En trente plage pour plus d’une heure de délire flashy, le déjà culte Frankenstein Girls Will Seem Strangely Sexy (ouf) avait définitivement imposé le décor déjanté de Mindless Self Indulgence. Un quatuor bien barré et intelligent, unique en son genre dans sa formule speed punk électro trance, mais capable de pondre à la chaîne des hits singles redoutables de cohérence et d’efficacité. Si leur dernier bébé transgénique You’ll Rebel To Anything présentait un contenu plus concis et légèrement moins tubesque, il aura permis aux musiciens d’acquérir des gallons supplémentaires. L’énorme buzz dont bénéficie désormais ces zigotos timbrés finira enfin par atteindre les sphères hexagonales, justifiant aujourd’hui la sortie de leur dernière offrande If en France.
Si la réputation de Mindless Self Indulgence reste encore à construire sur nos terres, nul doute que If représente la meilleure carte de visite possible pour ces quatre triturateurs de sonorités digitales et électriques. Le groupe n’a rien perdu de ces envies de fusionner les influences les plus saugrenues, et opère les transmutations avec un talent de composition intact. Chaque morceau est un pur hit en puissance, le quatuor conservant les quatre mots magiques indispensables à son irrésistible formule : fun, frais, déjanté et rebondissant. Mindless Self Indulgence se construit en quelques secondes un univers propre, futuriste, chaotique, peinturluré de noir et badigoné de larges couches rose bonbon. Les musiciens cultivent l’art d’associer les tonalités bizaroïdes, la section instrumentale greffant sur une base néo-metal dopée aux riffs sautillants et électrisants une surcharge d’éclairs électroniques (« Issues », l’efficace single « Never Wanted To Dance » et son titre mensonger). A la manière des représentants nationaux de Punish Yourself, mais cependant dotés d’une conséquente dose de délire en perfusion, les Américains tartinent des structures par ailleurs très classiques et dénuées de véritable technicité (on ne sort jamais du couplet / refrain / couplet de circonstance) de percussions électroniques ainsi que d’incartades digitales groovy à souhait. A tel point que ces dernières deviennent même plus importantes que les canevas de base, et confèrent à Mindless Self Indulgence toute son originalité et sa dimension schizophrénique (« Bomb This Track », « Lights Out »).
Ultra-calibré pour les dancefloors d’un futur coloré, If présente en effet un fort potentiel dansant, chaque composition résonnant comme un immanquable appel à gesticuler frénétiquement (« Revenge », « On It »). Et si les samples technoïdes et trance se superposent à merveille aux instruments rock’n’roll de base, la surabondance d’éléments trouve un second écho dans la voix sur-vitaminée du délicat Jimmy Urine. Le larron pose ses interventions dans un chant clair parfaitement maîtrisé, tout en multipliant les échappées vers de déjantées sphères suraiguës (« Never Wanted To Dance ») ou encore de timides et peu envahissants hurlements. La multiplicité des couches vocales ainsi que leur aspect improvisé contribue au fun des quinze compositions, les backing vocals résonnant sur tous les refrains, sans que leurs investigateurs n’ait à chaque occasion de propos construit à avancer (« Evening Wear » et ses « pa pa pa pa », les supports vocaux sensuels de « Get It Up »). Les textes de Mindless Self Indulgence ne sont aucunement e point névralgique de sa musique, par ailleurs avant tout écrite pour sortir la tête du sérieux de la vie, et l’abondance d’obscénités débilitantes avancées par le sieur Urine s’accorde à ce titre merveilleusement à l’aspect alienant et délirant des instrumentations du groupe.
Percutant et assimilable en à peine plus d’une écoute, If est simplement une bombe a neutrons de bonne humeur. Un pur condensé de pétage de plomb, mais qui conserve par ailleurs une très grande qualité de composition. Le genre de débile attitude qui fout la patate pour la journée. Et qui rend les mômes impossibles à tenir plus de deux secondes. Oubliez deux secondes cette maturité si pesante, vous ne serez que plus satisfait du large sourire laissé par une prescription de Mindless Self Indulgence.
.: Tracklist :.
01. Never Wanted To Dance
02. Evening Wear
03. Lights Out
04. Prescription
05. Issues
06. Get It Up
07. Revenge
08. Animal
09. Mastermind
10. On It
11. Pay For It
12. Due
13. Money
14. Bomb This Track
15. Mark David Chapman