Quatrième opus des Français Trouble Fait' après vingt-quatre ans d'existence et moult participations à des compilations indés, Comet Camden nous replonge dans le passé en combinant habilement post-punk et cold wave, sous des assauts rétros (et souvent synthétiques) mais sans s'affaisser dans la basse kitscherie. Difficile de bien présenter cet album tant le choc qu'il suscite est énorme. Si le premier effort des Texans de Hearts Fail nous avait mis une sacrée claque en début d'année, il faut bien avouer qu'en France les rares artistes intéressants dans le domaine se limitent aux mastodontes encore présents chez Infrastition et FatalObject (comme Brachko, ex-Mary Goes Round) ; autant dire qu'il y en a peu, et que les véritables nouveautés ne se voient livrées qu'au compte-goutte (Frustration, Object, Malaise Rouge).
Ici, la mélancolie et la solitude se font ressentir immédiatement sans patauger dans une bouillie molle et chiante ; presque chaque titre de l'opus pourrait correspondre à une humeur particulière. Si l'incorporation de quelques nappes de synthés vintage – néanmoins discrètes – risque de rebuter les plus réticents en la matière, Comet Camden recèle cependant de bons arguments pour vous inciter à vous plancher sur son cas : voix claire (ni braillarde ni sirupeuse), textes aboutis, diversité des ambiances malgré un style reconnaissable, contrastes permanents. Hormis « Thunderstorm », lequel déraille frénétiquement vers une rage nettement plus brute, les compositions se fondent généralement dans un cold rock de grande tenue (l'introductif « A Bridge To Nowhere », « Comet Camden »), une énergie plus affirmée (« The Walls Have Ears ») et apartés planants (l'excellent « Nightly Glearns »).
Avec Comet Camden, Trouble Fait' ne cherche pas à emprunter des styles afin de s'afficher aux côtés des pionniers du post-punk, de la cold wave et de la new wave : ici les influences sont digérées et ne ressortent qu'avec extrême pudeur. En clair, Trouble Fait' n'est pas un ersatz, et au vu de la qualité de la chose, ça mérité largement d'être souligné. Dans le genre, on n'a rarement vu mieux depuis Little Nemo (oui, ça date).
À noter qu'une reprise de « Love Will Tear Us Apart » de Joy Division est disponible en téléchargement gratuit sur le site du groupe. Un autre bon point pour Trouble Fait' avec ce magnifique morceau – habituellement honteusement massacré, et ce même par les plus grands (les fans de The Cure, Nick Cave ou encore Moonspell, dans une moindre mesure, doivent s'en souvenir avec amertume).
Très chaudement recommandé.
.: Tracklist :.
01. A Bridge To Nowhere
02. Northland
03. Nightly Glearns
04. The Walls Have Ears
05. She Sleeps In A Pain
06. Comet Camden
07. A Voice Speaks From Nowhere
08. Thunderstorm
09. Arrogant Culture
10. Boys Of The Rain
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