Seulement Deux, Trois Trucs ? Il semblerait pourtant que Les Tit’ Nassels aient encore bien plus à nous raconter. Avec un cinquième album en plus de huit années de carrière, ce duo résolument atypique semble s’être défini un rythme de sortie réglé comme un coucou suisse. Deux, Trois Trucs nous entraîne une nouvelle fois dans un univers bien personnel et fantasque, un monde hors du temps animés par deux musiciens n’ayant que faire des exigences du marché actuel.
Se tailler un chemin vers l’évasion ne demande pas forcément des moyens conséquents, et les Tit’Nassels le prouvent à l’aide de Deux, Trois Trucs. Une guitare acoustique, subtilement habillée d’une foule de petits détails instrumentaux qui confèrent à leur musique des encornures délicieusement rétros. Axl dresse le squelette de chaque composition autour de sa six cordes, habillant les voix de tirades à mi-chemin entre pop et folk raffinée, base sur lesquelles viennent se greffer les instruments les plus improbables. Echappés des tiroirs du temps et rafistolés avec les moyens du bord, ces composantes établissent une ambiance de brocante typiquement française, rendez-vous familial du dimanche après-midi au milieu duquel les deux musiciens posent leurs valises pleines à craquer pour se produire en toute simplicité (« Tu Reviens », « Quand je s’rai p’tit » ou encore « Emmène-moi », véritable road-trip à travers champs). Percussions discrètes, xylophones et accordéons entraînants amènent la musique du duo vers un aspect chanson française d’antan, avec la forte dose de nostalgie que cela implique. Langoureuses et charmantes, les compositions s’appuient notamment sur les interventions d’accordéons pour transporter l’auditeur d’une rase campagne aux bords de seine des années 30 (« Faudra-t-il », incontestablement le meilleur morceaux de l’album, « Poupée Russe »).
Mais malgré le format pleinement chanson française de leur musique, Les Tit’ Nassels mènent leurs morceaux sur une rythmique entraînante et parviennent à conserver l’intérêt éveillé treize titres durant, en grande partie grâce à cette multitude d’instruments utilisés pour peupler leur univers. Le double chant mélancolique et virevoltant y est également pour beaucoup, le jeu de questions-réponses ainsi que les doublements de voix entre Axl et Sophie s’avérant particulièrement réussis (« Couci-Couça »). La dualité du chant ainsi amène un dynamisme certain, parfois doublé de chœurs satinés emplissant l’espace (l’introduction très gospel de « Poupée Russe »), des qualités qui n’empêchent pas le duo de soigner son propos. Les Tit’ Nassels transmettent leurs sentiments avec une réelle sensibilité (« Faudra-t-il »), passant d’un morceau plus léger à des thèmes d’actualités plus graves et bien amenés (« Poupée Russe », traitant de la dictature de l’apparence, ou encore la très belle reprise de Georges Moustaki « Chanson Cri »).
Il fait quelques fois bons de se sortir de l’air saturé de nos agglomérations bruyantes et surpeuplées. Deux, Trois Trucs est déjà un bon début. En attendant une mise au vert salvatrice. A découvrir, se ce n’est pas déjà fait depuis bien longtemps.
.: Tracklist :.
01. Emmène-moi !
02. Quand je s'rai p'tit
03. Deux, trois trucs
04. Soixante millions de…
05. La figurante (avec Kent)
06. Chanson cri
07. Poupée russe
08. Couci-couça
09. Tu reviens
10. Faudra-t-il
11. Mona et Mr. l'horloger
12. L'usine à papa
13. Laisse c'est pour moi