Réduire Jenx à une sorte de caution Indus de la Klonosphère serait se tromper sur la marchandise; loin d’être un clone de Ministry ou autre Nine Inch Nails, le combo bordelais fait avant tout preuve d’une maestria certaine lorsqu’il s’agit d’œuvrer dans un monde avant tout très métallique. Si les structures et la grandiloquence froide des arrangements nous enverraient plutôt vers Fear Factory, le chant quant à lui nous évoque un Jonathan Davis qui s’exprimerait sans concession dans le registre grave («The Flood»). Mais la basse très lourde donne une chaleur au son qui nous éloigne des tribulations habituellement glacées de l’Indus pour plutôt nous emmener rôtir dans les flammes de l’enfer Métal.
Véritablement intégrées à l’ensemble Métal traditionnel, les machines sont à la fois instruments à part entière et créatrices d’ambiances, tantôt appuyant là où ça fait mal sur de grosses rythmiques lourdes («Chains Of Labor»), ou alors totalement atmosphériques et électro-déjantées très proches de l’univers de Trent Reznor («Nibiru», «Sycamore Part II»), Oui, Nine Inch Nails ressort un peu sur cet album, et alors? Les pérégrinations sombres au clavier et machines portent forcément toujours un peu vers le monde de Reznor, tant il a déjà exploré ces contrées, et chez Jenx, c’est tout sauf une pâle copie du maître, juste une capacité à faire revivre des émotions similaires.
Il y a beaucoup de choses dans ce Enuma Elish, beaucoup d’intensité exprimée sous différentes manières… si on regrette un peu que le chant n’aille pas un peu dans d’autres directions mélodiques, il donne une sorte d’unité au son de Jenx. Et le gros intérêt de l’opus est aussi de nous offrir des titres lourds et efficaces comme l’éponyme «Enuma Elish» ou celui de l’entrée en matière «The Flood» à côté d’autres titres plus intimistes et propres à leur univers musical dans lesquels on a plaisir à se perdre. Les Jenx savent faire des riffs simples et détonants dans l’esprit des allemands de Rammstein par exemple, ce qui en fait un groupe riche musicalement, mais qui (on l’espère) aura une vraie possibilité de faire connaître son univers au plus grand nombre par ces titres plus abordables.
Le monde de Jenx est complexe, le concept d’Enuma Elish nous amenant à réfléchir sur l’origine de l’Homme et son évolution à travers les âges. Même si on sait que les thèmes évoqués dans un album ne sont pas la préoccupation principale des auditeurs, il est toujours intéressant de savoir qu’un combo s’attaque à des sujets aussi profonds que l’Exogénèse ou la Théorie du Complot. Et si le groupe s’attelle aussi à des tâches différentes que l’habituel duo album/tournée, en réalisant notamment la bande-son d’un film muet, «The Call Of Cthulu», qui devrait bientôt sortir en DVD et donner lieu à des représentations, c’est une preuve de plus du caractère original du groupe et de sa volonté de nous emmener ailleurs, ou peut-être simplement au plus profond de nous-mêmes. Tout ce dont on est sûr, c’est que le voyage ne nous laissera pas indifférents.
.: Tracklist :.
1. The Flood
2. Burning Pride
3. Chains of Labor
4. RFID
5. Nibiru
6. Enuma Elish
7. The Loss
8. Blood Obsession
9. The Ordeal
10. Sycamore Part I
11. Sycamore Part II (instrumental)