Pouvez vous me parler de ce nouvel album par rapport à Slave Design?
Ben : Et bien, on pourrait dire que par rapport à Slave Design, qui reste un album assez traditionnel et monolithique dans sa structure et son style musical, son successeur va beaucoup plus loin au niveau des variations de dynamiques : c'est à la fois plus violent et en même temps plus mélodique, c'est à dire une musique basée sur l'alliance de deux paradoxes, plus qu'un énième album de metal bourrin avec des refrains mélodiques comme cela se pratique énormément à l'heure actuelle, dans la scène metalcore notamment. Pas que je n'aime pas certains groupes appartenant à cette scène, mais je crois qu'on essaie de faire de Sybreed un groupe où justement mélodie et brutalité ne soient que les deux faces d'une même pièce, et non une gimmick pour donner une couleur commerciale à notre musique, ce qui ce traduit par ailleurs par un retour d'influences death et black qu'on avait mis de coté sur le premier album, et d'un autre coté la présence de morceaux où vraiment la mélodie et le chant clair dominent clairement, avec parfois des ambiances qui se rapprochent de la New-wave. Par contre quelque soit le type de morceau abordé, l'atmosphère générale de notre prochain disque est résolument sombre, plus encore que Slave Design, avec toujours cette facette industrielle qui caractérise notre son. En tous cas préparez-vous à quelques surprises ! {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Pouvez vous me décrire votre processus de travail ? Comment s'est passée l'écriture des compos ?
Ben : Là, il faut plutôt demander à Drop, car en ce qui concerne la composition, c'est en grande partie de sa faute ahah !
Drop : C’est effectivement de ma faute si les morceaux sont si mauvais hahaha ! Plus sérieusement, je bosse dans mon home studio « The Drone » pour la compo, je fais des versions squelettiques des morceaux avec boîte à rythme. Puis j’envoie le tout aux autres qui greffent leurs parties dessus. Les morceaux prennent leur version finale une fois que tout est enregistré, je peux alors améliorer sur les parties synthés et électroniques ainsi que les arrangements. Ca nous arrive d’enregistrer des pré productions, juste pour voir comment ça sonne une fois tous les éléments incorporés ensemble, et pour éviter les erreurs du passé, comme sur « Slave Design » par exemple où certains morceaux ont été composés en studio.
Comment va se dérouler l'enregistrement ?
Drop : Alors Dirk (Soilwork/Scarve) a dores et déjà posé ses bombes sur les morceaux, ça s’est passé en 3 jours du mois de juin au Taurus Studio à Genève. En ce moment je suis en train de préparer les sessions guitares et basse qui se dérouleront dans mon home studio « The Drone ». D’ici quelques semaines on pourra passer au chant, dans mon studio également. Enfin, fin août on va bosser sur les arrangements, faire un pré-mix et trouver un studio où faire un mix digne de ce nom. Ensuite viendra le mastering, la promo et ensuite la sortie de l’album ! Nous somme impatients que les gens puissent jeter leurs oreilles dessus.
Quels thèmes allez vous aborder sur ce nouvel album ? Peut-on noter une évolution par rapport à Slave Design ?
Ben : Bon, déjà la plupart des thèmes à la Fear Factory ont été mis de coté. Ca reste cyberpunk dans l'esprit bien sûr, mais d'une manière très différente ! Disons que j'ai énormément lu ces deux dernières années, que ce soit de la SF, du roman classique, de la philosophie, voir des écrits judéo-chrétiens, et je me suis rendu compte que parler de machines, de technologies diverses avec des mots compliqués, est disons le, quand même super chiant à chanter. Ce n'était finalement pas ce que recherchais, ce n'était pas nécessaire à ce que je voulais exprimer ….. donc je me suis recentré sur les thèmes que je n'avais fait qu'effleurer sur Slave Design, les symboliques qui me tiennent à coeur, c'est à dire l'aliénation de l'individu sous toutes ses formes, que ce soit par l'amour, la haine, ainsi que le dégoût face à ce constat simple qui est que l'homme reste, encore aujourd'hui, un loup pour l'homme, et que malgré toute la bonne volonté du monde, il y aura toujours des personnes ou plutôt des groupes de personnes, car il s'agit plus d'une effet de masse qu'autre chose, qui voudrons dominer ou éliminer leur prochains et cela contre tout raisonnement logique pendant que d'autres préfèreront ignorer et se noyer dans cette forme d'esclavage qu'est la société du " loisir " et de la satisfaction immédiate du désir. Et en même temps, le thème de la rédemption est très présent, comme une porte de sortie qui surnage dans, excuse moi pour l’expression, un océan de merde. Bref, le successeur de Slave Design est plus introspectif, pessimiste, voir nihiliste, puisque toute possibilité de rédemption justement passe en général par la destruction de l’être, que ce soit psychologique ou physique, ce qui quelque part se rapproche de l'idée de résurrection de certaines religions.
On peut entendre sur votre page myspace un de vos nouveaux titres : Emma-Zero, un peu plus "soft" que vos précédentes compos sur Slave Design. Comment le son va évoluer sur votre nouvel album avec l'arrivée de Dirk pour l'enregistrement notamment ?
Oui, c'est vrai qu'un morceau comme Emma- Zero semble montrer une facette plus soft de Sybreed. Néanmoins, même si cela paraît plus calme et plus mélodique, et encore de manière somme toute relative, c'est aussi plus "tordu" que n'importe quel morceau de Slave Design. A vrai dire, il s'agit d'un de ses morceaux disont "medium" que l'on a l'habitude de faire, comme pouvait l'être "Decoy" sur le premier album. A vrai dire, je crois que l'on pourrait définir trois type de morceaux chez nous : les morceaux soft, les morceaux dynamiques mais toujours mélodiques, et les morceaux plus violents et apocalyptiques. Et c'est justement là que Dirk joue justement un grand rôle ! On vient en effet de finir l'enregistrement des drums, et je peux d'ores et déjà te dire qu'il a apporté exactement ce que l'on recherchait pour les nouvelles chansons, c'est à dire beaucoup de groove sur les parties mélodiques et beaucoup de brutalité sur les parties "qui envoient" … et dieu sait si elles envoient ! Dirk est définitivement un batteur plus qu’impressionnant.
Avez-vous eu des retombées suites à la diffusion de ce titre sur myspace ?
Ben : pour l'instant les réactions sont plutôt bonnes, et nous n'avons eu quasiment aucun écho négatif par rapport à ce morceau, ce qui est quand même encourageant pour la suite ! En même temps, étant une chanson, comme je le disais avant, plutôt " médium " dans l’esprit, il laisse une bonne marge de suspense concernant le reste de l'album : reste donc à voir si le prochain album aura un accueil aussi favorable qu'Emma Zero. Mais bon, je suis confiant à ce sujet.
Avez-vous des dates de prévues ? Et si oui, un passage est-il prévu en France ?
Drop : Tout dépend de l’arrivée du nouveau batteur, ou du moins du batteur de sessions pour les concerts. Si tout se passe comme prévu nous aurons quelques dates en Angleterre, en Suisse et aussi chez vous en France dans le courant du mois de novembre. Ensuite on va se concentrer sur la sortie du CD avant de faire une tournée plus conséquente d’ici la fin de cet hiver/début du printemps 2007.
Vous avez déjà fait quelques dates en France, quelle impression avez-vous ressentie face au public ?
Ben : Ma première impression a été plutôt bonne, même si j'ai senti un peu que le public français ne savait pas trop comment aborder Sybreed parfois ! On reste vraiment en dehors des codes du metal en général , que ce soit traditionnel ou "new-school", et comme on évolue à la frontière de plusieurs styles, je pense que cela déstabilise les publics qui ont l'habitude de bien catégoriser les groupes dans des niches. Alors c'est vrai que par rapport aux USA où le metal, voir le rock, est un terme générique, et donc où il y a peu de séparation des "scènes", ou alors d'autres pays comme l'Estonie, où nous avons eu un accueil plus qu'incroyable, la France m'a paru presque plus timide, tout en nous réservant quand même une excellent accueil, notamment au travers de la presse rock, qui à été plutôt unanime à notre sujet. Donc je pense que notre relation avec le public français se développera plus sur le long terme, ce qui n'est pas pour me déplaire, vu que j'aimerais quand même que Sybreed ne soit pas un "feu de paille".
Vous intéressez vous à la scène française ?
Ben : Forcément, vu qu'il s’agit quand même de nos voisins immédiat. De plus, il y a une quantité non négligeable d'excellents groupes en France qui mériteraient une reconnaissance internationale plus importante ! De mon coté j'apprécie beaucoup Gojira, Anorexia Nervosa, Carnival in Coal, Dagoba, pour ne citer qu’eux, et il me semble que la scène française gagne de plus en plus en diversité et en qualité. Et puis, étant moi-même français à la base j'ai quand même gardé pas mal de contacts avec des musiciens, et néanmoins amis en France, donc forcément je reste au courant de ce qui se passe.
En parallèle de Sybreed certains d'entre vous ont des side projects, ou collaborent avec d'autres groupes, est-ce dur à gérer ?
Ben : Et bien pas vraiment … enfin disons quand même que de mon coté je passe mon temps à écrire des paroles et composer des lignes de chant, vu que je participe à pas mal de groupes. Je dois en être à trois, en plus de Sybreed, à l'heure actuelle : un groupe avec l'ancien gratteux de Zuul Fx et le batteur des feu- Nostromo, un groupe de Black metal avec qui on devrait enregistrer un album d'ici 2008, et un autre projet de grande envergure mais dont je ne peux pas trop parler maintenant. Alors, c'est vrai que ça pose des problèmes d’organisation, il faut bien gérer son temps, mais finalement on s'y fait vite. Il est vrai que ça force à changer ma méthode de travail, c'est à dire enregistrer des démos soi-même, bosser énormément par le biais d'échange de fichiers informatiques, etc. Mais d'un autre coté, je préfère cette manière de travailler, et quand j'arrive pour jouer les morceaux en répétition, je les connais déjà sur le bout des doigts, et je n'ai donc pas besoin de venir m'exploser les cordes vocales dans un local trois fois par semaines !
Drop : Pour ma part, j’ai mon autre groupe, MXD, qui officie dans un style electro metal avec deux mecs aux machines, un chanteur et moi à la guitare. Sinon, je produis des groupes dans mon home studio « The Drone » ce qui me permet de gagner un peu d’argent, ce qui n’est pas négligeable. Mais il me reste énormément de temps pour Sybreed et ça me permet de bosser tout le temps en fait.
Quelle est votre vision de la scène suisse ?
Ben : hum, autant je suis de près la scène française, autant je t'avouerais que je suis largué au niveau de la scène suisse, de mon coté !
Drop : Il me semble que la scène suisse perd un peu de ce qu’elle était au temps de Nostromo, Shovel et consorts. Peut-être que je ne suis plus très au courant car je m’intéresse d’avantage à la scène Scandinave ou Américaine mais j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de groupes, qui font une musique de moins en moins variée. Ça tourne en rond… Il y a quand même quelques groupes qui sont là depuis longtemps et qui sont d’excellente qualité comme Samael, The Young Gods ou Celtic Frost qui viennent de faire leur come-back. Il y a aussi quelques groupes plus jeunes et moins connus mais tout aussi excellents comme Bak XIII, Forceed ou encore Fade.
Vous avez déjà réalisé plusieurs dates aux Etat Unis, qu'est ce que cela vous a apporté ? Le public est-il différent ?
Ben : Tout d'abord je crois que ça a été une véritable épreuve du feu pour nous : être largué dans un pays que l’on ne connait pas pour le traverser un tour bus et faire une grande quantité de dates d’affilée. C'est assez formateur, surtout quand on est un groupe assez jeune qui n'a pas forcément une grande expérience du live ! En même temps ça m’a appris surtout deux choses : que c'était la vie que je voulais mener, bien que ce ne soit pas forcément une vie simple, mais plutôt chaotique, et que la clim' à l'américaine c'est mortelle pour la gorge et que la prochaine fois, y allait falloir que je fasse des réserves de cortisone avant de partir en tournée !!!
Etant donné que vous avez signé avec Reality entertaintment, pensez vous retourner faire une tournée aux USA ?
Ben : On l'espère en tous cas, car ça reste quand même un des endroits ou le mot "rock 'n' roll" prend tout son sens !
Je vous laisse le mot de la fin pour vous adresser aux lecteurs de Vacarm …
Ben : Je ne suis pas super fort pour ce genre d’exercice mais je dirais juste merci à ceux qui nous connaissent déjà, et nous soutiennent. Pour ceux qui nous ne connaissent pas encore, et bien, prenez le temps de jeter une oreille sur notre album, et de l'apprécier le cas échéant. Et pour finir, et ça c'est pour tout le monde, on va vite revenir avec une nouvel album qui risque de vous liquéfier !!!!