Vagina avait déjà livré mi-2006 une première démo sous le nom Made In Silence. Probablement peu satisfait de cette expérience quelques mois plus tard, le trio ré-enregistre de nouveaux afin d’obtenir quatre compositions studios plus représentatives de ses capacités. Une série de morceaux livrés en guise d’avant-goût puisque celles-ci devraient également trouver leur place dans la track-list d’un album qui ne saurait tarder.
Comme l’atteste son nom résolument anti-commercial, Vagina se présente avant-tout comme un projet mené par une profonde passion pour la musique plutôt que par une quelconque envie d’en faire véritablement une source de financement. Car la musique de Vagina se montre sombre et d’une relative difficulté d’accès, mais demeure par ailleurs incontestablement riche et d’une qualité exceptionnelle pour une auto-production issue de l’imaginaire d’une encore jeune formation. L’aspect le plus difficile à aborder reste le chant, étrange, aérien et changeant. Partagé entre les trois membres de Vagina, celui-ci s’oriente dans toutes les directions, sans respecter aucun schéma conventionnel ni règle dictée par la suprématie des ondes radiophoniques. Le trio suit ses envies avant tout, n’hésitant pas à dépouiller ses tessitures électrifiées et virevoltantes de la présence des voix, rejoignant par ce choix les rares groupes capables d’évoluer dignement dans les sillages mystiques et enivrants de surdoués comme Isis, Tool, Porcupine Tree voire Khoma. Pour autant et malgré la profonde portée de ses paroles désespérées, le chant dans Vagina ne flirte jamais avec la hargne arrachée, les trois musiciens n’usant quasiment à aucun moment de hurlements arrachés afin de préférer des tirades en chant clair habitées par les désillusions que l’on imagine multiples (« Désolation »).
Les modèles de Vagina ayant tous optés pour l’anglais, il reste de plus relativement surprenant d’avoir à faire à une formation qui opte enfin pour un Français intelligemment utilisé et dont la quasi-intégralité des dires restent compréhensibles sans avoir à suivre sur papier. Une qualité indiscutable et rare, même si l’on devine les ravages dont pourrait se rendre coupable ce trio avec des moyens plus conséquents. Niveau instrumentations, les trois Français posent sur bandes leurs sentiments avec la même liberté artistique. Tantôt langoureuses et aériennes, tantôt saturées et chaotiques, les ossatures de ces quatre compositions reflètent au mieux le ressenti actuel des trois musiciens. Vagina passe sans retenue du calme à la tempête, conservant néanmoins une sensation oppressante sur ces longues expérimentions vallonées. Chaque instrument y trouve sa place, la production détachant chaque composante à merveille pour un son d’une relative clarté.
Inspiré, revendicatif et ténébreux, Made In Silence est un premier essai marqué. Espérons que les futurs travaux de Vagina sauront conserver la même intensité.
.: Tracklist :.
01. Manipuler
02. Désolation
03. Sanguinarium
04. Skyso