Artwork sombre comme il se doit, présence d’une demoiselle au maquillage charbonneux et aux apparats gothiques derrière le micro ainsi que bon nombre de dates partagées avec les pointures d’Epica, tout laissait présager en Ebony Ark une énième formation sympho sans once d’originalité, avec tout ce que cela comporte de claviers aussi grandiloquents qu’ennuyeux. When The City Is Quiet, second témoignage discographique d’un sextet qui avance prudemment mais sûrement en direction de la reconnaissance, est pourtant loin de l’ennui pressenti. Espagnols d’origines, les musiciens d’Ebony Ark comptent bien tenir la dragée haute à leurs cousins nordiques.
La formule annoncée sur ce When The City Is Quiet n’a pourtant rien de foncièrement originale, le groupe ne risquant en rien de révolutionner un mouvement de « metal à chanteuse bardé de synthés » que seul The Gathering est parvenu à véritablement transcender. Mais si Ebony Ark n’exprime pas un tel goût du risque, force est de constater que les espagnols mettent en plat une tambouille d’ordinaire quasi-surannée avec un véritable talent de composition. Ce second opus fait même preuve d’une science bien affinée du refrain qui accroche, envolées mélodiques de rigueur pour lesquelles même une relative prévisibilité n’entache en rien l’efficacité (un « If Only… » redoutable balancé d’entrée de jeu). La réussite du groupe tiendra sans nul doute du fait que les compositions ne s’embourbent à aucun moment dans des ambiances gothico-dépressives redondantes et mille fois usitées, les espagnols maintenant tout du long un tempo plutôt relevé. La batterie se chargera à ce niveau de dresser un canevas rythmique suffisamment entraînant, évitant par ailleurs de s’étancher dans un matraquage appuyé inutile afin de conserver une véritable fluidité et de n’entacher en rien la réelle facilité d’accès dont témoigne la musique du combo (le très bon « So Close, Sor Far », « Redemption », « Out In The Cold »). Ebony Ark a correctement équilibré sa balance, couchant sur bandes des instrumentations habillées de riffs péchus n’oscillant cependant jamais vers le décapant, l’employé de service se passant bien volontiers des démonstrations de technique. Dommage, tant l’apport d’un solo plutôt burné à l’occasion (« Endless Road », « We’re Here Now ») permettait l’exploration d’horizons nouveaux et épiques. En place et lieu, le groupe se contentera bien souvent d’alterner les ambiances en taisant l’électricité, histoire de jouer sur les émotions. Acceptable bien que convenu.
Néanmoins, et malgré ces quelques lacunes, Ebony Ark parvient en treize titres à marquer sa différence. Souvent trop envahissant chez la concurrence, l’apport de l’électronique et des claviers dont fait preuve la formation est ici bien plus intéressant que la moyenne. Le dénommé Diego n’hésite en effet pas à varier les plaisirs, se permettant même quelques accompagnements parfois véritablement originaux (les sonorités typées orientales-playschool abordées au cours d’un « True Friendship Never Dies » au titre pourtant horriblement cliché). Le musicien ne se rendra même fautif que d’une unique intervention savamment pompeuse (« For You », probable témoignage amoureux plus que dispensable, véritable point noir à la rythmique asthmatique), satinant heureusement le reste du temps les tessitures de guitares de tirades discrètes et raffinées, instaurant même parfois un climat quasi-black metal sympho aux encornures (« If Only… »). Le chant de Beatriz Albert est enfin l’inestimable joyau de Ebony Ark. Logiquement à l’aise dans les envolées lyriques les plus hautes perchées (« Out In The Cold », l’introduction opéra de « When The City Is Quiet »), la demoiselle fait preuve d’une palette vocale étonnamment large. Si la voix se contente d’évoluer dans un registre clair, celle-ci parvient en effet à lui insuffler une certaine virulence, modulant vers des tirades rugueuses appréciables (« If Only… »).
When The City Is Quiet possède quelques très bon atouts dans son jeu, mais fait par ailleurs preuve d’une certaine répétitivité dans ses constructions instrumentales. Le détail reste cependant minime, et Ebony Ark parvient en treize morceaux à emballer un second disque qui se joue des règles du genre de façon plus osée que d’ordinaire. A découvrir.
.: Tracklist :.
01. If Only…
02. Ecstasy
03. So Close, So Far
04. Endless Road
05. Sincerely
06. True Friendship Never Dies
07. We're Here Now
08. Redemption
09. For You
10. Enough Is Enough
11. Out In The Cold
12. When The City Is Quiet
13. A Merced De La Iluvia