Depuis 2001 et la sortie du premier opus, Tim Lambesis (chant) et sa bande nous ont donc gratifié de quatre albums, dont trois chez Metalblade (l’un des plus anciens labels de Metal créé en 1981 et ayant dans ses rangs Cannibal Corpse ou encore Cradle Of Filth) et 1 coffret CD/DVD retraçant (déjà!) l’histoire du groupe sorti en 2009. Si les trois derniers albums ont cartonné, trustant même des places intéressantes au Billboard, c’est en partie grâce à la spécificité un peu « émo » du son de As I Lay Dying caractérisé par des refrains mélodiques en voix claires exécutées par le guitariste et qui viennent en opposition au chant principal hardcore/métal et aux compositions très rapides et violentes du combo.
Voilà, vous l’aurez compris, le débat s’instaure encore avec ce The Powerless Rise, autour de l’apport de voix mélodiques et de refrains accrocheurs que ne renieraient pas les groupes d’émocore et nu-métal de bas étage, à un groupe qui pratique une branche plutôt violente du métal. Prenons « Anodyne Sea », second titre de l’album et excellent échantillon représentatif du travail des américains: intros et couplets hardcore avec guitare ultra-rapide et batterie métalcore typique, pont breaké tout en puissance avec cris gutturaux et riff efficace acéré pour nous mener à un refrain mélodique à voix claire aigüe qui soit vous irrite par son ton gentillet et sa niaiserie affligeante, soit vous emporte par sa grâce. Un schéma identique se reproduira sur les titres « Parallels », « Anger and Apathy » et « Upside Down Kingdom », soit exactement un titre sur deux possédant la même construction. Si c’est calculé, c’est trop visible et ça gâche considérablement des compositions puissantes, solides et techniques qui puisent dans les répertoires les plus lourds du hardcore/métal. Mettre un titre comme ceux-ci par album pour en faire un single radio (comme Slipknot peut le faire, par exemple) passe encore, mais s’en coltiner un tous les deux titres tape sur les nerfs.
C’est le gros problème d’As I Lay Dying: tout est bien exécuté, bien produit (Adam Dutkiewicz, guitariste de Killswitch Engage s’est chargé du volet production qui est sans conteste une réussite) dans un ensemble cohérent… mais sans originalité! Des plans empruntés à droite et à gauche, vus et revus, un ensemble trop bien calibré, comme un produit standardisé. C’est le paradoxe de cet album: c’est violent, presque death par moment, c’est rapide comme un bon groupe de hardcore, mais c’est trop propre et sans surprise, et aucun titre, finalement ne ressort du reste tellement l’utilisation des clichés du style métalcore se répète tout au long de l’opus. Pourtant Philippe Sgrosso, le guitariste, ne ménage pas ses efforts pour multiplier les plans, introduit des phases solos intéressantes, mais si on réussit à bouger la tête c’est par l’efficacité des plans et non par l’émotion dégagée, et c’est bien dommage.
On ne peut objectivement pas descendre un album aussi bien réalisé techniquement et maîtrisé de bout en bout. Mais on peut l’égratigner par son manque d’âme évident et son appartenance à une lignée d’albums de divers groupes de métalcore comme Killswitch Engage ou Converge, qui empilent des albums de qualité mais dont aucun ne ressort vraiment du lot. Pourtant une note d’espoir apparaît à la fin de l’album avec les deux derniers titres « The Only Constant Is Change » et « The Blinding Of False Light » où violence et mélodies coexistent dans un ensemble harmonieux et débridé où l’on sort un peu des clichés développés tout au long de l’album. C’est là qu’on voit qu’As I Lay Dying peut et devrait se démarquer du reste de la meute par des compositions moins formatées en se concentrant sur son potentiel agressif sans céder aux sirènes mélodiques de la popularité.
.: Tracklist :.
1. Beyond Our Suffering
2. Anodyne Sea
3. Without Conclusion
4. Parallels
5. The Plague
6. Anger and Apathy
7. Condemned
8. Upside Down Kingdom
9. Vacancy
10. The Only Constant Is Change
11. The Blinding Of False Light