Cap'tain Planet : Comment est né French Metal ? Peux-tu nous présenter ce site ?
Salut Cap'tain Planet ! FRENCH METAL est né un soir de Janvier 2003 sous forme d'un simple annuaire regroupant quelques groupes français que j'avais moi même ajoutés. En très peu de temps, des dizaines et des dizaines de groupes se sont manifestés pour être répertoriés. Face à cet engouement j'ai commencé à élargir les activités du site avec des chroniques… puis des interviews… et finalement j'ai du commencer à "recruter" des rédacteurs pour m'épauler car seul, cela devenait ingérable. Au jour d'aujourd'hui, FRENCH METAL propose un annuaire avec quelques 800 groupes français répertoriés mais aussi une partie webzine traditionnelle où une douzaine de passionnés s'occupent règulièrement des chroniques, des interviews, des live reports et des photos de concerts. FRENCH METAL héberge également gratuitement une cinquantaine de forums officiels de groupes. Avec le temps, nous avons créé un climat de confiance avec les différents intervenants (groupes, assos, labels…) et à ce titre nous sommes occasionnellement sollicités pour des partenariats sur des sorties d'albums et des dates de concert.
Pourquoi créer un site internet d'information musicale alors qu'il existe déjà de nombreux magazines ?
J'ai toujours trouvé anormal que la scène métal française soit aussi méconnue de son propre public, celui étant plutôt attiré par les groupes étrangers, notamment ceux d'Outre Atlantique. La cause vient en partie des magazines qui ne se focalisent que sur les groupes qu'il veulent bien mettre en avant. FRENCH METAL est une alternative car il est avant tout un annuaire ouvert à tous les groupes de métal au sens large, qu'ils soient grands, petits, expérimentés, inexpérimentés… Les internautes peuvent s'y retrouver très facilement et ainsi se rendre compte de la richesse de notre scène nationale. La partie webzine complète cela pour aller plus loin dans la découverte et dans l'information.
Peux-tu nous décrire « Entre Ciel et Terre » en quelques mots, nous présenter les groupes, etc… ?
"Entre ciel et terre…" est la troisième compilation que nous produisons en seulement un an. La grande nouveauté par rapport aux deux précédentes, c'est que celle-ci est un double CD proposant ainsi 40 groupes français dans des styles assez variés (fusion, hardcore, rock, heavy, thrash, death…), ce qui représente tout de même 2h30 d'écoute ! L'occasion de retrouver quelques groupes qui ont déjà fait parler d'eux par le passé comme Bullshit Inc. et Force Fed ou plus récemment comme Sonny Red (participation au Hellfest 2006), Skort (lauréat Class ' EuRock 2006) et Kandjar (finaliste du dernier tremplin Emergenza). L'occasion aussi de découvrir des morceaux en avant première (Evil One, Hellixxir, Small, Erlen Meyer, Signs).
Quelle est votre démarche avec cette compilation ? {multithumb thumb_width=500 thumb_height=350}
Grâce à cette compilation, nous donnons la chance à des petits groupes d'apparaitre pour la première fois sur un support de ce type avec toutes les retombées que cela entraîne et plus globalement, nous donnons leur chance à tous les groupes pour lesquels les samplers de magazines sont inaccessibles. D'autre part si on se met du côté du public, c'est l'occasion de découvrir des groupes qui répètent des fois dans le même bled et dont on ignore l'existence ! Enfin à titre personnel, la compilation est un bon moyen pour matérialiser notre soutien quotidien aux groupes et pour montrer que nous sommes capables de dépasser le cadre du webzine traditionnel.
Comment s'est effectué le choix des groupes ?
Très simplement, nous avons eu au total une cinquantaine de candidatures et donc quelques groupes à qui nous avons du expliquer que leur morceau n'était pas de qualité suffisante, je parle au niveau de la production car au niveau des genres musicaux, nous avons ouvert les portes à tout ce qui nous a été proposé. Enfin pour les autres groupes non retenus mais qui avaient leur place, c'est justement par manque de place et nous leur donnons rendez-vous au prochain volume !
Y a-t-il des groupes que tu aurais aimé programmer sur cette compilation mais qui n'y sont pas ?
Par rapport à mes goûts personnels, oui forcément ! Maintenant je suis très satisfait de ceux qui sont présents sur cette compilation et je suis ravi d'avoir pu leur donner l'opportunité de tous se retrouver sur un seul et même support, cela favorisera l'entraide, je l'espère. J'espère aussi que les gens qui s'attendent à retrouver des têtes d'affiche sur cette compilation se montreront assez curieux.
Quel budget représente l'édition d'une telle compilation ?
Sans trop rentrer dans les détails, cette compilation représente un budget global d'environ 3500 euros. Cela inclut le pressage des 1000 exemplaires (la plus grosse partie du budget), la redevance à la SDRM (société des droits d'auteurs compositeurs et éditeurs), les frais postaux et la promo-flyer.
Quelles difficultés se sont posées pour la réalisation de cette compilation ?
La principale difficulté est d'arriver à s'organiser avec 40 groupes ! Le mois qui précède le départ en usine de la compilation est assez stressant car les groupes n'étant pas toujours disponibles et de plus pas au même moment, toute la récolte des morceaux et des informations se fait au cas par cas. Le moindre retard à ce niveau va entrainer un retard au niveau de la conception de la compilation, qui lui même va entraîner un autre retard au niveau de la fabrication et si tout n'est pas réglé comme une horloge, on peut se retrouver très rapidement en décalage par rapport à ses prévisions initiales de sortie… ce qui a été le cas de cette compilation avec un petit mois de retard par rapport à ce qui était prévu. L'autre difficulté est d'arriver à avoir un CD homogène à l'écoute quand au départ les morceaux sont de qualité sonore très différente. Malgré tout, je vois plutôt tout ça comme des challenges à surmonter plutôt que comme des contraintes 😉
Comment avez-vous réalisé la pochette ?
La pochette est à 80% tirée d'une photo libre de droit que nous avons trouvé parfaite pour représenter le titre de cette compilation, le reste c'est uniquement de la retouche graphique que j'ai moi même entièrement réalisé.
Où sera vendue la compilation ?
Elle est disponible dans la VPC de FRENCH METAL au prix de 8 euros (port compris) et également, je l'espère, sur tous les sites des groupes participants. Dès la rentrée, elle devrait être aussi disponible sur les stands des groupes qui recommenceront à tourner. Certains y verront sûrement un moyen de distribution un peu rudimentaire mais l'objectif de cette compilation est que les groupes puissent se vendre directement sans passer par des intermédiaires. En clair, nous préférons que la compilation arrive directement sur le terrain plutôt que de se retrouver perdue au milieu d'un catalogue de VPC ou de trainer dans un tirroir de magasin 😉
Comment pensez-vous promouvoir ce nouvel opus ?
L'essentiel de la promo est effectué sur le net par le biais de FRENCH METAL et de son réseau (forum, mailing list…), par les groupes eux-mêmes sur leurs sites et sur leurs blogs, et aussi grâce aux flyers que nous avons tirés pour l'occasion et qui seront distribués un peu partout aux 4 coins de la France. Enfin, quelques webzines se chargeront de chroniquer la compilation, voire d'organiser des concours. En plus de la promo, des exemplaires seront envoyés à quelques labels, des fois que des oreilles attentionnées se poseraient dessus…
Avez-vous déjà envisagé un nouveau volume de la compilation ?
Le quatrième volume est d'ores et déjà prévu ! On ne sait pas encore de quoi il sera fait, ni quelle forme il aura, mais il sera très certainement prêt pour la fin de l'année, voire pour début 2007. Si des groupes souhaitent postuler, ils peuvent commencer à se faire connaître !
Que penses-tu du webzinat actuel ? Quels sont ses qualités et ses défauts ?
Dans le côté positif, je pense qu'il y a une petite dizaine de webzines qui sont véritablement des références en la matière et qui servent de "locomotives" dans le milieu. A une moindre échelle, il y a la grande majorité des webzines actuels, ceux qui travaillent activement et efficacement dans l'ombre au service des groupes et des internautes. Certains d'entre eux existent depuis plusieures années et ne se sont jamais désaxés de leur politique de départ : soutenir la scène locale. A coté de ça il y a ce que j'appelle les webzines "éphémères", ce sont qui sont partis d'une bonne volonté mais qui s'éteignent rapidement devant la difficulté (manque de temps généralement). Dans le coté négatif, il y a ces webzines qui ne sont jamais tenus à jour, qui sont truffés de fautes d'orthographe, qui copient sans vergogne les textes et les photos provenant d'autres sites, et qui osent appeler "chronique" un texte de 2-3 lignes. Enfin dans le côté très négatif, il y en a malheureusement qui abusent de leur statut de webzine dans l'unique but de recevoir des CD gratuitement. Méritent-ils seulement d'être appelés "webzines" ? Je ne crois pas.
Penses-tu que les webzines entreprennent assez ?
Je leur reproche parfois de trop rester dans le cadre conventionnel "chroniques + interviews + live reports" ou de trop souvent se cantonner dans un seul style musical (hardcore, extrême…) mais il faut reconnaître que tous font un travail considérable, sachant que le webzinat n'est pas une activité lucrative. Chacun gère son webzine du mieux qu'il le peut, en fonction des moyens et du temps dont il dispose.
Sur qui peuvent compter les webzines pour se développer ?
Je serais tenté de dire sur l'entraide mais dans la pratique les webzines fonctionnent de manière assez autonome. Je veux dire par là que chaque webzine est quelque part le reflet de la personne qui l'a créé et qui le gère, chacun a sa propre identité, sa propre ligne conductrice et tient à la garder. S'il fallait un petit peu comparer, on imaginerait assez mal le Canard Enchaîné main dans la main avec le Figaro. Je pense que c'est à chaque webzine de savoir se renouveler et de savoir attirer constamment le lecteur pour perdurer.
Quel avenir vois-tu pour les webzines face à la montée en flèche des blogs ?
Si tu veux parler des blogs musicaux du type MySpace, ils ne peuvent que rendre service aux webzines, ils réprésentent une source d'information supplémentaire qui ne nuit en rien au travail de journalisme des webzines, bien au contraire. Pour prendre un exemple concret, combien de webzines aujourd'hui se réfèrent à des pages MySpace pour faire écouter à leurs lecteurs des morceaux en exclusivité ? De plus en plus.
Penses-tu que les webzines d'actualité musicale pourront un jour se professionnaliser et devenir une activité principale pour ses gérants ?
Je l'espère ! Ainsi je pourrai gérer FRENCH METAL depuis ma Limousine entouré de mes chères chroniqueuses lol Plus sérieusement, ce serait assez logique car tenir correctement un webzine équivaut largement à tenir un magazine. D'un autre côté, un webzine ne sera jamais un magazine. Le webzine est par définission librement accessible sur la toile alors que le magazine est dans une logique marchande, s'il ne vend pas il meurt. Néanmoins un webzine pourrait très bien devenir une source de revenus en élargissant ses activités, de faire par exemple de la vente en ligne de disques et de vêtements, de vendre des photos, de faire du "sponsoring"… mais tout ceci n'est pas exactement ce que l'on attend d'un webzine donc je te réponds catégoriquement "non" mais ce n'est que mon avis 😉
Le mot de la fin ?
Merci pour ton interview, tu viens de prouver que l'entraide entre les webzines était possible ! Bonne continuation à Vacarm.