Beat Assailant, c'est l'histoire d'un rappeur américain qui arrive en France en 2001. Il signe alors, grâce à la complicité de Danny Wild, un album aux sonorités jazzy : Hard Twelve. Il part dans la foulée en tournée, groupe à l'appui, enregistre Imperial Pressure presque en live, même groupe à l'appui. En deux albums, il a déjà réussi à offrir une quantité de morceaux imparables. Pour 2009, c'est un nouvel arrivage avec un drôle de nom, Rhyme Space Continuum, pour un drôle d'album, qu'on pourrait croire concept à en lire les détails : trois titres éponymes !
Véritable introduction : les sons arrivent un à un, une voix un peu métallique fait office de « monsieur Loyal » avant qu'Adam Turner (alias BA) ne commence à prendre la tête des opérations grâce à son flow. Un petit break et le premier morceau peut débuter. On y retrouve immédiatement le son d'Imperial Pressure, entre rock et électro, avec une guitare qui n'hésite pas à crisser par moment.
D'une manière générale, la première partie de l'album n'est pas surprenante pour ceux qui auront entendu l'album précédent. On peut juste noter sur « Spy » la participation de Ben l'Oncle Soul qui lui donne tout son groove, ou de Ope Smith sur « Get Your Life On Track ». Rien de bien révolutionnaire à l'horizon quand même, au sens où cela pouvait être attendu, mais avec l'avantage que nombre de morceaux rentrent facilement en tête, à commencer par les meilleurs titres, « Fire » et ses différents rythmes improbables ou « What Did You Do ».
Cependant, Rhyme Space Continuum ne s'arrête pas à 7 titres. Par la suite, les nouvelles pistes voulues pour l'album montrent le bout de leur nez. « Underground Railroad », en réveillant les cuivres, évoque une bande-originale d'un film d'action américain, tandis que « Creep » est un exemple d'hip-hop acoustique un peu mièvre. La bonne nouvelle ici est que Beat Assailant se montre capable d'assumer ces choix, d'apporter un plus même lorsqu'il n'est plus le rôle principal mais s'éclipse derrière les chœurs (« Rôle Model »), de faire apprécier des petits sons qui auraient plutôt leur place dans un jeu vidéo où il faut dégommer des vaisseaux ennemis (« Spaceship »).
Cerise sur le gâteau, le dernier titre s'intitulant « Rhyme Space… » est quant à lui un morceau entièrement acoustique. C'est l'heure de gloire du saxophone, suppléé dans le final par des cloches, des tic-tac, une alarme… Mais sans être, surprise, la fin de l'album. (attention spoil.) Il reste encore un morceau de bravoure à accomplir : 2 minutes 40 de fusion. Place au métal en fond sonore. Et tout ça sur un album de rap se voulant en théorie « futuriste ».
Rhyme Space Continuum évite ainsi parfaitement l'écueil de la répétition d'une formule efficace. Il est véritablement complet. On ne peut pas dire que cela aide à une cohérence parfaite, que de toute manière Beat Assailant n'a probablement pas recherchée. L'objectif était plutôt d'agrandir les horizons d'un album dit de rap, d'exploser le continuum espace-temps en conservant les fondamentaux, pour montrer qu'il pouvait passer naturellement du coq à l'âne sans en devenir inintéressant, se renouveler sans se renier. Alors avec une set-list bien pensée, mélangeant le meilleur des trois opus, ce Beat Assailant-là pourrait faire très mal aux oreilles en live.
.: Tracklist :.
01. Rhyme Space Continuum (Intro)
02. Rhyme Space Continuum
03. Spy (feat. Ben l'Oncle Soul)
04. Fire
05. What Did You Do
06. Get Your Life On Track (feat. Ope Smith)
07. Sum1nu
08. Underground Railroad
09. Creep (feat. Ope Smith)
10. Fuck Da Jonez
11. Rôle Model
12. Spaceship
13. Working So Hard (feat. Ben l'Oncle Soul)
14. Rhyme Space Interlude
15. Won't Dance