Mélanie Pain revient le 28 octobre 2016 avec son nouvel album « Parachute » qui l’emmène vers des terres inconnues. Pour perdre ses repères et retrouver son équilibre, Mélanie Pain s’est offert un rêve : Gael Rakotondrabe, pianiste et arrangeur pour Antony and the Johnsons et CocoRosie avec qui elle a composé un album autour du piano et des textures électroniques.
Sombre, intense, et luxuriant, « Parachute » est une plongée sonore spectaculaire. Comme Une Balle, le premier extrait nous conduit dans un monde étrange rempli d’illusions d’optique et de jeux sur les formes où la voix de Mélanie Pain traverse les boucles électro incandescentes de Gael Rakotondrabe.
Parachute est une fascinante création qui marque le retour de Mélanie Pain que l’on retrouve également dans le projet Nouvelle Vague.
« Parachute » est le troisième album de Mélanie Pain. Un album qui défie la gravité, sa gravité. C’est pour cela qu’il s’appelle « Parachute », « dispositif destiné à freiner le mouvement, à ralentir la chute d’un corps ».
Dès les premiers mots, contraste saisissant, légèreté feinte, mots acérés : « Je suis une balle perdue d’avance / en sursis au fond du silence / Ne me crois jamais sur parole / Je suis une femme devenue folle ». L’ouverture ne trompe pas, Mélanie s’en va chanter sur des terres inconnues, retrouver la lumière. Le chant de la renaissance. « A quoi bon ? », questionne-t-elle dès les premiers vers ? A quoi bon un nouvel album ?
C’est la question que tout artiste est en droit de se poser avant de se remettre à l’ouvrage. Mélanie se l’est sûrement posée elle aussi. Une question qui dérange ? Tout le contraire. Une invitation à perdre ses repères dans une époque qui en manque cruellement. C’est peut-être la musique qui la tient aujourd’hui debout… « presque droit ». Et c’est ce qui en fait toute la beauté, pure et immédiate.
Pour perdre ses repères et retrouver son équilibre, Mélanie Pain s’est offert un rêve : Gael Rakotondrabe, pianiste et arrangeur sur la dernière tournée du vénéré Antony and the Johnsons (et puis CocoRosie aussi).
Parachute est entièrement centré autour du piano, aucune guitare ne sera enregistrée sur l’album. Textures électro, juste ce qu’il faut. C’est beau. On le sait depuis la nuit des temps musicaux : la contrainte ouvre le champ des possibles, elle ressert, puis libère. Mélanie s’en est allée, loin de ses influences pop folk. Le son peine à être défini, il est hybride et moderne, classique, quasi aquatique. Mélanie s’y sent bien. Expérimentale et théâtrale sur certains titres, minimaliste et organique sur d’autres…toujours au plus près de l’émotion, la sienne, la nôtre.
Plus sombre et plus intense, Mélanie explore ses peurs sans ménagement. Les démons font des merveilles : la douce violence du temps qui passe (« Larmes »), la disparition qu’on apprivoise (« Dans une boîte »). La lumière vient ensuite avec « Entrailles » et ses programmations virevoltantes : « Are you ready to burn / until the very end ? » Oui, 100 fois oui. Puis le piano qui reprend tous ses droits sur « Fort ». Forte, Fortissimo… « Jette » ou la renaissance. L’envie d’enlever les vieilles peaux, les oripeaux. « Là où l’été » et son ode à la nudité, invitation organique chic, sensuelle et charnelle : « tu me trouveras là sous une pierre, tu me trouveras nue, tu me trouveras si loin d’hier, tu ne me reconnaîtras…plus ».
Piano percussion à l’entrée des « Lèvres Rubis », déclaration d’un amour qui à lui seul peut vaincre la peur. Les craintes s’évanouissent. Les coeurs et les corps se font plus légers. La vie refait surface, il n’est jamais trop tard : « même les larmes au soleil s’évaporent » (On dirait). Un baiser, un corps, un silence, un été, on se laisse aller. Encore un peu plus sur la bossa tranquille de « Rio », « doucement, doucement, tout s’éclaire, doucement, doucement, sans à-coups ». On le sait, on le sent, ce disque a doucement éclairé la vie de Mélanie. Il se pourrait bien que chanson après chanson, écoute après écoute, il éclaire la vôtre aussi.
La couverture de « Parachute »: