Ce dont on est sûr, c’est que Wax Tailor ne cherche pas la facilité dans ses orientations de carrière; alors qu’il aurait pu voguer tranquillement vers de nouveaux albums à succès, des musiques de pub ou pire, des succès radiophoniques, l’alchimiste hip-hop prend des options à risque tels qu’une tournée autour du monde, une série de dates avec l’orchestre symphonique de Rouen, ou encore cet album complexe dont la liste des invités ferait rêver bien des maisons de disque (Charlotte Savary, Sara Genn, Mattic, ASM, Ali Harter, Aloe Blacc, Elzhi, Jennifer Charles, Shana Halligan, Akua…)… Depuis le succès de Tales Of The Forgotten Melodies en 2005, Wax Tailor n’a cessé de peser de plus en plus sur la scène française et internationale, jusqu’à obtenir des titres de «Meilleur Album Electro» aux Victoires De La Musique en France et aux Indie Music Awards aux US, avec l’excellent Hope And Sorrow en 2007, opus qui sera Disque d’Or comme In The Mood For Life en 2009. Voilà pour le palmarès, mais que reste-t-il du son?
Encore une fois, il n’a pas joué petit bras, réalisant cet album uniquement à partir de samples de vinyls, sans autres pistes enregistrées que les voix des artistes qu’il fait chanter. Une sorte de caution old-school qui donne un vif intérêt au monde musical et aux beats qu’il nous présente, dans une démarche archéologique avec la recherche de vieux sons perdus, mais aussi très moderne dans le rendu global de titres aux mélodies franchement réussies et accrocheuses. En dehors de la jolie histoire que nous raconte Wax Tailor, allégorie de son amour de la musique et du pouvoir d’évasion de celle-ci, Dusty Rainbow From The Dark a le potentiel d’un album à tubes aux mélodies géniales («Heart Stop», «Time To Go», «Magic Numbers»), interprétées par des chanteurs que Wax Tailor connaît parfaitement, comme les rappeurs ASM et Mattic, ou d’autre plus nouveaux mais tout aussi talentueux (Jennifer Charles, Shana Halligan) le faisant délaisser quelque peu sa muse de toujours, Charlotte Savary, à qui il n’offre qu’un titre («Dusty Rainbow»), mais quel titre!
Réduire cet opus à une usine à tubes serait diablement réducteur pour un travail qui peut aussi se révéler être un excellent album hip-hop ambiant, comme un parcours épique à travers des contrées vastes entre Soul et orchestrations symphoniques, ou entre Funk et musiques de film… le grand écart est réussi, et si on s’y perd, c’est bien par pure volonté de se faire absorber par les merveilleuses histoires musicales qui nous sont contées, comme par exemple dans l’instrumental «Phonovisions», qui en est la parfaite représentation. Les phrasés hip-hop sont introduits délicatement, un peu à la manière de The Roots, ainsi que les traditionnels scratches toujours aussi maîtrisés, outils hip-hop indispensables, donnant de l’énergie au tout pour ne pas trop nous bercer dans des instrus longues et subtiles.
Les adeptes de l’instrumental pur y trouveront aussi leur compte, puisqu’un second disque reprend toutes les pistes de manière totalement instrumentale, de façon à prolonger le plaisir comme on l’entend. Un petit livret permet aussi de suivre l’histoire contée afin de profiter un maximum de l’expérience Dusty Rainbow From The Dark. Soyons clairs, le concept album est souvent un truc foireux, qui existe parfois pour laisser place à la créativité d’artistes sur le déclin ou en recherche d’identité… Pas le genre du bonhomme, qui réussit haut la main cet essai aux sublimes allures cinématographiques, tout en nous offrant d’excellents titres chantés, qui, comble de l’horreur, risquent même de plaire au plus grand nombre…
.: Tracklist :.
1. Exordium
2. Dusty rainbow
3. Like an hourglass
4. Only once
5. Heart stop
6. Something began to glow
7. No
8. A stop motion bloom
9. The sound
10. In the mirror
11. Past, present & future (Rock’n’roll)
12. Not alone
13. Down in flames
14. Time to go
15. Magic numbers
16. No regret
17. Phonovisions
18. Into the sky
19. My window
20. From the dark
21. 21
22. Heart stop – Radio edit (Bonus)
23. Time to go – Radio edit (Bonus)