Curieux backgrounds musicaux que ceux des deux membres fondateurs de To-Mera, la vocaliste Julie Kiss provenant du milieu progressif alors que le bassiste Lee Barrett officiait auparavant chez Extreme Noise Terror, obscur groupe de grind. La rencontre de tels éléments, secondés par Tom MacLean à la guitare, Paul Westwood à la batterie et Hugo Sheppard aux claviers, ne pouvait donner naissance qu'à un album étonnant, et c'est bien le mot qui pourrait le mieux qualifier ce Transcendental.
C'est donc sans surprise que les huit morceaux composant ce premier essai s'éloignent radicalement des chantiers battus, se détachant de l'étiquette conventionnelle de groupe metal à voix féminine qu'il aurait semblé judicieux d'attribuer à To-Mera suite à un rapide coup d'œil sur l'artwork de Transcendental. Certes, tout comme chez Within Temptation ou After Forever, l'illustration vocale amenée par l'organe de Julie Kiss reste perchée dans les aigus (« Phantoms », le premier single « Blood ») et ne lorgne à aucun moment vers les grognements rauques proches du male primitif, préférant de loin explorer un registre plus posé, lyrique et de plus fort bien interprété. Cristallin et envoûtant, le chant témoigne d'un spectre large ainsi que d'une maîtrise certaine, expérience acquise au fil des années et des concerts aux cotés de Without Face, et s'adapte parfaitement aux instrumentations rarement superposées à ce genre de voix. Car la comparaison au mouvement précédemment cité ne pourra à aucun moment être établie en ce qui concerne les structures musicales, moins abordables mais par ailleurs nettement plus intéressantes que chez bon nombre de formations actuelles.
Les influences grinds de Barrett ne se manifestent absolument jamais, le quintet explorant des terrains avant tout progressifs, parfois teintés de discrètes touches électroniques (le break synthétique de « Blood ») ou même d'un ambiance jazzy (« Obscure Oblivion »), le tout se voyant néanmoins emballé dans un esprit gothique. Comme tout bon groupe prog, l'utilisation du traditionnel couplet – refrain –couplet n'est que rarement exploitée, les morceaux étendant leurs nombreuses ramifications vers des durées commercialement suicidaires. Les musiciens de To-Mera ne souhaitent pas se ranger dans la simplicité, privilégiant les multiples cassures rythmiques et variations d'ambiances un poil déroutantes (les neuf minutes de l'excellent « Realm Of Dreams »). Les influences se multiplient presque aussi vite que les parties instrumentales (l'utisation de cordes et de cuivres sur « Dreadul Angel », le piano d'inspiration classique exploité durant « Parfum ») et se mêlent à des tirades de guitares parfois heavy et lourdes ainsi qu'à des breaks de batterie appuyés, ce qui n'aidera sûrement pas à rendre Transcendental plus accessible.
La complexité de ce premier essai l'éloigne donc du grand public. To-Mera reste néanmoins un projet intéressant, à découvrir afin d'explorer des horizons moins académiques que ceux aujourd'hui proposés par les formations gothiques à voix féminines.
.: Tracklist :.
01. Traces
02. Blood
03. Dreadful Angel
04. Phantoms
05. Born Of Ashes
06. Parfum
07. Obscure Oblivion
08. Realm Of Dreams