Josh Wilbur, en charge de la production énorme mais infiniment subtile de cet album travaille sur les extrêmes, conservant les basses et graves caractéristiques du son du groupe, en apportant de la lumière sur les parties progressives et mélodiques qui pourraient durer encore plus longtemps, tellement elles sont réussies. Rien d’exceptionnellement nouveau au niveau du son, ne serait-ce que le fait que Gojira se détourne de plus en plus des groupes de Métal traditionnels, par sa touche progressive et son approche des breaks qui les rapprochent désormais plus des groupes de Post-Core comme Isis, que des mastodontes du Métal tels Machine Head ou Lamb Of God, Jean-Michel (basse) n’y étant pas tout à fait étranger, de par son intérêt pour ces groupes.
Et puis? Eh bien, de la claque initiale d’ «Explosia» et son final fantastique digne d’un film d’Ennio Morricone, à l’agonie dantesque de «The Fall», tout l’arsenal de Joe Duplantier et sa bande passe par nos oreilles ajouté à des performances vocales toutes nouvelles. Si «L’Enfant Sauvage» élevait d’entrée le niveau du débat avec une violence inouïe et un chant effarant d’intensité, on succombe tout de suite après face aux parties de double-pédale démentielles de «The Axe», ou les atmosphères sublimes couplées à un chant d’anthologie sur les refrains de «Liquid Fire». Un interlude presque Stoner («The Wild Healer») vient faire un peu redescendre la pression avant un autre chef d’oeuvre de l’album «Planned Obsolescence», qui ne tient pas pour rien une place centrale dans l’opus. Si le titre démarre en trombe sur un rythme supersonique, il part dans des méandres mélodiques dissonants qui englobent l’auditeur dans un univers unique, où les détails rythmiques et harmoniques subliment le désespoir. Avant un final électronique éblouissant de douceur où le monde de Trent Reznor n’est plus si loin.
Et que dire de cette étonnante partie ternaire sur «Mouth Of Kala» ou encore du futur hymne «The Gift Of Guilt» avec tapping hypnotique et refrain dingue d’efficacité et d’émotion? Il est clair que l’intégralité du public de Gojira ne sera pas forcément sensible à cet album, qui joue sur la fibre émotionnelle ainsi que sur le côté hypnotique des compos du groupe. Les gros riffs déboulonnants ne sont pas absents de cet album, bien au contraire, mais ce n’est pourtant pas ce que l’on retient le plus. Juste une impression d’avoir été happé dans un tourbillon d’émotions contradictoires, d’être entré dans une transe jubilatoire où même le mot «Métal» n’a plus de sens. A la manière d’un The Downward Spiral de Nine Inch Nails ou d’un Lateralus de Tool. Quand on sent que l’alchimie du combo tutoie les sommets, et qu’il est difficile de passer à autre chose après son écoute. En somme, quand on tient entre les mains un album d’exception.
.: Tracklist :.
1. Explosia
2. L’Enfant Sauvage
3. The Axe
4. Liquid Fire
5. The Wild Healer
6. Planned Obsolescence
7. Mouth Of Kala
8. The Gift Of Guilt
9. Pain Is A Master
10. Born In Winter
11. The Fall