A travers ses douze pistes, Phenomedia joue autant avec les genres (électro, indus, rock psyché) qu’avec les capacités de perception de l’auditeur : sursauts d’EBM en pleine folie industrielle (« Twisted Thrill Ride »), obscurité coton-couteau aux simulacres orientaux (« I Had Orders »), violence électronique (« Powercut »), apparition des vestiges érigés par Thierry Ehrmann (« There’s No Way Out But Down »), variations sur le rock atmosphérique… En évinçant le troisième morceau (« Tragic Hollywood Hero », proche d’un délire malsain à la « Eraser » de NIN), Punish Yourself s’accorde avec Sonic Area un aparté discographique essentiellement axé sur un punk futuriste, presque uniquement caractérisé par des machines ; les guitares sont relayées au second plan (« Wacko Season 2 ») jusqu’à disparaître (« Powercut »), alors que les percussions montrent toute leur essence.
S’il se compose d’une majorité de titres instrumentaux et malgré un ou deux furtifs clins d’œil (« Ici-bas »), Phenomedia ne suit pas de manière logique les traces de Cult Movie, album hybride de Punish Yourself sorti en 2007. Ici, le son plus rude de Sonic Area prend le dessus, jonglant perpétuellement entre le chaud et le froid, sur la corde raide. Les amateurs des deux formations devraient largement s’y retrouver à travers cet album, puisqu’il combine avec énergie la puissance desdits groupes. Une puissance renouvelée grâce à un jeu d’éléments visuels accentuant chaque son : comme le sous-entend le graphisme du livret (réalisé par Arno de Sonic Area), si l’onirisme est de vigueur, cette partie de rêve s’avère plus qu’entachée par le cauchemar, voire par une réalité sombre, violente et miséreuse, en quête d’elle-même. Tout se tient avec des bascules, ou avec des échasses afin de surplomber les décombres.
Bande originale de troubles qui se dessinent ou se découpent au fur et à mesure que les murs se resserrent, Phenomedia s’amuse à détourner la violence pour s’en servir à sa guise, faisant souvent fi des codes du genre. Après avoir dansé pieds nus sur ses propres ruines, l’auditeur se laisse une dernière fois manipuler (« Dead Idols Island ») ; la plaie suppure, s’obstrue, puis vient la cicatrisation. Enfin, presque… On en retiendra que l’expérience vaut la peine d’être vécue, plusieurs fois et toujours différemment.
.: Tracklist :.
01. Obedience Channel Part 1
02. Twisted Thrill Ride
03. Tragic Hollywood Hero
04. I Had Orders
05. Powercut
06. Cancer, Anyone
07. The Higher We Fly
08. Ici-bas
09. There’s No Way Out But Down
10. Obedience Channel Part 2
11. Wacko Season 2
12. Dead Idols Island