Son univers musical éclectique débouche directement de ses diverses expériences et expérimentations musicales; intéressé tour à tour par le Rock, le Jazz ou l’électro, ayant passé une partie de son enfance en Afrique, friand de chansons en langue française depuis la découverte d’albums de Dominique A et JP Nataf, Robin Leduc a assimilé beaucoup de courants divers, mais aussi les techniques du son et de l’enregistrement, ce qui en faisait un candidat naturel à une carrière solo réussie. S’il enregistre son premier album solo en 2003, Tout Devient Tout, ainsi qu’un autre en 2005 sous le nom Robin Leduc & The Pacemakers, ce Hors-Pistes est le premier qu’il enregistre pour son label actuel Tôt Ou Tard, qui regroupe de belles pointures de la chanson française à texte (Dick Annegarn, JP Nataf, Vincent Delerm, entre autres).
Au premier abord, l’apparente légèreté des titres de l’album («Pas d’inquiétude», «Mes idéaux»), ainsi que le ressenti musical général qui frôle la zenitude totale, nous donnent l’impression d’un disque typique d’un artiste un peu bobo sur les bords, choisissant des arrangements africains et des cuivres pour attirer les bourgeois-bohèmes persuadés de tenir entre les mains une galette 100% bio… que nenni, on parle ici d’un disque exigeant musicalement et techniquement, et auquel les spécialistes du jazz et de la world-music peuvent se frotter l’air réjoui. Si la voix est calme, posée et simple en apparence, elle est aux antipodes de la démarche musicale intransigeante, parfois «hors-pistes» de la chanson française traditionnelle, mais toujours très bien délimitée rythmiquement. Les arrangements du grand nombre d’instruments utilisés, les sections de cuivre très variées (saxo basse, trompette, trombone, tuba, …), le jeu de piano groovy et affuté à souhait de Cyrus Hordé, tout participe à créer ce mélange unique et très bien orchestré. Par des tubes en puissance («Je casse tout», «Laissez-moi passer»), des morceaux plus personnels («Offense») ou des ritournelles pop-jazzy fantasques («Coin de Rue»), l’ambiance est au relâchement de l’auditeur qui vit un moment sonore très agréable et qui semble court, finalement, sûrement dû à la grande diversité des styles abordés qui fait que l’on ne s’ennuie pas une seconde. Il faut dire aussi que le jeune trentenaire a sû s’entourer, notamment de Fred Pallem, créateur de l’orchestre Le Sacre Du Tympan (révélation jazz des Victoires de La Musique 2006) et qui sublime ici les arrangements de cuivres.
Si la majorité du grand public découvrira Robin Leduc avec cet album, on n’a pas affaire ici aux précoces ébats du jeune premier avec le difficile exercice de la chanson française: on évolue dans l’univers d’un musicien qui, par sa personnalité, son expertise rythmique et la qualité de son écriture, en font l’un des forts potentiels de l’écurie Tôt Ou Tard, à la condition qu’il ne verse pas dans la facilité des tubes radiophoniques, mais qu’il conserve cette identité musicale complexe canalisée dans cet opus d’approche facile et agréable, même aux réfractaires des sonorités jazz et world-music. Robin Leduc prouve ici que l’on peut s’approprier avec style et humilité un genre trop souvent réservé à une intelligentsia de la culture musicale.
.: Tracklist :.
1.Je casse tout
2.Ma dose de Moral
3.Pas d’inquiétude
4.Mes Idéaux
5.Tu montes et moi je descends
6.Zuydcoote song
7.Offense
8.Coin de rue
9.Mais qu’est-ce que ça peut faire?
10.Watch The Rain