Aujourd'hui instruments promotionnels à part entière, Myspace et Pure Volume auront permis à Dead Man In Reno d'attirer l'attention d'une petite poignée de labels. Bénéficiant quelques mois plus tard d'une distribution au niveau mondial, on en vient à conclure que la formation a indiscutablement eu du flair en ne négligeant à aucun moment ces nouvelles technologies, même si l'avenir de ce groupe originaire de Tuscaloosa n'a que peu de chances de s'étendre sur les fréquences radiophoniques calibrées teenagers.
Underground, Dead Man In Reno l'est jusqu'au bout des doigts de pieds. Dans cette optique, le quatuor ne concédera à aucun compromis quant à la composition des dix morceaux qui forment ce premier opus éponyme et enregistre l'ensemble de ce premier essai en à peine dix jours. Bien que tout à fait convenable, le son concocté par Jamie King fait donc preuve d'une authenticité appréciable, évitant avec brio la sur-production bien souvent trop froide et plate. Emballé dans un artwork somptueux, Dead Man In Reno est un concentré de violence à l'état brut hautement corrosif et ne cédant à aucun moment à la facilité, mené par une batterie tout aussi violemment inspirée. Bien plus hargneux que la plupart des formations metalcore en vogue à l'heure actuelle, le quatuor en adopte pourtant les sonorités en puisant dans les grands classiques du metal afin de les marier avec des riffs incisifs et abrasifs d'influences hardcore. Allongeant parfois à l'extrême ses plans de guitare, notamment par une bonne livraison de solos et d'effets bien old-schools (« From Here I Can See The Shore », « Lovestainedrazorblades », « She's Tugging On My Heartsings», véritable montée en puissance sur près de six minutes), Dead Man In Reno fait preuve d'une technicité instrumentale surprenante pour une formation livrant son tout premier essai discographique.
Les structures de ces dix compositions n'ont en effet absolument rien de bancal ou de maladroit, s'avérant même parfois déboussolantes par des changements de tempos et d'ambiances inattendus, à l'image d'un « Goddbye Tomorrow, Hello Dead Letters » difficile à cerner de premier abord mais néanmoins excellent, ou encore des derniers instants quasi-symphoniques de l'épique « Cursed ». Encore plus surprenant, les musiciens s'accordent même une courte pause acoustique (« Given A Season Of Sun »), choix rarement constaté pour un disque de cet acabit. Tout comme pour les instrumentations, le penchant mélodique ne viendra qu'à de rares occasions s'introduire dans les tirades vocales, puisque l'on ne dénotera de courts passages de chant clair fort bien interprétés qu'une fois passée la première moitié du disque (la conclusion de « The Devil Made Him Do It », « Cursed », « Even In My Dreams », « Lovestainedrazorblaes »). Pour le reste, le viscéralement parlant et les hurlements torturés restnt dominants, enveloppant l'auditeur dans les noires abymes d'une colère et d'un mal-être trop longtemps refoulés.
Véritable bloc de béton armé, Dead Man In Reno est un disque difficile d'accès, à découvrir au fur et à mesure des écoutes. Avec une musique sombre et percutante, ces quatre musiciens viennent démontrer que la nouvelle scène Américaine regorge encore de bonnes idées, reste au public à gratter la surface populaire…
.: Tracklist :.
01. To Attain Everything
02. From Here I Can See The Shore
03. She’s Tugging On My Heartstrings
04. Given A Season Of Sun
05. Goodbye Tomorrow, Hello Dead Letters
06. The Devil Made Him Do It
07. He Said, She Said
08. Cursed
09. Even In My Dream
10. Lovestainedrazorblades