Le festival des 3 éléphants fête cette année son dixième anniversaire. Cette édition n’aura pas dérogé à la règle, la programmation se veut éclectique mêlant têtes d’affiche internationales et découvertes. Goose fait partie des découvertes en France mais connaît un véritable succès dans leur plat pays. Les Belges savent réconcilier les amateurs de rock et d’électro par le biais de leur tout premier album Bring it On dont la sortie nationale s’est faite le 19 mars 2007. A l'origine prévue à 22h15, l'interview a été déplacée deux fois pour être finalement calé à 00h30. C'est en charmante compagnie de Karine de Canal B (radio rennaise) que l'interview des petits protégés de Soulwax a été faite dans la loge artiste. On s'installe confortablement sur les canapés de la loge avec Mickael Karkousse (chant/clavier), Dave Martjin (Guitare) et Tom Coghe (Bassiste/clavier). L'interview peut commencer…
Hervé : Au tout début vous étiez une formation très simple, vous n'étiez pas branché électro, vous étiez plutôt un groupe batterie/basse/guitare. Je voulais savoir comment ce son électro est venu dans le groupe et comment vous l'avez amené dans vos compositions?
Mickael: C'est très simple. On a joué avec cette formation rock pendant quelques années et à un certain moment on a eu envie de changer notre manière de travailler, d'enregistrer et d'écrire les chansons. A la place d'être tous ensemble dans une salle de répétition, on a commencé à construire notre studio et depuis ce moment là on écrit nos chansons en studio séparément ou bien à deux, à trois du moment qu'il y a une idée qui se forme on vient à quatre autour de cette idée et on travaille jusqu'à ce que l'on obtienne une chanson Goose.
Vous êtes très porté sur les synthétiseurs, est ce que c'est quelque chose de nouveau? Comment est ce que vous êtes venu à travailler avec cet instrument?
Mick: Avant, on avait introduit un synthétiseur et après on à penser à changer la basse par un synthétiseur qui va aller plus fort, plus solide et extrême. De cette façon on a travaillé avec un synthétiseur qui faisait les parties de basse. Après on a fait de même avec les parties guitares, commencer à travailler avec d'autres synthétiseurs. A la place d'enregistrer la batterie, vu que l’on avait pas assez de micro et bien on a commencé à jouer des rythmes avec des boites à rythme. A un certain moment on avait quelque chose d'intéressant, dansant et fun pour nous. C'était quelque chose que l'on recherchait et que l'on avait besoin dans la musique car lorsque l'on allait jouer en live, on allait avoir du plaisir à le faire et que cette musique allait parler aux gens.{multithumb thumb_width=500 thumb_height=375}
Votre album est très musique dansante et live. Est ce que vous l'avez conçu comme un album à jouer en live ou plutôt qu'un album à écouter?
Mick: On est un groupe de live. C'est ce que l'on fait pour le moment et depuis quelques années, c'est jouer live. Donc on a fait un album pour être par la suite présent sur scène. Lorsque l'on joue en live, on essaie de changer les morceaux. Nous sommes en évolution continue.
Entre le moment où vous avez gagné le tremplin Human Rock Rally en Belgique et le moment où vous avez commencé à produire avec Téo Miller (producteur de Placebo) il s'est passé pas mal de temps. Je voulais savoir ce qu'il vous a apporté dans la production et comment vous avez travaillé avec lui pour produire votre album?
Mick: On a gagné le concours et après on a enregistré deux singles avec Téo Miller…
Comment vous avez travaillé avec lui car il est très connu dans le milieu?
Dave: C’était seulement pour le mixage.
Mick: Il n'a pas fait la production, seulement le mixage dans le studio. Mais avec lui, on a appris à travailler en studio et il nous a donné envie de continuer à travailler en studio. Lorsque l'on a commencé à travailler en studio on a fait une session de dix jours mais il nous a dit au bout de dix jours que l'on faisait bien notre travail seul et qu'il n'avait plus rien à faire ici. Donc l'album on l'a produit et mixé nous même.
Donc il faisait le travail d'ingénieur du son et de production mais vu que vous le faisiez même, finalement vous n'aviez pas besoin d'ingénieur du son car vous aviez les techniques…
Mick: C'est exact…et c'est Renart, un copain à nous qui joue dans un groupe Das pop. Il nous a permis d'approcher Téo Miller. Donc c'est grâce à lui que nous avons fait une session avec Téo Miller.
Lors de votre travail de composition est ce que vous laissez plus de place à l'instrumental plutôt qu'aux paroles? On ressent cette ambiance dancefloor, club concerts dans la composition des musiques avec ce côté instrumental qui prend plus le devant que les paroles, c'était juste pour faire bouger les gens? Dans votre travail de composition avez vous cette sensibilité là ou pas du tout?
Mick: Notre intention c'était avoir du plaisir. Il faut que les paroles sur la musique prennent le dessus. Pour nous, les paroles et la musique c'est presque au même niveau et les paroles, le chant et la mélodie sont des arrangements pour nous comme on utilise des instruments, la voix est un instrument qui fait ses parties.
Surkin qui est Dj électro français a remixé un de vos titres, je voulais savoir comment s'est faite cette collaboration entre vous? Est ce que vous êtes attentif à la scène électro française? Et comment s'est fait ce remix de l'un de vos titres?
Mick: La première fois que l'on a vu son Dj-set, c'était à la Fabrik à Londres. On connaissait quelques chansons de Surkin. Après son set on a été tellement surpris et convaincu qu'on lui a demandé de faire un remix.
C'est vous qui lui avez demandé de faire ce remix?
Mick : Oui, en plus on a le même agent grâce à lui on a eu son e-mail et on a prit contact.
Dans la production de votre album, vous l'avez dit à juste titre tout à l'heure que vous l'aviez produit mixé, vous avez fait vous-même la pochette de l'album avec des autocollants, des couleurs, vous avez conceptualisé la totalité de l’album. Est ce que vous avez cette volonté d'être proche dans toutes les étapes du processus marketing et de la production de l'album? Est ce que c'est quelque chose qui vous tient à cœur d'être présent et d'avoir quelque chose proche de votre identité?
Mick : Oui car on a beaucoup travaillé sur cet album donc il serait dommage que quelqu'un d'autre fasse ce travail. C'est toujours difficile dans la musique, il y a des gens qui sont autour des artistes qui travaillent pour les artistes et doivent savoir ce qu'est l'artiste et créé une image autour. Un moment où un autre, il y a quelqu'un à côté de toi qui sait comment tu es et qui va te dire ce que tu vas faire. Nous on s'est dit que l'on était les personnes les mieux placées pour dire comment on veut nos vidéo-clips, les photos…
Vous maîtrisez tout, vous êtes très attentifs…
Mick : C'est tellement personnel que l'on ne peut pas faire autrement.
Le New musical express qui est le magazine anglais, parle de vous comme étant la réponse européenne des Klaxons. Vous avez remplacé les Klaxons aux Vieilles Charrues, c'était un petit peu un pied de nez en disant que peut être que le NME vous compare aux Klaxons version européenne mais vous défendez l'identité belge car Goose s'est enrichie de beaucoup de groupes électro belges. Je voulais savoir si cette identité électro est un peu venue des pays comme l'Allemagne, la scène de Berlin, est ce que c'est des groupes qui vous parlent ou des groupes belges qui sont nés du moment comme Front 242 ou Ghinzu c'est des groupes qui vous interpellent et vous défendez cette identité belge là.
Mick : Non pas vraiment, on a plus été influencé par des groupes comme Phoenix, Air et Daft Punk
Dave : Que des groupes français !
Mais plutôt les anciens albums de Phœnix qui sont plus électro ou même le dernier, It's Never Been Like That qui est plus rock?
Mick : Les anciens albums mais aussi le dernier. On avait plus d'affinités pour ces groupes là que pour ça qu'il se passe en Belgique ou ce qu'il s'est passé en Belgique.
Mais The Rapture est un peu le groupe rock qui a réintroduit l'électro au tout début, c'est le groupe rock/électro qui a introduit cela ou même finalement les Klaxons. Est-ce que ce genre de groupes sont des groupes référents ou pas du tout?
Mick : Non, je crois que l'on est pas vraiment des personnes qui ont des idoles ou des grands noms que l'on veut suivre. On travail plutôt avec notre coeur (Rires!) avec un esprit. On sent quelque chose et on va dans la direction de notre sentiment. Si c'est plus dance on va vers la dance et si c'est plus rock on va vers le rock.
Le label que vous avez choisi dont vous avez pris le temps de choisir est Skint. Le fait que se soit un label qui a produit Fatboy Slim, est ce que pour vous c'était très important de choisir une référence électro dans un label? Comment s'est opéré ce choix de label?
Dave : Skint a été le premier label à être vraiment enthousiaste et honnête. Nous avons passé pas mal de temps avec eux et nous les avons rencontrés à Courtrai…
Tom: On n'a pas été dans ce label parce que Fatboy Slim avait signé dans ce label. Il ont été très amicaux envers nous et intéressé par notre musique, ça a été très important pour nous.
Mick: Avoir le choix du label était important pour nous. Ok, il y avait Fatboy Slim, une référence amusante mais pour le reste c'était des gens qui nous laissaient travailler et c'était le plus important pour nous. On pouvait signer avec d'autres labels.
Vous aviez d'autres propositions de labels?
Mick : Oui…C'était qui? Tous les labels que l'on connaît et simplement parce qu'il n'y avait pas le feeling avec les gens qui travaillaient dans les labels. Si tu travailles avec quelqu'un, il faut avoir un contact agréable.
Comment avez vous ressenti les Vieilles Charrues car vous avez réalisé deux sets, le vendredi soir et ensuite le dimanche soir. Vous avez remplacé les Klaxons comme on l'a dit tout à l'heure, je voulais savoir comment dans le stress et l’ambiance du festival on vous a dit que vous deviez rejouer car les Klaxons annulaient leur set. Comment cela s'est passé dans votre tête pour vous préparer? Est ce que vous avez préparé quelque chose de différent? Comment vous avez senti le public dans le feu de l'action?
Mick : On a joué le set le samedi soir et après on était à l'aise dans la loge. On se préparait déjà pour le lendemain car on devait partir à 7 heures parce que notre ingénieur du son devait travailler dans l'après midi. A un moment notre agent est arrivé et nous a dit « les Klaxons ne vont pas venir demain est ce que vous voulez être le dernier groupe sur la scène principale ? » D'abord on croyait que c'était une blague parce que l'on avait vu la grande scène et pour nous c'était la première fois que l'on voyait une scène de cette taille. Le lendemain matin tout était confirmé et arrangé donc nous sommes restés à Carhaix, on a passé l'après midi dans la ville et vers le soir on est reparti vers le site et on a joué. C'était un concert très agréable, on a déjà joué devant 20 000 personnes mais pas encore pour 40 000 personnes.
Est ce que vous pensez avoir passé un cap avec ce concert?
Mick: Je suis très content de ce concert car je l'ai ressenti comme un concert à nous. C'était une grande scène, beaucoup de personnes et je crois que l'on a été très honnête sur scène. Ils ont vu notre spontanéité et ils ont eu envie de faire la fête.
Vous avez mis du temps à sortir votre premier album Bring it On par rapport à vos débuts. Je voulais savoir si le suivi dans la production dont on parlait tout à l'heure est dû à cette longue période car étant donné que c'est votre tout premier album vous ne vouliez pas léguer ce travail à une personne hors du groupe?
Mick: Oui mais c'était aussi une recherche. Ce qui prend beaucoup de temps c'est l'organisation, le choix d'un label, trouver un bon management, créer une bonne équipe autour du groupe. Et lorsque tu n'as pas ces personnes autour de toi ça ne sert à rien de sortir ton album. Il faut trouver les bonnes personnes qui vont faire le travail pour toi et qui va faire en sorte que l'on est là aujourd'hui avec toi pour parler de notre album.
Je voulais savoir l'influence qu'avait eu Soulwax sur votre travail?
Mick: Le fait qu'ils soient belges mais que l'on a pas l'impression qu'ils sont belges. Je veux dire qu'ils ont leur propre histoire. En Belgique, il faut attendre très longtemps pour voir un concert des Soulwax. Lorsqu'un concert est prévu c'est un évènement et c'est un esprit dans lequel on se retrouve. Il y a tellement de groupes qui jouent partout l'été en Belgique, ils mettent beaucoup d'énergie mais après tout le monde les a vu et la magie autour du groupe est partie. On sentait quelque chose de bien dans notre musique et l'on ne voulait pas trop réserver et se dire on reste en Belgique… on va peut être aller jouer en Hollande… On s'est dit désormais on a notre album donc on va essayer d'aller jouer partout.
Tom : Ça a été une des raisons de signer sur le label Skint parce que c'est un label anglais. Donc de ce fait nous pourrions jouer dans des pays autres que la Belgique.
Justement je voulais poser la question si le fait de signer sur un label anglais pouvait vous ouvrir les portes de la scène internationale et ne pas rester cantonné en Belgique… Et ce n'est pas un peu grâce à Soulwax que vous avez signé chez Skint car ils sont aussi dans ce label?
Mick : Oui, si tu veux. Dave a rencontré pour la première fois au Japon, Daewin, le patron de Skint. Ils ont mangé ensemble, la deuxième fois ils se sont rencontré à Brighton et là ils ont écouté un peu de musique et c'est comme cela que l'on s'est rencontré. Ça a été très amical.
Vous avez mis en Bonus track votre tout premier single « Audience » sur votre tout premier album Bring it On. Je voulais savoir si le fait de mettre ce titre en Bonus track montre qu'audience comptait beaucoup pour vous étant donner qu'elle a été un peu le déclenchement de votre carrière musicale?
Mick : Oui et c'était la première chanson que l'on avait enregistrée en studio. Je crois aussi que la chanson on l'a mise sur l'album parce qu'elle n'a jamais été en vente. En Belgique cette chanson a été un succès puis c'est un geste que l'on a voulu faire.
Ce single a été utilisé pour des pubs comme Coca-Cola donc il a pu aider à se faire connaître?
Mick : Oui, cette chanson a pu nous aider à nous faire connaître au public par sa diffusion.
« Audience » marque le début au niveau du son de Goose. J'ai pas mal écouté l'album et ce titre se démarque par rapport à tous les titres de Bring it On qui sont électro rock mais sur « Audience » on ne sent pas cette influence électro…
Mick :Oui tout à fait…
A la base, je suis plus formation rock et ce titre je l'ai écouté en dernier. J'ai l'album qui, je trouve est très prometteur. Mais ce single « Audience » arrive en fin d'album et c'est une surprise…
Mick : Tu t'es dis ils savent quand même faire de la vraie musique (Rires!)
Non justement. Pour te dire franchement, il y a deux semaines je ne connaissais rien du tout sur Goose. Vous passiez aux Vieilles Charrues, aux 3 éléphants donc je me suis renseigné sur le groupe et sincèrement j'ai été très surpris par votre album. Pour un premier album c'est très prometteur pour la suite…
Mick :Et bien écoute merci du compliment…
En espérant que le deuxième opus sera aussi bien. Avez vous des morceaux en stock pour un futur deuxième album?
Mick : Non car on a pas mal travaillé sur des remix pour d'autres groupes, beaucoup de concerts. On n'a pas pris le temps de penser au prochain album. On veut vraiment jouer cet album avec toute notre énergie. On n'a pas envie d'avoir la tête dans le prochain album.
Je disais cela car étant donné que vous êtes ensemble depuis pas mal de temps et que vous avez mis 11 titres dans la tracklist de Bring it On, quelquefois les artistes ont d'autres morceaux ou ébauches de morceaux qui sont laissés de côté pour un futur album.
Mick : Non nous n'avons pas de morceaux qui peuvent figurer sur un album.
Et du côté des remix, vous pouvez donner quelques pistes sur les prochains remix que vous allez faire?
Mick : On est en train de finir un remix pour ShitDisco, un groupe anglais. On en fait un autre pour The Cribs.
Comment se fait ce choix de remix? C'est vous ou bien c'est le label qui vous propose?
Mick : Avec ShitDisco c'est parce qu'on les connaît un peu et pour The Cribs c'est le label qui nous a demandé de le faire.
Est ce que vous pouvez nous parler du clip de « Bring it On » qui a été tourné en région parisienne. Je l'ai regardé et il est vraiment marrant et décalé. Est ce que c'est vous qui avez trouvé le concept du clip?
Mick : Non mais on savait que si l'on demandait Jeremy de faire le clip ça allait être bien et fou (Rires!). On voulait quelque chose de fun et qui avait des couleurs. On avait très bien aimé le clip qu'ils ont fait pour Justice.
Est ce que vous avez des groupes belges que vous pouvez nous faire découvrir? Personnellement je connais Deus, Girls in Hawaï, K's Choice, Ghinzu et désormais Goose.
Mick :Il y a Das pop…
C'est le même producteur?
Mick : Oui mais ils ne travaillent avec Téo Miller. Ils sont en train de travailler sur leur prochain album que Soulwax a produit. Ils jouent beaucoup à Paris pour le moment et demain on joue ensemble en Angleterre. Et il y a aussi Millionaire…
Qui est une grosse référence de Matthew Bellamy, le chanteur de Muse. Comment vous sentez le festival des 3 éléphants après les Vieilles Charrues?
Mick : On n'a pas encore vu la scène, il y a beaucoup de gens?
C'est plus petit que les Vieilles Charrues mais l'ambiance est très bonne.
Mick : Ok et bien on va voir cela tout à l'heure.
Merci à Mickael, Dave et Tom d'avoir répondu aux questions de l’interview.
Merci à Maryline (Jive Epic), Xavier, Arnaud et Mathias des 3 éléphants ainsi que Karine de Canal B pour l’interview.