Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Steven Wilson, c’est le cerveau, que dis-je, l’âme du groupe de rock progressif emblématique Porcupine Tree. Chanteur, guitariste, pianiste, compositeur, interprète et producteur, Wilson est un artiste complet qui multiplie les casquettes autant que les projets : Porcupine Tree, évidemment, No-Man, Blackfield, Bass Communion ou encore IEM. C’est en avril 2009, après 20 ans de carrière, que l’anglais s’est enfin décidé à sortir son premier album solo bien sûr auto-produit intitulé Insurgentes.
A la première approche, on comprend tout de suite que l’on a affaire à une musique ésotérique, entendez par-là qu’elle demande à être apprivoisée par de nombreuses écoutes. C’est seulement une fois rentré dans la sphère du compositeur que l’on est apte à apprécier son oeuvre comme il se doit.
Pour être clair, Insurgentes regorge de pépites dans lesquelles s’entremêlent malsanité, rêve éveillé et apesanteur. Les dix titres qui constituent le disque (quinze en comptant les bonus, qui ne sont pas en reste) nous plongent dans l’univers pesant et torturé d’un Steven Wilson plus morose que jamais. Les compositions sont entrecoupées de passages instrumentaux finement arrangés laissant place à l’imaginaire (« Significant Other », « Abandoner ») et parsemés ça et là de choeurs harmonieux (« Veneno Para Las Hadas », « Get All You Deserve ») toujours placés judicieusement : un plaisir sans pareil ! Insurgentes s’apparente à un voyage auditif dans lequel on entend toute la souffrance et le désespoir de son auteur..
Les compositions sont sûrement celles les plus intimistes écrites par Wilson. Son jeu, que ce soit à la guitare ou au piano, se veut simple voire simpliste, comme pour faciliter notre arrivée dans son univers, en terre inconnue, où la désolation est le maître-mot. Les arrangements instrumentaux sont remarquablement ficelés et les nombreux effets utilisés ont un rendu imparable, transportant l’auditeur au plus profond des abîmes et lui procurant ainsi une expérience unique.
Steven Wilson nous délivre ici d’un album solo concentré sur l’émotion pure. Musicalement très éloigné de ses divers projets parallèles, Insurgentes n’en est pas affecté, bien au contraire. Il permet de nous montrer une autre des multiples facettes du génie anglais, encore plus sombre que les autres aussi improbable que cela puisse paraître. Tristesse et mélancolie règnent dans le royaume de Wilson, l’un des artistes les plus talentueux de sa génération, qui se livre et qui laisse entrevoir toute la noirceur de son esprit. Tenter l’expérience Insurgentes, c’est comme entrer dans un gouffre qui n’a pas d’échappatoire : vous n’en sortirez pas indemne, certes, mais le jeu en vaut la chandelle. Bon voyage.
.: Tracklist :.
01. Harmony Korine
02. Abandoner
03. Salvaging
04. Veneno Para Las Hadas
05. No Twilight Within The Courts Of The Sun
06. Significant Other
07. Only Child
08. Twilight Coda
09. Get All That You Deserve
10. Insurgentes
Bonus Tracks :
01. Port Rubicon
02. Puncture Wound
03. Collecting Space
04. Insurgentes (Mexico)
05. Untitled