Bien que Uli ne soit le premier effort des Cats On Trees, les deux musiciens à l’origine de ce projet original ne sont pas des nouveaux venus sur la scène Française. Véritable adepte des formations atypiques, Yohan Hennequin (batterie) est l’une des têtes pensantes de My Own Private Alaska, groupe au sein duquel s’accordent chant screamo et piano langoureux. Nina Goern (chant et piano) est pour sa part la voix du délicat Aeria Microcosme. Avec Cats On Trees, les deux protagonistes explorent des facettes nouvelles de leurs personnalités, et posent sur bandes un disque à la formule (presque) inédite.
Décalé et langoureux, Uli est un disque sensible et terriblement envoutant. Du compositeur estonien de musique contemporaine Arvo Pärt (une inspiration très marquée sur le titre instrumental de transition « Me ») à A Perfect Circle, Cats On Trees affiche des influences aussi prestigieuses que radicalement éloignées, mais livre un album totalement personnel. En construisant ses terrains de jeux à travers trois éléments de base, à savoir des instrumentations uniquement composées d’un piano / batterie et habillant le tout par la voix de Nina Goern, le binôme rappellera par certains aspects les bostoniens de The Dresden Dolls. Une comparaison presque inévitable par le grain de folie très « Burtonien » de la composition, le groupe s’aventurant vers des horizons témoignant d’éléments musicaux sur certains points similaires. Le piano de Nina virevolte et bâtisse à lui seul l’ossature des morceaux sans pour autant induire de sentiment de répétition ou de lassitude, oscillant constamment entre embardées épileptiques et superbes passades mélodiques. C’est à ce niveau que Cats On Trees dévoile un talent d’exception, le duo servant des embardées mid-tempos mélancoliques et très soignées, presque hypnotisantes (« I Used To Be Someone » ainsi que l’exceptionnel « In The River »). A fleur de peau, le groupe impose un univers propre et parvient à se détacher de la lourde affiliation des Dresden Dolls pour conférer à ses morceaux une véritable sincérité.
Alchimistes des émotions, les deux musiciens ne s’embourbent de plus à aucun moment dans une direction trop prédominante et varient avec brio les ambiances et les tempos. De la sobre tristesse d’une ballade éthérée (la magnifique reprise du « Mad World » de Tears For Fears), Cats On Trees mue vers d’audacieuses et fantasques compositions aux contours plus ensoleillés et popisants (« Chips », « Hallo Mrs. Jones »). La batterie de Yohan Hennequin s’impose ainsi en élément moteur, ce dernier parvenant à insuffler une excellente dynamique à un projet pourtant minimaliste au possible. Avec la même subtilité, Nina Goern enroule les instrumentations d’un timbre doucereux, d’une très grande justesse, mais cependant parfois tremblotant. Cats On Trees évite la perfection et l’aseptisation d’un chant qui témoigne à contrario d’un esprit « sur le vif », choix apportant à Uli une authenticité poignante (« Kills Your Legs »). Les chœurs sont par ailleurs extrêmement soignés, à l’instar des rares mais impeccables interventions de Yohan, qui apporte le temps d’un titre (« In The River ») un jeu de questions-réponses ainsi qu'une dualité des voix appréciables.
En sept titres somptueux, Cats On Trees propose un essai plus que prometteur. Indie Pop ? Folk sans guitares ? Difficilement étiquetable, le duo s’aventure au sein d’excursions aussi spéciales que formidablement touchantes. Un disque au potentiel plus que certain, pour un groupe qui ne devrait plus tarder à s’imposer par son talent.
.: Tracklist :.
01. Kill Your Legs
02. Hallo Mrs Jones
03. I Used To Be Someone
04. Mad World (Tears For Fears Cover)
05. Chips
06. Me
07. In The River