L’étendard en fond de scène ne trompe pas sur la marchandise, ce soir c’est Converge, du hardcore sans concession et sans compromission. L’artwork de No Heroes créé par Jacob Bannon trônera toute la soirée devant un public hétéroclite : crânes rasés, chemise-pantalon façon commercial, mèches rutilantes, houppettes au Fructis, etc. Il y avait de tout pour ce show attendu depuis des lustres et qui affichait complet, nombreux sont ceux à être restés sur le carreau, toute la frénésie humaine n’aura pas suffi à faire entrer les plus insistants…
Premier groupe à entrer en scène : Animosity. La salle du Nouveau Casino est déjà bien remplie pour accueillir ce groupe de death/hardcore débarqué de Frisco. Soucis de taille, le son semble avoir été mal réglé car il est beaucoup trop fort, malheur à ceux qui ont oublié leurs bouchons antibruit, nous en ferons partie… Seules quelques personnes s’agitent un peu, le reste de l’assistance semble bien passive. Le chant guttural fait au départ bonne impression mais finit vite par lasser, le son assourdissant rend le set longuet et lourd à écouter. Malgré la performance correcte du quintette, on se dit vivement la suite…{multithumb thumb_width=310 thumb_height=413}
Au tour des belges de Rise And Fall de nous montrer de quoi ils sont capables. Autant dire tout de suite qu’il s’agit de LA surprise de la soirée. Charisme, professionnalisme, puissance, maîtrise et même une ou deux mèches, le quatuor a tout pour lui et pour suivre les traces des grands frères de Converge. L’alliance parfaite entre punk et hardcore est faite en un peu plus d’une demi-heure, aucun temps mort dans ce set qui fleure bon la jeunesse explosive du pays des frites. Le public a bien compris qu’il n’avait pas affaire à n’importe qui et les mouvements dans la fosse se font de plus en plus fréquents. Voilà en tout cas une très bonne mise en bouche avant l’entrée en scène de la tête d’affiche, remarquons au passage la grande performance du batteur qui nous fait la mitrailleuse à deux bras sur chaque morceau, on s’en souviendra. Côté frontman, les cris sortent des trippes, l’énergie aussi, tout est là, CQFD.{multithumb thumb_width=310 thumb_height=414}
Il reste un groupe et non des moindres, Converge. Combo culte de la scène hardcore qui officie depuis plus d’une décennie dans toutes les bonnes paroisses enfumées du monde, le quatuor est un des groupes les plus réputés scéniquement parlant, voyons si ce soir cela est vraiment mérité. Kurt Ballou, seul avec sa guitare, se tient sur scène et joue l’intro très crade de « Plagues », la tension grimpe d’un coup, le chant et les autres instruments ne tardent pas à se faire entendre dans ce morceau lancinant qui fait délicieusement monter la pression. Dès la chanson suivante, tout s’enchaine à une vitesse ahurissante, le set est hyper violent et le public n’en démord pas ! Converge ne fait pas la part belle à son dernier né No Heroes et joue des morceaux issus de Jane Doe, de You Fail Me et ressuscite quelques antiquités. Les bostoniens envoient donc leurs plus grosses bombes auditives dont « No Heroes », « Black Cloud », « Hellbound », « Fault And Fracture », etc. Le rythme est effréné, le son est cette fois-ci assez bon, les riffs sont ainsi reconnaissables sur chaque morceau, et l’on se rend bien compte que Ballou n’est clairement pas un manchot. Coup d’œil sur Jacob Bannon qui est définitivement en forme, blondinet ce soir et tatoué jusqu’au coup, il s’arrache la gorge sur chaque nouveau titre, on regrettera cependant qu’il ne se soit pas jeté dans la fosse et qu’il ne se soit battu avec personne ! Ça sera peut-être pour la prochaine fois…{multithumb thumb_width=333 thumb_height=444}
L’ambiance dans la fosse est folle : pogo insensé, stage diving et slam à répétition, le public parisien tient à dépenser ses 20 € de place de concert jusqu’au dernier centime. Mention spéciale sur ce point à une jolie demoiselle qui met à l’amende le reste de la salle composée à 80 % d’hommes. Le bon plan pour faire ses courses ? Allez voir Converge en concert : des chaussures, des bouteilles et des lunettes qui volent, l’idéal pour faire son marché, on aura même droit au verre de bière sur le t-shirt, Leclerc & Co n’ont qu’à bien se tenir !{multithumb thumb_width=444 thumb_height=333}
Sur le dernier morceau, la fosse s’agrandit jusqu’en milieu de salle, tout le monde met à la main ou le poing à la pâte. Au final, le quatuor effectue une nouvelle fois une véritable performance et confirme sa réputation scénique. Converge impressionne par sa capacité à mobiliser la foule et par son énergie cathartique intacte depuis toutes ces années. Les américains ont toujours su restés proches du public et communier avec lui, ce soir c’était le cas. On regrettera néanmoins la courte durée du set, une heure seulement, le show était certes extrêmement intense mais on a un peu les boules de sortir de la salle alors que la nuit n’est pas encore tombée, saleté d’heure d’été…{multithumb thumb_width=444 thumb_height=333}
Le concert à ne pas louper, c’était donc ce soir au Nouveau Casino et pas ailleurs. Les venues de Converge en France sont plutôt rares, bien plus que celles de Muse qui jouait au même moment de l’autre côté de Paris, chacun a donc dû choisir son camp. Ce n’est certainement pas nous qui le regretteront vu la prestation des bostoniens qui, sans mettre la salle complètement à sac, ont su convaincre et démontrer, s’il était encore nécessaire, leur suprématie qui fait d’eux un groupe définitivement pas comme les autres… Ça s’est tapé sévère dans la fosse ce soir, l’honneur et l’esprit du hardcore sont saufs.
Photos : Flora
Merci à Sophie d'Epitaph !