Lorsqu’un album marque la fin d’une carrière, il y a toujours un petit brin d’émotion lors de la première écoute. Mais quand celui-ci se révèle d’une immense qualité, comment ne pas se sentir habité par un sentiment de nostalgie ?
Cinquième et dernier album studio, Blink-182, album éponyme du groupe californien, nous plonge dans un univers d’une profondeur, tant musicale que textuelle, jamais atteinte par le groupe. On oserait presque parler de l’album de la maturité. On sent ici l’influence des différents side projects des membres du groupe : Box Car Racer pour Tom DeLonge (chant/guitare) et Travis Braker (batterie) ; Transplants pour Barker décidément bien occupé. On a souvent reproché au groupe ses paroles insipides et sa musicalité pas toujours des plus rigoureuses. Mais Blink n’a jamais prétendu être un groupe aux compositions complexes. Avec cet album, ils le pourraient pourtant.
Tout commence avec le single « Feeling This » dont les paroles évoquent deux aspects de la sexualité : l’avidité et le romantisme. Tout un programme… Second single, « I Miss You » nous propose une balade dont la voix du bassiste, douce et grave à la fois, nous enchante. Les flots de guitare et les sombres effets sonores nous ensorcèlent. Plus décalée, notamment dans les rythmes, « Violence », nous invite à nous lâcher dans un moment d’extase sur le refrain.
« Stockholm Syndrome » commence avec une lettre envoyée par le grand-père de Mark Hoppus (basse) pendant la seconde guerre mondiale. Le rythme s’accélère et c’est l’explosion avec la voix de DeLonge puis l’apaisement avec celle d’Hoppus ; une chanson mythique. « The Fallen Interlude », véritable OVNI du disque, nous plonge dans une atmosphère dub quasi exclusivement instrumentale. Cette septième chanson nous démontre le talent incommensurable du batteur ; succulent… Du tout au tout, « Go », typiquement « blinkienne » nous fait repartir sur les chapeaux de roue avec un Hoppus et un DeLonge survoltés !
Nouveau coup d’arrêt. Une musique apaisante pointe le bout de son nez. C’est « Asthenia » qui commence. Puis la voix de DeLOnge retentit et c’est le refrain qui finit par démarrer : « Should I go back, Should I go back, should I ? ». On a dès lors envie de lui répondre : « Non, reste avec nous ! ». « Easy Target » raconte ensuite l’histoire d’un ami du groupe humilié par des filles (sujet apparemment récurrent chez nos trois californiens). La chanson freine et enchaîne sur le chef d’œuvre de l’album : « All Of This » avec en guest Robert Smith de The Cure. Duo merveilleux sur la même mélodie que la chanson précédente mais qui est cette fois ralentie. « I’m Lost Without You » nous achève avec son piano et sa voix romantique qui nous susurre ses mots doux. Notons enfin un titre live (« Anthem Part Two ») enregistré à Chicago qui nous prouve ô combien le groupe a changé depuis son précédent album (Take Off Your Pants and Jacket).
Décidément, Blink-182 nous surprendra toujours, s’immisçant là où on l’attend le moins pour nous pondre leur American Idiot avant l’heure. Preuve que le trio de San Diego n’est pas dénué de talent et que les blagues potaches, même si elles n’ont pas complètement disparu, peuvent laisser place à un art que l’on appelle la musique…
Blink est mort, vive Blink !
.: Tracklist :.
01. Feeling This
02. Obvious
03. I Miss You
04. Violence
05. Stockholm Syndrome
06. Down
07. The Fallen Interlude
08. Go
09. Asthenia
10. Always
11. Easy Target
12. All Of This
13. Here's Your Letter
14. I'm Lost Without You
15. Anthem Part Two (Live)