A l’heure ou une blonde pulpeuse (malheureusement) échappée de No Doubt envahissait les charts à grand renfort de niaiseries plutôt navrantes, quatre jeunes musiciens en herbe se regroupaient sous un patronyme emprunté aux histoires de Spiderman et prêtant à confusion. Les comparaisons s’arrêteront cependant là, tant le quartet tend à prouver avec The Life I Know tout son sérieux en matière de tabassage auditif en règle. Car avec seulement quatre années au compteur, la formation est parvenue à investir la cour des grands avec une facilité presque déconcertante.
Révélation du label Ferret oblige, il y avait fort à parier que Gwen Stacy donne dans le metal hardcorisé jusqu’au bouts des ongles, mouvance en vogue flirtant dangereusement avec l'overdose ces derniers mois. Bonne pioche, les américains parviennant à se hisser sans problème aucun vers le haut du panier, à condition de n’espérer de la part de The Life I Know aucun apport d’éléments novateurs. Car ce premier jet adopte sans surprise une forme ultra-conventionnelle, appliquant sans sourcilier les règles d’un mouvement lancé à l’aube des années 2000 par les indétrônables Killswitch Engage. Riffs en acier trempés, rythmique saccadée rageusement martelée à grands renforts de double-pédale, respect des traditionnels enchaînements couplet / refrain / couplet, The Life I Know ne mise guère plus sur l’originalité que sa conséquente concurrence. Les américains s’autorisent cependant quelques chemins de travers qui ne seront pas sans jouer sur le mordant de l’ensemble. Car si le pilonnage incessant n'exclue aucunement quelques dérives mélodiques dans les recoins, Gwen Stacy n’use cependant de cette atout non négligeable auprès du grand public qu’avec une réelle parcimonie (la pause ambiancée et satinée de percussions électroniques « Sleeping In The Train Yard »), avançant de façon bien plus prononcé un côté furieux qui se fourvoie sans détour dans une belle série d’uppercuts dénués de tous temps morts. Déchargé de ce côté parfois opportuniste dont souffre la scène metalcore, Gwen Stacy parvient même à quelques occasions à lorgner vers un hardcore pur et simple.
En marge de ces compositions directes et efficaces, le groupe n’hésite pas à changer sa rythmique le temps d’un morceau à l’ambiance pesante, obscure échappée vers des horizons déshumanisés (la seconde partie de ce même « Sleeping In The Train Yard »), voire à greffer au sein des ossatures quelques accords dissonants flirtant avec les aigus en lieu et place du riff d’ordinaire martelé à l’infini (« Playing God Is Playing For Keeps »). Si ces éléments s’avèrent relativement rares, ils n’en sont pas moins appréciables. Le chant de Cole Wallace témoigne de choix similaires, appliquant d’un côté une désormais traditionnelle dualité chant clair / rauque sans pour autant laisser un terrain trop dégagé et prévisible à l’arrivée de tirades mélodiques redondantes. Car bien que doté d’une certaine aisance dans les parties les plus mélodiques et envolées (« The Path To Certainty », « If We Live Right, We Can’t Die Wrong »), le frontman ne s’efforce pas toujours d’en tartiner copieusement chaque refrain (« I Was Born With Two First Names », meilleur morceau de l’album doté d’un tempo lent et férocement appuyé). Un équilibre vocal qui apporte à The Life I Know une véritable cohérence, à défaut d’une originalité exacerbée.
En douze titres, Gwen Stacy se fend d’une première livraison qui parvient à légèrement mieux s’extirper de la masse. Si les américains ne révolutionnent aucunement le genre, ils parviennent néanmoins à en éviter certains pièges. Un bon album qui pourrait bien matérialiser la première pierre d’une carrière hors de l’ombre.
.: Tracklist :.
01. The Path To Certainty
02. I Was Born With Two First Names
03. Challenger Pt. 2
04. If We Live Right, We Can't Die Wrong
05. What Will Happen If I Hit Enter
06. The Fear In Your Eyes
07. Playing God Is Playing For Keeps
08. Falling From The Fence
09. Sleeping In The Train Yard
10. Gone Fishing. See You In A Year
11. Paved Gold With Good Intentions
12. I'll Splatter You Like Jackson Pollock