Cela faisait quelques semaines déjà que nous parlions régulièrement de l’arrivée de Shores Of The Abstract Line, le nouvel opus d’Hypno5e. Il est temps pour tout le monde de parler de cette nouvelle baffe sensitive.
C’est bien simple, à ce rythme l’identité musicale d’Hypno5e devrait s’imposer sous peu, comme LA référence, comme l’exemple à suivre en matière de proposition et de savoir-faire de la scène metal française. Pas une seule faute dans cet album, comme pour les précédents à leurs époques respectives, si tant il ne relèverait finalement pas du pur snobisme de journaleux de vouloir en trouver avec du recul. Même si le style n’a pas changé, bien qu’on ne le souhaite pas forcément, les riffs sont encore plus raffinés, différents, expressifs, les passages doux sont encore plus poétiques qu’avant, et la voix d’Emmanuel s’est perfectionnée sur tous les plans… Évoluer à ce point, c’est rarement vu, et on ne pouvait pas s’attendre à un tel résultat. Shores Of The Abstract Line est une merveille musicale.
Hypno5e, pour moi l’un des meilleurs espoirs de la scène française, c’est un groupe qui joue et qui aime jouer sur plusieurs plans, sans jamais permettre à qui que ce soit de pouvoir définir son style de musique. Cela fait 9 ans déjà que le premier album, De Nous Deux L’Un Est L’Autre, est sorti. Si ce dernier n’a pas pris une seule ride, Hypno5e a toujours su proposer par la suite davantage d’exploration, de richesses et d’expérimentation pour le quatuor montpelliérain. On note une croissance constante d’affinement et d’intimité dans leur créativité. Plus le groupe compose, plus il s’expose. Acid Myst Tomorow, le second opus sorti en 2012, laissait déjà présager le sérieux et la ténacité dont le groupe sait faire preuve. Shores Of The Abstract Line n’en déroge pas à la règle, et on aime ça.
Côté musical, Hypno5e nous sert toujours des riffs saignants aux rythmiques incisifs, qui misent même un peu plus en rapidité et en brutalité. Le contraste avec les arrangements orchestraux et passages atmosphériques entre autres composés de samples narratifs de films ne s’en retrouve que plus intenses, tant ceux-ci gagnent en mysticité et en linéarité. J’entends linéarité dans le sens où la trame conceptuelle est plus évidente que sur les albums précédents. Avec ce gros gain de maîtrise, pas nécessairement demandé (puisque le niveau était déjà haut) et une prod aux petits oignons, on n’a aucunement peur de dire qu’on exit carrément le label « metal expérimental » pour rejoindre totalement avec force, la catégorie « metal progressif », histoire de coller une ou deux étiquettes à ce groupe qui demeurera toujours, avec majestuosité, multi-facettes. Non pas que je sous-entende que l’expérimental soit en dessous du prog, hein. C’est juste histoire de dire que l’expérimentation devient plus formelle à mesure de sa progression. Bref.
Côté guest-stars, voilà une petite liste (incomplète, on préfère vous laisser quelques surprises) d’auteurs et artistes présents dans les samples choisis pour ce nouvel opus : vous aurez le droit à toute la délicatesse, la nostalgie et la poésie d’Yves Bonnefoy, Louis-Ferdinand Céline, Hemingway… On s’arrêtera là. Le reste c’est à vous de le découvrir par vous-même.
En tout cas, clairement Hypno5e signe là son meilleur album, comme à chaque fois, même si c’est difficile de s’avancer sur le sujet avec seulement trois galettes au compteur
Avec une telle flèche à son arc, Hypno5e vise très haut et compte bien embrocher en douceur cœurs et cerveaux de tous les metalheads sur leur ligne de mire, soit ce qui pourrait bien être la planète entière, voire au-delà. Ce n’est pas pour rien si l’album sort chez Pelagic Records (Cult Of Luna, The Ocean, The Old Wind, Ef, Mono, God Is An Astronaut et j’en passe…), c’est simplement parce qu’Hypno5e a le pouvoir de donner de nouvelles couleurs au paysage metal international, tout comme ses comparses.
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Hypno5e @ Facebook / Bandcamp / Pelagic Records
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Màj : l’album est disponible en streaming sur YouTube