Il arrive parfois de se demander comment un rassemblement de musiciens « humains » peut accoucher de l'étrangeté que l'on tient entre les mains. C'était assurément le cas des extraterrestres parisiens de Comity lors de la sortie de The Deus Ex Machina As A Forgotten Genius, délivré au cours de l'année 2003. Après une discrète incursion sur le territoire américain, la formation propose une nouvelle fois avec … As Everything Is A Tragedy une œuvre à mille lieux du commercialement banquable.
Avec un nouvel opus coulé dans un moule résolument hors normes, Comity pourrait prétendre sans hésitation au podium des bizarreries les plus difficiles d'accès. Adoptant une démarche proche de celle des anglais de Ephel Duath, les musiciens donnent libre court à toutes leurs envies délirantes, expérimentant les bruits et les dissonances sur près de 55 minutes. Agressif et sévèrement torturé, le son adopté par le quartet reste absolument inclassable, bien qu'oscillant aux extrémités de la sphère post-hardcore. Les ambiances s'enchaînent et ne se ressemblent pas, passant subitement et sans prévenir d'un passage arraché ultra-saturé mené par une batterie épileptique à une envolée plus mélodique, presque atmosphérique, simplement habillée de quelques notes suspendues en apesanteur, même si cela s'avèrera bien plus rare. Les accords et riffs de guitares se veulent dissonants, lourds et viscéralement habités, à tel point que ceux-ci s'avèrent véritablement écorchant pour l'oreille lors des premières écoutes.
Dénué cette fois-ci de Track-list, …As Everything Is A Tragedy ne pourra être perçu comme un assemblage de morceaux, mais nécessitera d'être abordé comme une œuvre à digérer d'une seule traite, un choix qui risque bien de rendre la musique du groupe encore moins abordable que par le passé. Aucune structure n'est décelable, ce qui aura pour effet de fortement dérouter les adeptes des compositions radiophoniques construites autour du traditionnel couplet – refrain – couplet, puisque très peu de phrases musicales seront exposées plus d'une unique fois. Les rythmiques déglinguées s'emballent aussi vite qu'elles ne se plombent, déroulant un véritable tapis de jeu pour l'impressionnant organe vocal de Thomas, qui bien que relativement peu présent en comparaison des instrumentations, impose un timbre écorché vif et guidé par un sentiment de hargne manifeste.
Intéressant bien qu'extrêmement tordu, il paraît presque inutile de conseiller ou non l'écoute de …As Everything Is A Tragedy. Chacun se fera sa propre idée, s'il parvient jusqu'au point final de cet album, véritable apothéose ou le chaos recherché par Comity laisse place à quatre minutes lourdes d'intensité.
.: Tracklist :.
01. … As Everything Is A Tragedy