Le temps d’un week end, l’hippodrome de Longchamp se transforme en vaste terrain d’activités et d’échanges. Contre le sida, pour la vie et la solidarité, plus de 168.000 spectateurs ce sont rassemblés ainsi que plus de 1000 bénévoles, des centaines d’artistes et d’associations pour partager leur enthousiasme. Pour cette nouvelle édition du festival, plus de 80 concerts ont été donné sur 5 scènes différentes. Retour sur les moments marquants de Solidays avec Kasabian, Rodrigo & Gabriela, Wax Tailor, Babylon Circus, Blood Red Shoes ou encore Phoebe Killdeer & the short straws.
Les festivaliers auront vécu de bons moments pour cette nouvelle édition des Solidays, avec une programmation une nouvelle fois très familiale. La disposition des scènes et du village associatif offre des espaces d’échanges conviviaux où il est possible de se détendre entre les concerts. Certaines expositions sont devenus des passages incontournables, à l’image du parcours de « Sex in the city », de l’émouvant Patchwork des Noms ou de la messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Les Solidays, c’est avant tout un lieu de découverte avec ces bénévoles qui vous consacrent un peu de temps pour répondre à vos questions, ainsi que des artistes que l’on a pas forcément l’habitude de voir sur les scènes des grands festivals européens.
Le premier artiste à monter sur scène est Winston McAnuff, ce vendredi 25 juin. Figure emblématique de la scène Jamaïcaine, Winston McAnuff s’envolera avec ses riddims dans la plus pure veine reggae roots. Pas trop de surprises au niveau de la setlist puisque Winston n’a pas sorti d’album depuis presque 5 ans, cependant on retrouve toujours cette énergie positive et électrique dans son show. La première découverte de la journée viendra une heure plus tard avec le duo Blood Red Shoes. Une fille et un garçon forment un cocktail explosif et déchainent leur rage sur la scène Bagatelle. Pop-rock incisif sur fond de Telecaster, Blood Red Shoes semble clairement influencé par le punk des 70’s. Avec deux albums en poche, le duo nous aura convaincu d’écouter plus en détails leur dernier opus en date, Fire Like This. Dans une veine un peu plus douce, on retrouvera Phoebe Killdeer & the short straws sous la scène couverte Domino. La chanteuse de Nouvelle Vague et de Basement Jaxx nous gagera aussi d’une belle surprise, avec un projet solo entre blues, rock et jazz. Tout aussi charismatique que Juliette Lewis et accompagnée de musiciens dignes de guitar heroes, Phoebe Killdeer est fascinante tant celle-ci est capable de partager avec nous ses sentiments sur scène. Après ce moment d’introspection, N*E*R*D va mettre le feu au poudres sur la scène Bagatelle. Hip Hop enragé et ambiance rock’n’roll sur scène, le combo va nous offrir un show à l’américaine avec danseuses en mini-short et cris pour haranguer la foule ! Le nouvel album du trio, Nothing, s’annonce puissant mais on patientera jusqu’en septembre en se réécoutant des singles comme « Everyone Nose » ou « Lapdance ». Au même moment, de l’autre côté du festival, ce sont les General Elektiks qui ont décidé de mettre le feu sous le Dôme. Clavier endiablé, bassiste funky et percussionniste décalé, la recette fonctionne à merveille. Il ne faudra pas longtemps au public avant de tomber sous le charme de cette folie vintage où, derrière leurs machines, les musiciens deviennent des magiciens. Deux petites déceptions terniront cette première soirée de festival, avec un Kasabian sans émotion et un Wax Tailor extrêmement poussif. Les premiers nous avaient promis un show énergique, « à la hauteur des Rolling Stones » dixit le guitariste rencontré dans les loges quelques heures auparavant. Pourtant, si l’on ne peut rien reprocher à la prestation de Kasabian, on ne peut pas non plus s’exciter face à celle-ci… probablement la faute de cette grande scène en pleine air où les riffs de guitares sont sans puissance et où les musiciens s’effacent face à l’immensité de la foule. A l’inverse, Wax Tailor nous proposera un concert très bien construit comme à l’habitude mais aura le don de « casser l’ambiance » en ponctuant chaque chanson par une intervention au micro plutôt que d’enchainer les titres. Dommage, on appréciait vraiment le show avec les projections de vidéo sur grand écran…
Le samedi, la programmation du festival est plus orientée grand public avec des grandes têtes d’affiches mainstream telles que Vanessa Paradis, Diam’s ou BB Brunes. Cependant, on aura eu l’occasion d’apprécier la prestation de Babylon Circus, récemment revenu sur le devant de la scène avec un album plus orienté chanson française, abandonnant partiellement le ska fanfare. Le show commence avec « De la musique et du bruit » et on peut voir le public réagir avec empathie dès le début du concert ; ce qui manquait un peu la veille… Bras levés, applaudissements, Babylon Circus réussi à séduire le public des Solidays avec sa bonne humeur et transformera même, le temps d’un instant, l’hippodrome de Longchamp en gigantesque guinguette. A l’autre bout du festival, dans une autre ambiance, Hindi Zahra s’aventure vers des horizons folks plus sirupeux. L’ambiance est à la bohème avec des sonorités venues du Maghreb teintées de soul et de pop. Voici une artiste qui doit se laisser écouter à l’ombre d’un palmier… Une fois ce moment de tendre léthargie, Rodrigo & Gabriela vont nous réveiller avec leurs rythmes flamenco endiablés. Impressionnant par leur technique autant que par leur charisme sur scène, le duo est incroyablement vivace. On aura le droit à quelques reprises, dont un medley de Metallica « Battery » / « Master of Puppets ». Gabriela est déconcertante par son agilité et sa capacité à occuper la scène en jouant le rôle de plusieurs instruments. Elle est une véritable boite à rythmes, frappant la caisse de sa guitare acoustique avec précision, tandis que Rodrigo l’accompagne en grattant frénétiquement ses cordes pour produire une mélodie entêtante. Un show à frémir. La soirée ne vient que de commencer puisqu’il n’est que 21h quand Rodrigo & Gabriela quittent la scène. Le reste de la soirée sera placé sous le signe de folles improvisations avec Jamie Lidell ou de la démence volontaire de Jacques Higelin !
Dimanche 27 juin, sous un soleil de plomb, Ariane Moffatt ouvre le bal. Solidays est l’occasion rêvée pour découvrir son dernier album en live, Le cœur dans la tête, avec la fraicheur de son single « Je veux tout ». Connue pour sa proximité avec M qui joue le même soir sur le festival, la chanteuse québécoise nous offre un rayon de soleil supplémentaire en interprétant l’un de ses morceaux phares en compagnie de Monsieur Mystère. Sur la scène Bagatelle, Oxmo Puccino, surnommé le « Black Jacques Brel », est toujours aussi surprenant par sa stature sur scène et l’aspect métaphorique de ses textes. Récompensé cette année aux Victoires de la musique, Oxmo Puccino présente principalement son dernier disque, L’arme de la Paix. Une heure de pause laisse place au Patchwork des Noms, hommage émouvant aux victimes du sida, avant que les concerts reprennent. Java attaque avec son rap musette. Ce concert est l’occasion de découvrir les nouveaux succès du groupe, extraits de l’album paru l’année dernière, Maudits Français. Pourtant, les titres extraits de leur premier album, Hawaï, font toujours sensation et déchainent la foule. Après un show endiablé où « Le Poil » fait fureur, R.Wan se lancera dans un ultime slam pour interpréter « Sexe, Accordéon & Alcool ». La soirée se poursuit en sautant grâce au show dément de Shaka Ponk. Singeant le public, Shaka Ponk est une explosion scénique où la fusion entre rock, funk, electro et metal agit comme une succession d’électrochocs. Face à cette avalanche de décibels, difficile pour Pony Pony Run Run de suivre la cadence. Solidays se transforme tout de même en dancefloor géant au moment où le groupe lance son tube, « Hey You ». Avant dernier concert de la soirée, Izia, digne fille de son père, va aussi allumer la mèche du baril de poudre. Déferlante punk rock, la fille de Jacques Higelin est tempétueuse sous cette douce apparence. La belle révèle la bête.
L’honneur de conclure cette nouvelle édition des Solidays reviendra à –M-, avec un spectacle où la mise en scène sublime le virtuose. Il est toujours aussi agréable d’entendre résonner les notes de ses plus grands tube. Ainsi, Monsieur Mystère clôturera ces trois jours de festival sur une note positive.
Photos : Cap’tain Planet (1) et Sara Taleb (2-3-4)
Merci à l’organisation du festival pour nous avoir permis d’assister à ce bel événement. Merci à Sara pour ses photos.