Interview des trois membres déjantés de la formation electro-rock Bonde do Role (prononcé « Bonge de Rolay ») à l’espace presse du Furia Sound Festival. C’est l’occasion pour moi de discuter avec Pedro, Marina et Gorky, de l’histoire du groupe et de son succès ascendant.
JiHeF : Pouvez-vous me dire comment le groupe est né ?
Pedro (MC/DJ) : Heu…
Marina (chant) : Pedro ?
P : Ma mère a planté une graine…
Gorky (DJ) : Ton père a planté une graine, pas ta mère ! (rires)
M : OK, laissez tomber… Il y a deux ans, Pedro et Gorky vivaient ensemble. Je ne sais pas ce qu’ils faisaient d’autre, mais ils mixaient et produisaient des choses ensemble. Ils cherchaient à former un groupe d’electro-rock, alors ils ont fait quelques chansons et ont commencé à chercher une fille pour le chant. De mon côté, je cherchait à intégrer un groupe et mon cousin, qui est un ami de Gorky, m’a dit : « Oh, j’ai ce pote qui cherche une chanteuse ». Ils m’ont donc invité. Quand j’ai rencontré Gorky, il m’a donné un CD avec tous les titres sur lesquels je devais poser ma voix, dont un morceau de baile funk (ndlr : style musical brésilien mélangeant le hip-hop et la funk). Cette chanson, c’était comme un bonus track, et quand je l’ai écouté, je l’ai trouvée géniale. Ensuite, à la première répétition, on s’est bourré la gueule et on a fait une autre chanson de baile funk : le groupe était né. Puis, Gorky est allé mixer à Bauru, au Brésil, et il a joué ces deux morceaux de baile funk. Les gens se sont demandés : « Putain, qu’est-ce que c’est ?! ». Il leur a répondu : « C’est mon groupe ». Et eux : « Pourquoi vous ne viendriez pas jouer ici dans une dizaine de jours ? On fait une fête sur un bateau ». Nous on voulait aller à la plage, alors on a dit oui pour le délire. On avait juste besoin de faire dix autres morceaux. En une semaine on les a fini et on les a mis sur MySpace, parce que nos potes voulaient les télécharger. Les choses sont devenues de plus en plus énormes et là, on n’a pas vraiment compris le pourquoi du comment.
J : Concernant le nom de votre groupe, « Bonde do Role », qu’est-ce qu’il signifie ? Je ne parle pas portugais alors je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire…
P : « Role » c’est un rade où on a traîné quand on a réalisé qu’il fallait qu’on fasse dix morceaux en dix jours. On a pensé à cet endroit, qui peut être comparé à un Kebab et qui diffuse en continu une station de radio ne passant que des classiques de hard rock des années 80 et 90. On restait là pour chercher quel sample on allait choisir. « Bonde » c’est de l’argot pour « groupe ». On est donc un groupe lié à ce rade : le groupe de Role.
J : Vous avez parlé il y a quelques instants de MySpace : est-ce que vous êtes très présents sur cette plate-forme ?
P, M et G : Oui ! (en chœur)
P : C’est notre seul site.
G : Et on répond à tous les messages. Du moins on essaie.
M : Menteur, on répond à rien du tout !
G : Oui (en français), c’est vrai on essaie.
P : Mais on ne les lit pas.
G : Il y a genre soixante pages de messages !
P : On y répondra un jour. On a besoin d’un délai d’environ… Six mois ?
G : On ne répond pas à tous les messages…
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J : A l’écoute de votre premier album, With Lasers, il est possible de distinguer plusieurs styles musicaux : electro, hip-hop, rock, baile funk… Quelles sont vos influences musicales principales ?
M : 2 Live Crew.
P : Daft Punk. La pop brésilienne.
G : 2 many DJs.
P : Jason Forrest.
M : Les années 80.
P : La merde des années 80…
M : Comme la dance ! On adore cette période. On est a fond dans la pop même si on a d’autres goûts musicaux. On aime aussi le heavy metal.
P : Quoi ? Comme Poison ?
M : Guns’n’Roses. Je pense que le groupe préféré de Pedro c’est Bon Jovi.
P : Jon Bon Jovi. (rires)
M : Sinon, j’aime beaucoup le psychobilly.
J : Si tu aimes ce genre, tu es sûrement allée voir ce groupe japonais qui est passé dans l’après-midi…
P et G : Guitar Wolf ! (en chœur)
G : Oui, ils sont super cools !
J : Vous avez assisté au concert ?
P : Non…
M : Oh…
G : Jet Generation ! (ndlr : titre d’une chanson de Guitar Wolf)
P : Comme groupe japonais, j’aime aussi Guitar Vader. C’est dur de trouver leurs disques mais j’essaierai d’en acheter quand on ira au Japon.
J : Vous allez jouer là-bas ?
G : Oui, au festival Summer Sonic.
J : En parlant de ça, c’est la première fois que vous vous produisez dans un festival en France ?
P : En fait, c’est la seconde fois. La première, c’était hier.
M : Les Eurockéennes.
P : Belfort.
J : Alors, qu’est-ce que vous en avez pensé ? Vous avez eu un bon accueil du public français ?
P : C’était super cool. Le meilleur. On a déjà joué à Glassenbury…
M : En Suède.
G : A Primavera.
P : A part la Suède, c’était le mieux, car la Suède c’était…
M : Le meilleur endroit jusqu’à maintenant !
P : Hier aussi c’était super.
J : Est-ce que vous avez le même contact avec le public brésilien ?
M : C’est différent parce que les gens au Brésil comprennent nos paroles. Ils dansent et quand ils écoutent les paroles, ils rient et ils ont des réactions différentes de celles des autres publics. Ils ont des réactions du genre : « Oh ! », « Oh mon dieu ! » ou « Argh ! ». C’est différent mais c’est génial aussi. Au Brésil, on n’a pas de véritable carrière. Notre album n’est même pas sorti là-bas. Plutôt bizarre…
J : Mais l’album va sortir au Brésil ? Vous êtes en recherche d’un label ?
M : Je l’espère. Pour l’instant plusieurs labels sont intéressés, mais je ne sais pas, les choses avancent lentement.
P : C’est compliqué parce qu’au Brésil les CD’s sont chers, alors personne n’en achète. Les petits groupes ne s’intéressent donc pas aux labels. Combien de CD’s a vendu Arcade Fire là-bas ?
M : Arcade Fire en a vendu 600. Au Brésil, personne n’achète de CD’s mais télécharge.
G : De plus, les gens n’ont acheté les CD’s d’Arcade Fire que parce que le groupe a joué à un gros festival là-bas et que la pochette de l’album est sympa.
J : Qu’en est-il de la scène locale au Brésil, la nouvelle scène ?
G : On a CSS ! A part nous et CSS, il y a une scène indépendante au Brésil, c’est…
P : De la merde ! Tu dois être assez chanceux car il n’y a pas de marché pour tout ça. Les choses changent actuellement, lentement, mais je pense que dans cinq ou dix ans, on sera capable de dire qu’il y a une véritable nouvelle scène. Ca commence. On est chanceux.
M : Sinon il y a des groupes de baile funk, comme Catra.
P : Oui, mais c’est du baile funk de Rio..
M : Oui, c’est un autre univers. On a cette influence du baile funk mais on n’est pas né à Rio. Le baile funk est quelque chose de typique de Rio de Janeiro. Gorky est né là-bas et je pense qu’il nous amène cette dimension et la rend présente. Aux yeux de cette scène, on est que des gosses blancs de la classe moyenne du sud. On n’est pas des favelas même si on a quelques potes qui viennent de ces milieux. Quand on est à Rio on joue dans les lieux indépendants et non les lieux de baile funk.
J : J’ai une dernière question : quels sont vos plans pour les mois à venir ?
M : Tourner jusqu’en décembre.
G : Tourner dans les festivals et faire des concerts jusqu’à décembre. Puis après on fera une pause pour quelques opérations médicales.
P : De la chirurgie plastique.
G : Pas pour moi.
M : Je vais subir une opération de la gorge et Gorky va se faire opérer quelque chose dans le ventre, je ne sais pas ce que c’est.
P : Personne ne va se faire une liposuccion ?
G : On va commencer à enregistrer notre nouvel album pour l’année prochaine.
Un grand merci aux trois membres de Bonde do Role pour leur disponibilité et à l’équipe promo du label P.I.A.S.