Inevitable End. Un nom annonciateur de l’apocalypse sonore proposée par quatre musiciens fous furieux rongés par un appétit de brutalité démesurée. Originaire de Suisse, la formation sort avec The Severed Inception son tout premier opus, supporté par le label Relapse Records. Inconnu au bataillon jusqu’ici, le groupe pourrait bien faire grand bruit au vu de la teneur de ses premiers travaux, et s’inscrire aux côtés de Mumakil comme une valeur sûre d’un metal ultra-virulent et totalement décomplexé.
The Severed Inception n’est pas un disque aisé d’accès. Plus proche du brutal-death au niveau du format de ses compositions, le groupe cultive cependant un certain esprit grind à travers de nombreuses poussées d’adrénaline teintées d’une folie quasi-salvatrice. Les quatre musiciens n’hésitent pas à exécuter leurs instrumentations à cent à l’heure, adoptant un son de guitare acéré comme une lame de rasoir couplé à une batterie épileptique au possible (« Persevering Incitement », « Firstborn Of All Dead »). Survoltés, les plans s’enquillent et se superposent sans suivre de véritable ligne conductrice, Inevitable End adjoignant à ses tissus complexes une dimension purement chaotique par la sur-exploitation de sons aigues et distordus (« The Severed », « Collapse In Reverse »). Les guitares agissent en électrons libres et virevoltent plus volontier dans les sonorités stridentes que dans les gros riffs plombés, bien que ces derniers ne viennent compléter la formule complètement allumée posée sur bandes par le quatuor. The Severed Inception se profile comme un album particulièrement versatile, qui bien que sans détours sait (légèrement) varier les ambiances et proposer un résultat moins linéaire que les formations de grind lambda. Ce qui n’empêche pas pour autant Inevitable End de se parer d’un aspect purement défouloir par une brutalité souvent exacerbée.
Si ces neuf morceaux pourront paraître relativement foutraques aux premières écoutes, ceux-ci témoignent de quelques cassures rythmiques (« Dreamsight Synopsis ») rendant l’ensemble relativement plus digeste qu’une pure déferlante de grind sans concessions. Inevitable End ne tarit à aucun moment son goût pour la violence, mais les quelques ralentissements de tempos parsemant The Severed Inception apportent aux morceaux quelques (discrètes) bouffées d’air frais. Des incartades moins viscérales que ne connaît pas le hurleur en chef Andreas Gerdén, qui s’épanche dans un chant ultra-braillard du début à la fin de l’album. Rien de bien révolutionnaire, contrairement aux instrumentations qui témoignent d’une certaine originalité, mais les lignes évoluant entre éructions criardes et growls d’outre-tombe s’avèrent purement jouissive et maitrisées (« Persevering Incitement », « The Art Of Corruption »).
Neuf titres, dix-huit minutes au compteur, Inevitable End ne fait pas dans le superflu et balance la sauce sévère. Dommages collatéraux garantis : a consommer sans modération.
.: Tracklist :.
01. The Severed Inception
02. Dreamsight Synopsis
03. Embracing The Origin
04. Persevering Incitement
05. Collapse In Reverse
06. Distorted
07. Firstborn Of All Dead
08. Apprentice Luminous Acquaintance
09. The Art Of Corruption