras témoigne avec ce second essai d'une virtuosité bien trop rare. Superbe.
.: Tracklist :.
01. The Journey And The Forsaken
02. To Fall From The Heavens
03. Under The Three Spheres
04. Into Black Holes Of Oblivion
05. When The Light Fades Away
06. Behind The Shadows
07. Awaken Man And Stone
08. The Twisted Tower
09. To Where The Sun Never Leaves
10. The Beacon Beckons
11. Thrown Upon The Waves
12. Into The Unknow