En décembre, aux TransMusicales de Rennes, des islandais avaient provoqué une drôle de sensation. Loin de la morosité de la crise financière ou de celle qui pourrait découler d'un grand hangar, FM Belfast avait surgi au milieu de nulle part, prêt à enflammer ceux qui avaient fait l'effort d'être présent dès l'ouverture. En parallèle, près d'un an après une première sortie chez eux, l'album apparaît aussi (et enfin) dans les bacs français.
Qui sont-ils tout d'abord ? Pas tellement des inconnus en fait, puisqu'il s'agit d'un groupe composé de membres de Múm ou Benni Hemm Hemm (mais à géométrie variable, entre 3 et 8 selon les occasions.) Leur credo ? Ils répondraient probablement « Get your booty on the floor ». Oui, FM Belfast est capable de citer en restant crédible Technotronic. Car à chaque titre, leur objectif est de nous donner une envie de danser irrésistible -même seul chez soi, même au milieu de la rue avec son lecteur préféré- ou au moins de siffloter, parfois des heures après écoute.
Pour cela, la formule du mélange entre une voix féminine et une voix masculine est connue, vue et revue. On pense aux dernières expérimentations d'Architecture In Helsinki, en particulier sur le premier titre « Frequency ». En effet, généralement, la voix féminine est plus maîtrisée et uniforme quand son pendant n'hésite pas à jouer de choix douteux. FM Belfast aurait d'ailleurs tout aussi bien pu être le quatrième album des australiens que cela n'aurait pas été une surprise. Mais il reste une petite touche islandaise qui fait la différence.
Cette différence, c'est aussi que How To Make Friends est construit comme une machine à tubes. Tout caractère d'intellectualité n'a pas eu droit d'asile dans ce monde. Une sorte de pop 8-bit a la primeur et même le monopole. Le synthétiseur est omniprésent, même quand les ambiances changent, comme entre un « I Can Feel Love » somme toute très neutre et un « Tropical » qui porte bien son nom. Les paroles, pour le coup, deviennent totalement accessoires. Qu'on tente de chanter en yaourt « Par Avion » ou « Underwear », peu importe, on ne réfléchit pas/plus à ce qu'on dit : on apprécie.
En guise de pied de nez suprême, FM Belfast fait de ses deux reprises les morceaux les moins dansants. Rage Against The Machine a le droit à un relooking total qui rend « Killing In The Name » méconnaissable (ce qui, par ailleurs, est un peu moins vrai en concert). A la place du tranchant basse-guitare, place à la langueur des sons électros ! Et « Pump Of The Jam », devenu « Pump », s'érige de son côté comme une ballade ludique mais un brin désabusée. Soit deux titres aux effets contradictoires à cause de leur ancrage dans la mémoire collective.
FM Belfast arrive au final à enregistrer ce plaisir qui peut être atteint lors d'une virée avec des (in)connus. Cette douce folie qui fait que tout devient à la fois simple et étrange ; quitte à faire n'importe et crier qu'on peut devenir maître du monde -ou dans sa version modeste, président. Tout ça au beau milieu d'une danse, la tête pleine uniquement de musique. Et qu'on rencontre de nouveaux amis avec qui partager ce moment. Alors un dernier conseil, il faudra désormais songer à snober les dancefloors ou les soirées qui ne sont pas à la page et ignore encore l'Islande. How To Make Friends est une bande-son indispensable.
.: Tracklist :.
01. Frequency
02. Underwear
03. I Can Feel Love
04. Tropical
05. Pump
06. Par Avion
07. VHS
08. Lotus
09. Optical
10. Synthia
11. President