En 2001, Lofofora voit double. Fiers de huit années passées à grimper sur la pente ascendante du succès après les sorties successives de Peuh et Dur comme Fer, les membres de Lofofora décident de commercialiser un album surprenant composé d'une galette live (concerts à Mulhouse et à Montpellier enregistrés en 1999) et d'une réorchestration de huit titres. A l'occasion de la sortie de leur coffret rétrospectif, nous vous proposons un décryptage de l'album studio.
Arrachés in extremis de la tourmente des majors, Lofofora rejoint en 2001 le jeune label Jaff (qui deviendra At(h)ome quelques années plus tard) pour sortir Double. Trois années se sont écoulées depuis la sortie de Dur Comme Fer, le groupe s'était presque fait oublier avant qu'il ne ravive la flamme avec un double album mid-tempo parfaitement inattendu. Dans la version originale de l'album vous pouvez retrouver une sélection d'enregistrements live issus de deux concerts donnés au Noumatrouff de Mulhouse et à la salle Victoire 2 de Montpellier, mais qui n'a pas été rééditée avec ce coffret. Dommage.
En revanche, vous ne pourrez pas échapper à la réorchestration du plus incroyable single de Lofofora, « Les Gens ». Reuno et sa bande limitent volontairement le métronome pour nous dévoiler une sensualité insoupçonnée chez eux. Jusqu'à maintenant, sur les trois albums parus depuis 1995, nous ne connaissions que la force de Lofofora égale à celle d'un uppercut de Mike Tison en pleine face. Aujourd'hui, ce lifting apporté à des morceaux tels que « Viscéral », « Les Gens » ou « Weedo » décuple l'humour et l'acidité injectés dans ces compositions qui groovent comme jamais. « Weedo » devient « Weedub »et nous offre un moment de plaisir enfumé qui nous transporte des locaux de répétition parisiens jusque sur l'île de Jamaïque.
Lofofora nous prouve une fois de plus qu'il puise ses influences bien au-delà du metal et du punk en reprenant « Quand on a que la haine » d’OTH, « La chanson du forçat » de Serge Gainsbourg, « Vive ma liberté » d’Arno et « Madame rêve » d’Alain Bashung. Le groupe s'était déjà tenté dans de nombreux featuring et reprises (à l'image de « Vive le feu » des Bérurier Noir sur Peuh!) mais elles n'avaient probablement jamais atteint ce degré de finition. Il faut dire que l'exercice est particulièrement périlleux et seuls quelques artistes véritablement talentueux réussissent à se montrer à l'aise sur ce genre d'opération chirurgicale. Ce qui se dégage au final de ces reprises est une orientation musicale plus ambiancée que par le passé. Seule « Vive ma liberté » relève la tête pour nous assomer avec un dernier coup de boule.
Avec Double, Lofofora nous fait une promesse ; celle du retour inattendu d'un groupe plus fort que jamais. Lofofora prend une direction plus calme qu'on retrouvera partiellement sur quelques titres sur leurs albums futurs. Le meilleur est à venir, Lofofora vient de se séparer de Farid (guitare) et d'Edgar (batterie) qui vont être remplacé par Pierre (Artsonic) et Daniel (Noxious Enjoyment) pour composer un album charnière dans la carrière du groupe, Le fond et la forme.
.: Tracklist :.
1. Quand on a que la haine (OTH)
2. Viscéral
3. Madame rêve (Bashung)
4. Les gens de maintenant
5. La chanson du forçat (Gainsbourg)
6. Weedub
7. Vive ma liberté (Arno)