Sacrament commençait à monter quelques limites pour Lamb Of God. Répétitif, ne présentant aucune volonté d’innovation par rapport à son glorieux prédécesseur Ashes Of Wake, le disque restait malgré tout relativement réussi et trouvera facilement son public. Un accueil favorable en partie inhérent à l’efficacité débordante ainsi qu’à l’incroyable technicité dont a toujours témoigné le quintet américain. Il était cependant temps pour le groupe de renouveler ses terrains de jeu, et Wrath pourrait bien représenter aujourd’hui une nouvelle étape dans la carrière de Lamb Of God. Désormais épaulée par Roadrunner Records pour l’Europe, la formation livre avec ce nouvel opus onze compositions dévastatrices.
Lamb Of God avait annoncé ce cinquième opus comme plus brutal, force est de constater que les Américains en esquissaient un portrait plutôt fidèle. Wrath respecte mot pour mot la ligne de conduite imposée par les cinq musiciens sur leur premier essai, New American Gospel : riffs en béton armés, travail rythmique de titan oscillant entre incartades massives et débauches de violence frénétique (l’excellent single « Set To Fail », « Dead Seeds »), chaque composition pourrait aisément s’ériger en ode au thrash nouvelle génération. Proclamés fer de lance de la « New wave of american heavy metal », Lamb Of God ne tarit pas à sa réputation et pose sur bandes onze hymnes s’épanchant dans une écrasante et puissante brutalité. Du pur metal à l’américaine, gras à souhait, débordant d’efficacité et sublimé par une production gonflée à bloc, mais témoignant néanmoins d’une plus grande variété qu’un Sacrament relativement lassant sur la longueur. Sans influer sur l’aspect écrasant de ses compositions, Lamb Of God insère de ci et là quelques gimmicks mélodiques savoureux (l’impressionnant « Broken Hands », « In Your Words ») contrastant avec la lourdeur des riffs, et ponctue ses ossatures d’occasionnels ponts permettant aux morceaux de trouver des respirations salvatrices (le survolté « Contractor »).
Ces breaks sont l’occasion pour la paire Mark Morton / Willie Adler de démontrer de tout leur talent de solistes, Wrath présentant une nouvelle fois une dimension technique affutée à l’extrême. Les deux guitaristes ponctuent les compositions d’échappées en solo ébouriffantes, ces dernières parvenant à éviter l’inutile démonstration technique pour pleinement s’inscrire dans la continuité des morceaux (« Grace », « Choke Sermon »). Le chant du maitre de cérémonie Randy Blythe s’avère par ailleurs plus emprunt à s’aventurer sur les voies de la diversité, le frontman n’hésitant pas à dévier vers des horizons plus clairs (« In Your Words », résolument le meilleur titre de ce Wrath, « Fake Messiah ») sans pour autant sombrer dans des lignes mélodiques typées metalcore. Ce changement de registre vocal, utilisé avec parcimonie par Blythe, apporte aux titres un véritable relief. Son chant grave et rauque reste par ailleurs toujours aussi soigné et s’intègre une nouvelle fois à merveille aux tissus instrumentaux rouleau-compresseurs posés sur bandes par les musiciens.
L’enfant terrible de Pantera livre avec Wrath un excellent disque, à classer parmi les meilleurs d’une discographique qui ne compte pas de véritable faux pas. Au vu de la qualité de l’ensemble, il était devenu indispensable que Lamb Of God s’adjoigne les services d’une distribution digne de ce nom en Europe.
.: Tracklist :.
01. The Passing
02. In Your Words
03. Set To Fail
04. Contractor
05. Fake Messiah
06. Grace
07. Broken Hands
08. Dead Seeds
09. Everything To Nothing
10. Choke Sermon
11. Reclamation