Formé à la fin des nineties, Sidilarsen aura connu l’engouement néo sans véritablement bénéficier de l’exposition médiatique des fers de lance du mouvement, probable conséquence d’une approche moins stéréotypée. Une attitude qui paye cependant sur le long terme, le groupe tenant aujourd’hui une position enviable au sein du microcosme rock français. Si la déjà longue discographie de Sidi ne souffre d’aucun véritable faux pas, leur sixième et nouveau disque, Dancefloor Bastards, se profile sans peine comme leur album le plus efficace à ce jour.
Exception faite de leur parenthèse rock’n’roll Une Nuit pour Sept Jours, différent mais non moins intéressant que ses autres travaux, Sidilarsen tient bon sa ligne de conduite : mixer riffs jumpy, mélodies fédératrices et boucles électroniques vrombissantes. Quelque part entre le rock, l’indus et l’électro, le groupe a toujours su entrapercevoir les possibilités de fusions, anticiper les évolutions et comprendre la plus-value des machines sur les musiques à guitares. Le tout sans jamais verser dans les tendances, le mauvais copycat des précurseurs US – Prodigy, qui ne reste qu’une influence parmi d’autres – où le calibrage radiophonique. Bien qu’extrêmement pro et gonflé à bloc, leur récent Chatterbox – 2014 – témoignait cependant d’un petit sentiment d’essoufflement. Une vague impression de répétitivité en partie induite par le constat que le disque avait avant tout été pensé comme un « Machine Rouge part. 2 » sans pour autant totalement parvenir à en répéter l’intensité. Avec Dancefloor Bastards, les zicos de Sidilarsen reviennent avec du solide. Voir de l’ultra-solide. Si la formule Sidi n’a pas été revue en profondeur, le groupe accentue ici franchement l’aspect festif et presque dansant de sa musique en témoignant d’un profond travail sur les enluminures électroniques. D’où le titre de l’album, CQFD.
Les Sidilarsen s’inscrivent plus que jamais dans leur époque. Ceux qui ne voyaient dans le groupe que l’une des dernières réminiscences de l’ère néo-metal en auront pour leurs frais, tant les musiciens se montrent ici habiles à zigzaguer entre les styles sans jamais y perdre en cohérence. Tantôt rock pur et dur, parfois boom-boom – sans que cela ne soit péjoratif, « Walls of Shame » se présentant comme LE morceau électro-jumpy du disque –, le groupe couche sur bandes un disque redoutablement architecturé, accrocheur de bout en bout. Puissant. Le tout se permet même des mid-tempos bardés d’émotions et bien achalandés, compositions qui permettent d’installer des respirations salvatrices à mi parcours ainsi qu’avant le run final. Côté chant(s), Sidilarsen joue comme à son habitude sur la complémentarité de ses deux meneurs pour imposer une dynamique appréciable. Bon nombre de refrains balancent à ce titre vraiment méchamment – « Walls of Shame », « Méditerranée Damnée », « Sois mon Rêve » –. Du tout bon.
Récemment arrivé au sein de l’écurie Verycords, Sidilarsen livre avec Dancefloor Bastards une putain de rouste électro-rock – ou rock électro, c’est selon –. Un excellent disque, qui devrait encore davantage imposer le groupe comme une référence sur la scène française.
.: Tracklist :.
01. Spread It
02. Dancefloor Bastards
03. Frapper la terre
04. Go Fast
05. Guerres A Vendre
06. Le Jour Médian
07. Walls Of Shame
08. Méditerranée Damnée
09. Religare
10. Sois Mon Rêve
11. Au Maximum
12. I Feel Fine
13. 1976