Bien qu’évincé de la reformation de Fear Factory pour incompatibilité d’humeur, le ventripotent Dino Cazares n’en poursuit pas moins son petit bonhomme de chemin puisque Divine Heresy est déjà son troisième projet. Un groupe il dont est l’investigateur principal, mais pour lequel il a tenu à s’entourer de coéquipiers aussi compétents. Tout d’abord accompagné de la frappe épileptique de Tim Yeung, batteur des Blackeux de Vital Remains, le guitariste met vite la main sur une perle rare répondant au nom de Tommy Vext, chanteur inconnu qui mériterait à sortir de cet anonymat.
Car si Dino Cazares possède à ce jour le background musical le plus prestigieux, Vext demeure incontestablement la petite touche qui fait de ce Bleed The Fifth plus qu’un très bon album. Doté à la manière d’un Burton C. Bell d’un chant parfaitement caméléon, le frontman habille les brutales instrumentations de ses compères d’une grande variété de tirades vocales, usant avec parcimonie d’un chant clair justement posé sans sombrer dans les pièges de la surabondance et de la facilité. Ces incartades permettent bien souvent à Divine Heresy de casser la routine et la monotonie qui en découle inévitablement, amenant subitement le titre vers des horizons plus aériens le temps d’un refrain efficace (« Savior Self », « Impossible Is Nothing », la ballade de conclusion « Closure »). Tommy Vext parvient aisément à trouver le juste milieu, quitte à dépouiller certaines compositions de toute intervention mélodique inutile afin de se concentrer avant tout sur des hurlements bestiaux qu’il parvient à moduler à merveille (le « Bleed The Fifth » d’ouverture, « False Gospel »), celui-ci n’abusant aucunement de ses pourtant impressionnantes capacités à grimper dans les hauteurs.
Malgré cette volonté d’allier quelques mélodies envolées avec brutalité animale, Divine Heresy ne tombe pas dans les travers d’un néo-metal calibré pour les ondes radiophoniques mais ne pouvait en contre-partie que rappeler au bon souvenir du Fear Factory première génération, celui qui livrait au milieu des années 90 un diptyque Demanufacture / Obsolete de référence. Si la manière d’aborder le chant reste ici similaire aux variations dont se montre capable le célèbre contremaître de l’usine, la composition des instrumentations reste sensiblement la même. Tant mieux. Ces petites attaques à répétition et autres riffs en acier trempés martelés avec une enragée insistance par la batterie de Yeung s’avèrent toujours aussi meurtriers, l’impact et la puissance de cet ensemble instrumental compact et écrasant de lourdeur se montrant de plus parfaitement mis en exsangue par le binôme de producteurs Logan Madder (ex-Machine Head) / Lucas Banker. Les parties de batteries posées sur bandes par l’excité de service Tim Yeung demeurent de plus encore plus dévastatrices que chez l’ex-formation de Cazares, passé black-metal oblige en ce qui concerne leur investigateur. Le bonhomme fait une utilisation de la double-pédale quasi-continue et fracasse son set dans tous les sens du terme, stoppant son martelage intensif à seulement quelques rares occasions. Quelques secondes pour poser un break virevoltant, voire s’aventurer à peine plus de dix secondes vers des terrains flamencos obscurs sur lesquels Marc Rizzo (Soulfly) est passé maître et vient donc logiquement apporter son aide (« Rise Of The Scorned »).
Le seul défaut dont pourrait souffrir Bleed The Fifth reste sa trop courte durée. Mais si ces dix compositions s’enfilent à une vitesse presque affolante, Dino Cazares tient désormais sa revanche sur ses anciens camarades de jeu. Un des albums à ne pas louper en cette rentrée 2007.
.: Tracklist :.
01. Bleed The Fifth
02. Friled Creation
03. This Threat Is Real
04. Impossible Is Nothing
05. Savior Self
06. Rise Of The Scorned
07. False Gospel
08. Soul Decoded (Now And Forever)
09. Royal Blood Heresy
10. Closure