Comptant parmi les tous premiers membres de la vague néo-métal avec un excellent opus éponyme dès 1998, la destinée de (Hed) Planet Earth n'aura étrangement jamais été synonyme de franc succès. A la suite d'un Blackout qui récoltera les foudres injustifiées des critiques, le futur du groupe semblait des plus compromis. Le guitariste fondateur Wes Geer tourne le dos à ses camarades, bientôt suivi par Sonny Mayo et B.C., puis du label Jive qui jette les trois survivants dehors pour cause de résultats considérés insuffisants.
Autoproduit et enregistré dans l'appartement de Jahred (chanteur et auteur de la totalité des douze morceaux) avec des moyens forcément limités ainsi qu'une production bien moins grandiloquente que l'album précédent, le son de Only In Amerika s'en éloigne donc radicalement. Moins porté sur les riffs accrocheurs, (Hed)PE effectue un retour aux sources, explorant de nouveau des chemins hybrides, à cheval entre Rock et Hip-Hop clinquant. La formation californienne semble désormais libérée, et ose enfin aller au bout de ses envies en intégrant de nouveau un phrasé hip-hop digne de Broke à sa base instrumentale.
Le débit effréné aux paroles résolument second degré (Only In Amerika ne prônant nullement la supériorité de l'homme, malgré la récurrence de l'expression « Bitch ») adopté par Jarhed ne laisse aucune chance à la censure. Délivrant un nombre de grossièretés à la minute relativement impressionnant et à mille lieux des discours défaitistes et parfois aussi ridicules que pleurnichards habituellement avancés par la profession, la bonne humeur communicative et le soleil californien imbibant les dires du frontman.
Les instrumentations paraissent d'emblée moins lisses, et si le groupe perd légèrement en puissance, il y gagne bien plus en sincérité. DJ product 1969 réintègre son rang d'origine en se démarquant de nouveau du reste de la bande, illustrant la musique de (Hed)PE de samples et autres effets de platines bien sentis. Certaines compos délaissent clairement le monde du metal, reléguant la guitare à un simple instrument d'arrière fond au profit de lignes de basses appuyées (« Wake Up », « The Box » ou encore la plage cachée de l'album). Cette composante emblématique n'a pas pour autant été effacée et réserve même une surprise de taille par la présence de solos réussis et entêtants (l'efficace et excellent premier single « Raise Hell », « Voices », « The Truth »).
(Hed)PE semble avoir enfin trouvé son juste milieu, et ressuscite grâce à l'existence de labels indépendants passionnés de musique et non de gros chiffres (Koch pour les Etats-Unis et Versus pour la France).
.: Tracklist :.
01. Foreplay
02. Represent
03. The Truth
04. Wake Up
05. War
06. The Box
07. CBC
08. Voices
09. Raise Hell
10. Amerikan Beauty
11. Chicken
12. Daydreams
13. Not Ded Yet