Voilà plus de 10 ans que l'association Artsonic organise son festival chaque été. En quelques années celui-ci a réussi à prendre de l'ampleur grâce à une programmation majoritairement composée d'artistes indépendants. Durant cette onzième édition vont se côtoyer une vingtaine de formations d'horizons musicaux différents.
Plus de 7000 festivaliers sont attendus cette année alors qu'un nouveau site a été choisi. Plus conviviale, l'enceinte du festival est moins étendue que l'année précédente et un véritable d'organisation a été effectué concernant le parking. Les scènes sont plus proches les unes des autres mais les festivaliers ne se marchent pas sur les pieds pour autant. Le village associatif reste quant à lui à l'extérieur, face à l'entrée …
L'honneur d'allumer les amplis est donné à The Craftmen Club, jeune formation que vous aurez pu voir aux Transmusicales de Rennes, aux Vieilles Charrues ou au Printemps de Bourges. Les bretons se jouent de leur étiquette rock'n'roll et nous dévoilent quelques mélodies électroniques plutôt bien trouvées. Je porterais pourtant toute mon attention sur Guérilla Poubelle. Ce jeune combo issu des cendres du trio lycéen Les Betteraves, joue aujourd'hui sur la grande scène et va se livrer à un véritable jeu de provocation en cultivant le mauvais esprit. En effet, le groupe « punk » ne souhaitait pas jouer sur la grande scène et va donc le faire comprendre au public venu le soutenir. Blagues de mauvais goût, déferlantes de buzz et de coupures volontaires particulièrement inopportunes vont marquer la fin de ce concert qui se clôturera par le titre phare « Demain il pleut ». Guérilla Poubelle nous montre une autre personnalité, à l'opposé des textes sombres de leur album : on découvre un groupe enjoué, heureux d'être sur scène.
Récemment immigrés à Paris, les Hushpuppies, perpignanais d'origine, vont tenter de séduire la petite foule qui s'amasse devant la scène B. Leur single « You're gonna say Yeah » reste le titre le plus attendu de leur registre malgré de très belles compositions extraites de leur album « The Trap ». On retiendra notamment « 1975 » ou « Pale blue Eyes » qui tiennent autant de la pop que d'un rock nerveux et abrasif. L'arrogance et la désinvolture de ce groupe surprennent au premier abord mais une fois décomplexé, le concert s'enflamme efficacement.
Les rythmes chaleureux et festifs de Mouss et Hakim, les deux frères anciens leaders de Zebda, ne réussiront pas à éloigner les nuages menaçants. Entamant leur set en récitant l'alphabet arabe, ils vont faire planer un vent de bonheur sur Briouze. Gojira se livrera à une démonstration de puissance et de technicité. Les compositions sont très bien interprétées et on comprend vite comment ce groupe a réussi à séduire la scène métal. Les riffs sont vifs, la batterie apocalyptique et une fois lancé, l'ensemble prend une tournure de machine inébranlable.
Pierpoljack distillera ses bonnes vibrations les bras grands ouverts face à un public venu en masse pour l'applaudir. Après un long passage à vide, l'artiste nous dévoile les compositions de son cinquième album « Je blesserai personne », bien loin du reggae auquel nous étions habitué avec son single éponyme. Déambulant sur le front de scène, agitant un drapeau ou haranguant la foule, Pierpoljack nous offre un set énergique et captivant malgré quelques soucis techniques dus à la pluie. En effet, les changements de micro s'effectuent quasiment à chaque fin de morceau !
Sur la petite scène succédera Birdy Nam Nam, formation bidouilleuse d'une grande originalité composée de Dj Pone (Triptik, les Svinkels…), Dj Need, Little Mike et Crazy B (Alliance Ethnik). L'agilité des DJ est stupéfiante et les sessions de scratchs démontrent toute la technicité des compositions. L'improvisation donnée à la fin du set nous laissera bouche bée. Après cela, le concert phénoménal des Skatalites sur la grande scène nous paraîtra presque fade.
Les papys ne semblent jamais avoir quitté la scène malgré leur grand âge. Les mélodies de « Freedom Sound », « Rock Fort Rock » ou « James Bond » résonneront dans nos oreilles jusqu'au lendemain. Malgré l'absence de Lloyd Brevett, mythique contrebassiste, les Skatalites possède toujours une formation exceptionnelle. Aux membres originels que son Lloyd Knibb, Doreen Shaffer et Lester "Ska" Sterling sont venus se greffer récemment Val Douglas (basse), Vincent "Don Drummond Jr" Gordon et Karl "Cannonball" Bryan. Les titres sont interprétés à la perfection avec la même ferveur que par le passé. Comme à chaque passage des Skatalites sur une scène, ce concert restera mythique !
A 2h du matin passé, les plus courageux poursuivront la soirée sous le chapiteau électro. Les plus alcoolisés retourneront à la tente ! Le lendemain, deux jeunes formations auront la lourde tâche d'assurer l'ouverture du festival. Noïd, avec une musique hybride alliant la mélodie du rock et la puissance du métal nous livrera un set agréable sous le soleil. R2jeux proposera un set beaucoup plus intéressant grâce à des compositions plus variées. La formation se compose d'Alan à la basse et de Tony aux machines et évolue entre electro et dub. Certains passages sont down tempo et empruntent quelques beats au hip hop. La formation nous rappelle High Tone avec un côté plus minimaliste et abordable grâce à un travail d'ambiance très abouti. La claque assurée pour tous ceux qui ne connaissent pas ce groupe !
Ce samedi officiera dans un registre nettement plus punk que la veille avec la venue de Condkoi, La Souris Déglinguée et No Relax. Condkoï, groupe « controversé », assurera un set d'une énergie impressionnante. Sautant à tout va, le bassiste et le guitariste vont imposer un rythme effréné au concert en net contraste avec Deus, groupe suivant sur la grande scène. La pop des Belges nous bourre le crâne de mélodies tantôt calmes et tantôt furieuses.
La furie viendra quelques minutes plus tard avec Black Bomb A. Les parisiens devenus en partis lillois vont nous assener une grosse dose de métal hardcore assortie d'une séance de baffes. Voici ce qu'on appelle un concert énergique ! Avec deux chanteurs et une réelle envie d'en découdre, Black Bomb A va rendre la fosse invivable. L'enthousiasme du public sera décuplé lorsque que le groupe interprétera 3 nouvelles compositions issues du prochain album prévu pour le mois d'octobre.
Plus tard dans la soirée, ce sera Marcel et son orchestre qui mettra une nouvelle fois le feu dans le bocage Normand. Marcel reste Marcel. Avec cette fougue juvénile, les boulonnais pourtant grisonnants vont déchaîner les lions tapis dans la fosse grâce à des aux rituels de chaque tournée (comme sur « La fée Depovga »). Les titres très punks comme « Ma sœur », « Comme un balai » ou « Médiseuse » trouvent toujours leur place dans une setlist devenue plus homogène avec le dernier album « Un pour tous, chacun ma gueule ». Marcel ne déçoit pas … il nous aura même convaincu !
Dernier concert de la soirée avant la nuit electro : High Tone et son dub hors normes. Sur fond de projections de séquences vidéos et d'effets de lumières travaillés, les cinq lyonnais en auront mis plus d'un à terre. Entre electro, musique ethnique et dub, High Tone se joue de tous les clichés et impose un son qui leur est propre. Une musique « d'extraterrestres » qui nous aura séduit par sa fraîcheur et qui nous aura transporté dans une autre dimension durant un instant… Ces lyonnais s'imposent comme les apôtres du dub à la française.
Au final, on gardera un souvenir mémorable de ce festival avec des prestations de grande qualité. Sans aucun doute, on y retournera l'année prochaine !
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