Signé depuis son très bon deuxième album Alive Or Just Breathing sur le label metal le plus en vue du moment, Killswitch Engage s'est placé comme fer de lance d'un mouvement metalcore à l'époque émergent. Alors que bon nombre de groupes éclosent ces dernières années, la formation du Massachusetts relevait un nouveau défi lors de la sortie de The End Of Heartache : Prouver qu'elle méritait toujours de figurer dans le peloton de tête malgré le départ de son vocaliste.
Fort heureusement, la réponse est oui. Issu de la scène hardcore, l'imposant Howard Jones vient prendre place derrière le micro avec le même charisme que son successeur. Témoignant d'une voix débordant de puissance, le nouveau frontman du quintet parvient à livrer une performance qui ne déroutera pas radicalement l'auditoire de Killswitch Engage, son timbre s'avérant assez proche de celui de Jesse Leach sans pour autant en singer les performances. L'utilisation et la répartition des différents registres vocaux ne subit pas un remaniement complet, Jones appliquant comme la plupart des formations metalcore le chant clair, par ailleurs parfaitement maîtrisé et accrocheur, sur une grande majorité de refrains (« When Darkness Falls », « Breathe Life », « Hope Is… », appuyé par des backing vocals scandés). Si la portée des hurlements ne faiblit à aucun moment, on notera néanmoins que le terrain délivré en faveur des tirades mélodique se veut grandissant (« World Ablaze », « A Bid Farewell ») débordant même à plusieurs reprises sur les couplets (le très mélancolique « The End Of Heartache »). Ce léger changement n'occasionnera cependant aucune gêne particulière, la prestation de Jones restant dans l'ensemble suffisamment enragée pour ne pas donner l'impression d'avoir à faire à un groupe opportuniste, ce à quoi contribue grandement la production vallonnée assurée par la tête pensante Adam Dutkiewicz (guitariste et auparavant batteur).
Si l'évolution est donc minime dans le chant, elle reste par ailleurs inexistante dans les instrumentations. La recette reprend les mêmes ingrédients, le quintet construisant ses morceaux sur les mêmes structures que l'album précédent. Cela ne s'avère pas gênant pour autant, The End Of Heartache témoignant de suffisamment de savoir-faire et d'énergie pour largement compenser ce petit manque d'originalité. Parfaitement équilibré et adaptés aux variations de leur chanteur, les musiciens vacillent entre hargne et mélodies rebondissantes (« Rose Of Sharyn ») incluant dans leur son des influences propres au metal des années 80 aussi bien qu'à des sonorités plus actuelles. Les attaques de riffs incisifs s'enquillent sans problème sur des accords plus lents et soutenus lorsque vient le refrain (« When Darkness Falls, « Take This Oath »), la paire Stroetzel / Dutkiewicz n'hésitant pas à dédoubler et superposer les parties de guitares, prouvant une nouvelle fois son excellent niveau technique et se payant même le luxe d'accoucher de deux courtes plages instrumentales acoustiques posées afin de lancer en douceur la tempête à venir (« Inhale » et « And Embers Rise »). Le nouveau batteur Justin Foley amène également un jeu totalement adapté à la situation, ne cherchant pas à en faire des tonnes mais sachant sortir l'artillerie lourde lorsque cela s'avère nécessaire (la rythmique quasi-martiale de « Wasted Sacrifice »).
Si The End Of Heartache n'est pas une œuvre d'une originalité débordante, on ne pourrait guère reprocher à Killswitch Engage de surfer sur la vague, le groupe rentrant dans les quelques précurseurs qui on contribués à lancer le mouvement. Un bon album, qui permet de présenter un digne successeur totalement polyvalent en la personne de Howard Jones.
.: Tracklist :.
01. A Bid Farewell
02. Take This Oath
03. When Drakness Falls
04. Rose Of Sharyn
05. Inhale
06. Breathe Life
07. The End Of Heartache
08. Declaration
09. World Ablaze
10. And Embers Rise
11. Wasted Sacrifice
12. Hope Is…